Ce vendredi 19 juillet 2019 restera à coup sûr gravé dans la mémoire des Sénégalais. En bien ou en mal ! Nous nous coucherons ce soir avec la joie qui accompagne le triomphe. Ou alors, avec la mauvaise gueule de bois des jours sombres. Nos valeureux gaïndé ont assuré jusque-là. Bien vrai qu’ils ont trébuché sur une très bonne équipe d’Algérie en phase de poule. C’était un match qu’on aurait pu remporter, mais on l’a perdu.
Ainsi va le football. Quel que soit le dispositif mis en place, quel que soit le niveau d’enthousiasme, d’engagement, la vérité du ballon est souvent aussi obscure que les coups de dés. On peut être les plus forts et perdre. Mais comment rester insensible, quelle que soit notre posture sociale, à cette immense aspiration, ce désir profond de victoire qui bat dans le pouls des Sénégalais, surtout des plus jeunes. Ils sont chômeurs, ouvriers, marchands ambulants, bref, ils ne sont pas les plus dotés par Dame Chance. Mais le football, ce sport créé par les Anglais, a cette force extraordinaire, qu’elle fédère toutes les forces, en même temps qu’il gomme toutes les aspérités sociales. Notre désir est le même, notre rêve partagé, nos joies égales comme nos déceptions.
Qu’on le veuille ou pas, cette formidable machine qu’on voit déjà se décliner en vert, jaune et rouge dans tout le pays, dans les quartiers, cimente bien les amours et balaie d’un revers de ballon, toutes les petites haines qui, malheureusement, font le quotidien de nos vies. Alors vivement que le gaïndé rugisse, ce vendredi. Si fort que la belle clameur qui se propagera dans le pays, après avoir soulevé la Coupe, sème la bonne graine de l’amour pour son prochain et dope notre confiance en l’avenir. Mais comme nous sommes sur un terrain de football, tout reste possible.
La défaite, que nous conjurons de toutes nos forces, peut aussi être notre sort. Si cela devrait être le cas, ne crachons point sur ces valeureux jeunes qui se sont battus, sous la chaleur, en terre hostile, sans la présence massive de supporters sénégalais. Puisse l’esprit de nos ancêtres d’Egypte, tel que “chanté’’ par Cheikh Anta, donner des ailes aux Lions ! En avant !