C’est un jour terrible pour les galonnés de la République, le mercredi. Chez nous, le troisième jour de la semaine est celui de la tenue du Conseil des ministres. Le jour du jugement dernier pour ce particulier personnel de la République qui doit sa fortune aux décrets de nomination du président de la République. Le mercredi, les marabouts se frottent les mains. Certains veulent garder le plus longtemps possible leur juteux poste. D’autres font recours à un trésor d’ingéniosité pour entrer dans les grâces du distributeur des privilèges du palais de l’avenue Roume.
On connaissait la «nuit du décret», explicitement racontée par les écrits saints. Il y a été dit que tout, dans la vie de l’homme, y a été décidé : sa santé, sa longévité, sa fortune, etc. Voilà pourtant que le «jour du décret» bouleverse cette certitude coranique. Ce n’est plus au Bon Dieu qu’il faut plaire, mais au faiseur du bonheur terrestre qui préside le fameux Conseil des ministres. Ce jour-là, la signature présidentielle apposée au bas des décrets de nomination fait et défait des vies. C’est le jour des sourires passe-partout pour les bienheureux nouveaux machins et des rictus navrés pour les malheureux ex-trucs. Quand une vie ne tient qu’à une signature, c’est qu’elle doit être franchement bien courte.