Adama, lorsque nous échangions nos derniers mots dimanche soir, je ne pouvais imaginer qu’ils viendraient te chercher dès le lendemain pour te mettre en prison quelques heures après. Ils sont devenus nerveux, m’avais tu dit. Très nerveux même, t’avais-je répondu.
Nous avions prévu de nous voir à mon retour à Dakar pour parler de pétrole et gaz, de corruption et de pillage, de la justice aux ordres et de la démocratie infantilisee. Nous aurions parlé des nouvelles licences qu’ils envisageraient de céder dès le mois d’octobre à Cape Town. Nouveau bradage de notre pétrole en vue?
Deux semaines avant toi, la même chose était arrivee à Guy Marius Sagna. Il a été kidnappé et détenu arbitrairement en prison. La veille de son arrestation, Guy était avec nous dans deux réunions, avec même le anthousiasme, le même engagement, la même générosité.
Ils vous accusent d’offense à leur chef et d’avoir posé des actes contraires aux bonnes moeurs ainsi que de fausse alerte terroriste.
Ne savent-ils pas qu’il n’y a pas plus grande offense, plus grave atteinte aux bonnes moeurs et plus terroriste qu’un chef qui ne dit pas la vérité à son peuple, qui livre les ressources communes à sa famille et à des étrangers, fait obstacle à la justice et viole la constitution?
Ils croient vous avoir enfermé pour vous réduire au silence. Peine perdue. Vous êtes encore plus audibles dedans que dehors.
Veulent-ils nous intimider? Peine perdue encore.
Faites donc de la place a Rebeuss. D’autres vous rejoindrons. Car nul ne se taira.