L’élite du basket sénégalais est sur la brèche. À Dakar, les féminines reçoivent l’épreuve continentale et espèrent reprendre le sceptre africain aux Nigérianes, championnes en titre et aux Maliennes, leurs deux plus coriaces adversaires.
Ailleurs, en Chine, les hommes vont se mesurer à la crème mondiale. Il y sera question de montrer que l’écart qui sépare les lions du gratin s’est amenuisé. Le basket sénégalais pioche, il fait du surplace, il a besoin d’un nouveau souffle. Et cela n’est possible qu’avec de l’ambition et des moyens. L’ambition s’adosse sur une vision de ceux qui ont accepté de diriger le basket. Quant aux moyens, il faut les attirer par de bons résultats. Le basket sénégalais ne possède pas de titre majeur. De bons résultats, il ne peut les avoir qu’avec son élite. Les garçons sont à la traîne,
De l’indépendance à 1997, en quarante ans, le Sénégal a été cinq fois champion d’Afrique mais pour ces deux dernières décennies, c’est zéro titre. Passé brillant, présent déclinant. Le legs a été dilapidé, ceux qui ont posé les fondements et qui sont encore de ce monde doivent avoir mal. Comme le foot, le basket compte sur l’étranger pour composer les sélections de l’élite. Au moins le foot joue le CHAN, le basket lui n’a pas participé à la première édition de ce genre, l’Afro CAN. C’est dire qu’au plan local, l’on a du mal à lever une sélection nationale même si la raison donnée est le grand nombre de compétitions jouées par les autres sélections. On ne parle plus des clubs en Afrique, le Sénégal ne joue plus les compétitions continentales dont il était parmi les pionniers.
Le Dial Diop, l’ASFA, la Police, la JA chez les hommes et Bopp et le DUC faisaient la fierté de la représentation nationale à ce niveau. L’alibi est l’absence de moyens, sur ce plan, le Mali n’est pas mieux loti que le Sénégal. C’est l’imagination des responsables de nos voisins qui fait certainement la différence. Une saine ambition est de replacer le basket sur une pente victorieuse. On n’en prend pas assurément le chemin avec la façon dont on s’est comporté avec l’équipe masculine et Abdourahmane Ndiaye Adidas.
A un mois de la Coupe du monde, on tourne en rond sur place. L’entraîneur qui a qualifié l’équipe vient d’être remercié sans ménagement et sans “teranga”. On lui reprocherait sa forte personnalité. Il est vrai que chez nous faire du béni oui oui paie dans certains cercles. Adidas n’est sans doute pas de cette catégorie. Dans son domaine, il est compétent, le joueur a été un talent précoce. C’est à 18 ans qu’il a été champion d’Afrique, en 1972, ici à Dakar, Il y a quarante-sept ans…Ce qui n’est pas loin de l’âge de ceux qui ont voulu l’humilier. Le “meilleur basketteur sénégalais du cinquantenaire “(1960-2010) est un bon coach, il l’a prouvé en réalisant des résultats dignes d’intérêt en France et ici. Si ceux qui avaient fait appel à lui nourrissaient les mêmes ambitions pour notre basket, on pourrait entrevoir un retour au premier plan des Lions dans un avenir proche. En réponse à son ambition, c’est un manque de respect qu’on lui oppose.
Proposer un contrat inconsistant où il n’est rémunéré que lorsque la sélection se produit peut passer s’il l’accepte ; mais décréter qu’il n’a pas droit à la parole en public c’est mal le connaître. ”Coache et tais-toi”, lui dit-on. Comme si les problèmes des hommes et du collectif qu’il conduit ne doivent pas le faire réagir. Parce que, à la veille justement des matches de qualification en coupe du monde, il s’était plaint des conditions de travail déplorables de la sélection. Le problème est que l’homme doublé du technicien est d’une rigueur professionnelle qui n’accepte pas les compromissions. On cherche en vain dans la communication de la Fédération une raison qui fonde la non reconduction du contrat d’Adidas. On lui avait demandé des résultats, il les a réussis notamment en qualifiant l’équipe pour la Coupe du monde. Au lieu de récompenser cela, l’on a joué la montre pour le décourager et le conduire peut-être à démissionner. Et n’ayant pas obtenu cela, on a brandi des justifications qui ne tiennent pas la route à la veille où il devait entamer la préparation.
Notre basket comme d’ailleurs d’autres disciplines donne le sentiment aux observateurs avertis qu’il est entre des mains certes reposant sur une certaine légitimité qu’on ne conteste pas mais qui se révèlent finalement sans véritable dessein. Ceux qui ont “mouillé le maillot “et se sont mis après sur la touche doivent certainement s’interroger sur la façon dont sont dirigées certaines disciplines sportives dans ce pays. Ils ont leur part de responsabilité même si rien ne prouve qu’ils seraient plus inspirés. La nature a horreur du vide…