« Quand les nazis sont venus chercher les communistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste.
Quand ils ont enfermé les sociaux-démocrates, je n’ai rien dit, je n’étais pas social-démocrate.
Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste.
Quand ils sont venus me chercher, il ne restait plus personne pour protester. »
Pasteur Martin Niemöller (1892–1984)
Aucune outrance, ne fût-t-elle que verbale, n’est admissible. Les langues humaines sont suffisamment élaborées pour rendre intelligibles les pensées et les opinions les plus complexes sans excès ni démesure. « Tout ce qui est excessif devient insignifiant », dit-on. Je le conçois. Dans tous les sens du terme.
Une des phrases des prières catholiques qui m’inspire demande à Dieu : « Pardonne nous nos offenses comme nous les pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés… »
Au lendemain de la célébration, encore multiple, de la fête de Tabaski dans notre pays, l’ambiance devrait être au pardon et à la réconciliation, pour qui mesure avec hauteur la dimension du sacrifice d’Abraham et de son fils Ismaël, résolus à payer le prix fort pour plaire à Allah. Plaire à Allah ! le Seul horizon digne de tous les sacrifices et de tous les compromis. C’est sous ce rapport que je presse les élites du monde temporel, dans notre pays, de réfléchir et de s’évaluer.
Concrètement, je ne vois pas le président de la République fréquentant assidûment les réseaux sociaux au point de se sentir « offensé » par des posts ou des commentaires désobligeants. Je vois plutôt des zélateurs empressés, noircir le tableau pour solder des comptes qu’ils n’ont pu achever en direct sur les foras d’internet. J’entends des murmures acides à l’oreille du prince, des BR (bulletins de renseignements) commandités et fabriqués sur mesure pour faire embastiller tel ou tel. Je vois mon pays qui s’enlise dans des polémiques stériles qui l’éloignent du traitement indiqué face aux énormes défis qui l’assaillent.
Sachons tourner les pages sans issue !
Alors je m’adresse au chef de l’État. Solennellement. Il est le président d’une République dont certains soutiennent sans conditions sa politique. Et d’autres qui s’y opposent. Fermement. Avec la dignité que leur confère la Constitution. Le président de la République ne doit pas, pour rester digne de sa fonction, préférer les uns aux autres. Même si cela peut paraître une vue de l’esprit, cela convoque la dimension spirituelle de l’exercice du Pouvoir temporel, dérivation subtile du Pouvoir Divin…Et si Dieu s’acharnait sur tous ceux qui nient jusqu’à son existence ou désobéissent à ses prescriptions ?
Revenons sur terre…
Je lance donc un appel pressant à l’apaisement. Et d’abord à la modération du langage dans le débat public, notamment lorsqu’il tend à dériver dans la sphère de la vie privée.
Je lance ensuite un appel au chef de l’État afin qu’il prenne de la hauteur et tempère les ardeurs de ceux qui, autour de lui, pensent que la force est une modalité de castration des intelligences. Des cours d’Histoire devraient contribuer à leur changer les idées.
En ce début de millénaire, l’Afrique a plus besoin de s’inventer un Nouveau destin autour d’un Grand dessein.
Le Sénégal doit y contribuer par la diversité et la fécondité des intelligences de ses enfants. La libération de ses énergies créatrices. Nous ne pouvons pas être d’accord sur tout. Mais l’essentiel, l’Honneur de notre race, la prospérité de notre pays et de ses habitants, la valorisation de nos ressources humaines et naturelles, nous attend.
Et il y a urgence à prendre la pleine mesure des véritables enjeux de l’heure. Tous. Ensemble.