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Dakar : Une Poubelle Pour Tous ?

Dakar : Une Poubelle Pour Tous ?

Toutes les villes ne se ressemblent pas : Dakar n’est pas une poubelle…

Dakar est une presqu’île, mais tous les géologues savent que Dakar, comme Gorée, était autrefois une île…

Osons une hypothèse scientifique : Dakar redeviendra une île dans les ères futures, car les siècles seront dépassés…

Les îles comme les presqu’îles sont des œuvres de beauté pure que nul déchet, quelle que soit leur forme, gazeuse, liquide ou solide ne saurait recouvrir indéfiniment.

Il était une fois Dakar, il était une fois une ville propre qui brillait au soleil…

«Le soleil riait dans ma case et mes femmes étaient belles et souples…», (David Mandessi Diop)

J’ai quitté la Sicap Fann Hock avant ma naissance – en 1955 – et lorsque je revenais, étant jeune, dans ce quartier adossé à la mer – un ancien quartier de pêcheurs lébous – un panneau métallique, planté à l’entrée de la Sicap Fann Hock, attirait toujours mon attention ; on pouvait lire sur ce panneau : «Cette cité est la vôtre, soyez aimables de la tenir propre…»

J’ai retrouvé ce panneau métallique à l’entrée de la Sicap Baobabs – j’avais appris à lire dans le syllabaire à l’école St Pierre – exactement le même panneau qui se trouvait à la Sicap Fann Hock…

C’était un message fort et élégant adressé aux résidents des Sicap Fann Hock et Baobabs.

Ces deux panneaux ont disparu, et ces deux quartiers, Baobabs et Fann Hock, comme tant d’autres, Liberté, Dieupeul, Karack, Amitié, ne ressemblent plus – loin s’en faut – aux quartiers où j’ai grandi et beaucoup joué au foot pendant les vacances scolaires.

Des Jeux olympiques étaient aussi organisés par nos aînés (Atab Coly, Benga Lémou) aussi étonnant que cela puisse paraître, avec pratiquement toutes les disciplines olympiques ; ma pratique de l’athlétisme a des origines lointaines et je ne suis pas le seul dans ce cas-là…

Où commence la propreté ?

La propreté commence en soi, la propreté commence sur soi, la propreté c’est d’abord et surtout l’amour de soi, le respect de soi, le respect de son environnement, le respect de l’autre, de l’environnement qui nous constitue, l’environnement qui nous prolonge…

La propreté doit être partout : dans nos bureaux, dans nos voitures, dans nos maisons, sur nos terrasses – lorsqu’elles existent – dans nos hôpitaux, sur nos trottoirs, dans nos immeubles, dans nos écoles, dans nos universités, dans nos instituts, dans nos habitats de toute nature, dans nos cuisines aussi…

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Nous avons proposé, mes amis et moi de l’Association «les Amis du baobab» – le Lab- au recteur de l’Université Cheikh Anta Diop, de prendre en charge, symboliquement, la gestion des baobabs de cette université avec les étudiants, les membres du corps professoral, les travailleurs, pour les recenser dans un premier temps et les protéger dans un deuxième temps avec le concours, toujours actif, de la direction des Eaux et forêts.

Nous visions un objectif : réconcilier l’Université Cheikh Anta Diop avec ses nombreux baobabs qui appartiennent à notre «patrimoine végétal», créer des espaces de détente identiques à celui que Monsieur le ministre Abdoulaye Diouf Sarr a su créer lorsqu’il était directeur du Coud autour du «Baobab du savoir» qui fait face à la direction du Coud et qui demeure, à nos yeux, le modèle à dupliquer autour de nos baobabs séculaires dans la ville de Dakar, entre autres villes du Sénégal.

Le recteur de l’Université Cheikh Anta Diop n’a pas encore accédé à notre demande citoyenne et nous sommes toujours dans l’attente de sa réponse à notre correspondance.

J’ai grandi entre les Sicap Baobab et Liberté et je me souviens avec tous mes amis d’enfance que les rues de nos quartiers étaient nettoyées tôt le matin par des hommes courageux qui accomplissaient leurs tâches avec une rare conscience et que nous respections ; leur travail était contrôlé tous les matins par un inspecteur – originaire des Iles du Cap Vert – qui sillonnait, à une heure précise, les rues du quartier en vélomoteur avec sa casquette bien fixée sur sa tête ; il était également très respecté.

La collecte des déchets était organisée et nous avons encore en mémoire tous les points de collecte de nos quartiers ; nous les connaissions sur les bouts des doigts comme nos leçons que nous apprenions à l’école pour réussir dans la vie.

Je suis arrivé à l’âge de quinze ans dans une ville européenne – Bonn – dont la propreté et la discipline – le respect des feux tricolores par les piétons et les automobilistes – m’avaient séduit et impressionné et je me souviens toujours des rues propres de Bonn, à proximité de l’Université de Bonn où étudia le grand philosophe et économiste du 19ème siècle, le grand penseur, Karl Marx, dont les thèses sont toujours actuelles.

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Je me souviens aussi de la très grande propreté de Niederbachem près de Bad Godesberg en Allemagne où je résidais avec mon oncle, diplomate sénégalais à Bonn, l’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire, Charles Delgado Freire.

J’ai compris très tôt, après avoir côtoyé la propreté dans les quartiers de la banlieue dakaroise où j’habitais et après avoir découvert les grandes villes européennes, Bonn, Paris, Bruxelles, mais encore et surtout Cologne et Düsseldorf, que la propreté était aussi une affaire d’éducation, de civisme, d’organisation et de moyens…

J’ai lu, ce matin même (Hier vendredi. Ndlr), une contribution très riche d’un géographe environnementaliste sénégalais dans un quotidien de la place qui rappelait tous les Codes qui existent au Sénégal : Code de l’hygiène, Code de l’urbanisme, Code de l’environnement, Code de l’assainissement, Code de l’eau, Code de la construction, etc.

Les hommes existent dans notre pays pour «appliquer les textes et règlements» et pourtant le constat est là : nos villes ont un problème sérieux avec l’ordre et la propreté…

Nos villes sont belles dans leur configuration géographique et leur structuration urbaine initiale : Dakar, Rufisque, Mbour, Thiès, Kaolack, Tambacounda, Ziguinchor et pourtant elles ne brillent plus comme autrefois et elles croulent, dans leurs artères vives, sous les immondices et autres déchets…

Mes amis du «Kilomètre 18» savent que nous appliquions à l’époque, dans l’entreprise que nous servions ensemble, le standard «d’ordre et de propreté» et que la propreté et la bonne tenue des bureaux de l’entreprise étaient notées…

«Que faire ?» pour citer le titre d’un ouvrage célèbre de Vladimir Ilitch Oulianov…(Lénine)

J’ai proposé aux responsables de la commune Fann, Point E, Amitié – ma commune de naissance et de résidence – de rendre la rue 59 piétonne un dimanche par mois – pour commencer – et de la livrer aux artistes du quartier de Fann Hock – ils sont nombreux – afin qu’ils viennent y exposer leurs œuvres et rencontrer les visiteurs et autres touristes de passage dans notre beau pays ; ainsi la rue 59 sera prise en charge et «remise aux normes» de propreté et elle sera enfin désencombrée ; elle pourra servir de modèle et «petit à petit l’oiseau fera son nid» (Hock d’où le quartier tire son nom est, semble-t-il, le nom d’un oiseau…)

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L’Ucg (Unité de coordination de la gestion des déchets solides) accomplit au quotidien sa mission dans la ville de Dakar, mais elle est difficile ; je les vois travailler «sans gants et sans masque» en restant exposés aux risques divers et je salue le courage de ces travailleurs comme je saluais autrefois celui des travailleurs des Sicap Baobabs et Liberté…

Je salue toujours les travailleurs avec respect et considération.

Les jardins – les petits poumons verts – ont presque tous disparu de nos quartiers ; certains ont été conservés et réhabilités ; tous les jardins devraient être réhabilités et entretenus, car il s’agit bien d’espaces où enfants et adultes peuvent trouver à s’exprimer, en toute liberté, en respectant celle des autres.

Dakar : une poubelle pour tous ?

La question est à facettes multiples comme celle que posait autrefois le fameux Sphinx qui se trouvait à l’entrée de la ville de Thèbes.

Choisissons ensemble la facette qui réponde idéalement à notre préoccupation : il faut «multiplier les poubelles» dans les quartiers, dans un premier temps, et alors le premier pas vers le «zéro déchet» sera accompli…

Je prends l’engagement citoyen de me rendre dans les écoles des «sept quartiers» de ma commune, la commune Fann/Point E/Amitié dirigée par Monsieur le maire Palla Samb, et de participer, aux côtés de l’équipe municipale, à la sensibilisation des élèves des classes du Cm2 aux questions relatives à la propreté, à l’hygiène et d’échanger avec eux sans jamais négliger ou sous-estimer le travail réalisé par les instituteurs et institutrices, cette race d’hommes et de femmes que je respecte au plus haut point, ces «faiseurs de destin»…

Mon histoire, réelle, peut être racontée sur le même ton, mais avec des mots différents par tous ceux et celles qui ont vécu et grandi dans les Sicap d’autrefois, toutes les Sicap…

«Tout un homme, fait de tous les hommes et qui les vaut tous et que vaut n’importe qui…» : osons citer le grand philosophe existentialiste français, Jean-Paul Sartre.

Toutes les villes ne se ressemblent pas : Dakar, notre capitale, est une belle ville de l’Afrique de l’Ouest…

Jean-Michel SECK

Sicap Fann Hock

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