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Dialogue D’hier, D’aujourd’hui Et De Demain

Dialogue D’hier, D’aujourd’hui Et De Demain

Que signifie dialoguer ? Deux pistes sont proposées à partir du grec. Dia/logos : c’est-à-dire à travers (dia) la discussion (logos, les échanges), se frayer un chemin vers la vérité, vers un consensus. C’est la méthode socratique, la maïeutique qui aide à accoucher de bonnes idées.

Duo (deux personnes au minimum), deux groupes engagent la discussion, échangent des propos, des analyses, des croyances pour exprimer leurs identités, leurs perceptions vis-à-vis  face à leurs interlocuteurs directs ou indirects.

Je préfère la première proposition, même s’il faut reconnaître que la seconde permet de prendre au sérieux le jeu des acteurs. Le dialogue, voire le choc peut-être plus complexe, peut concerner trois (3) acteurs, trois groupes, voire plus, au lieu de deux.

Du reste le génie humain passe par la main, le cerveau ; la langue permet d’apporter des nuances et des précisions : en français on peut insister sur les Assises, Concertations, Conclaves, etc. ; en wolof le waxtaan indique bien l’exercice qui aboutit à des choix, des consensus (wax + tànn), le pencóo indique un lieu, espace donc d’élargissement de la gamme des participants et leur légitimité, le diisóo indique l’enjeu capital et régulier de la pratique, etc. 

Le dialogue politique, social, économique et culturel continue d’être invoqué par beaucoup de citoyens et de leaders  comme condition sine qua non pour la paix sociale  et le développement durable. Pourquoi cet exercice consubstantiel à la vie en société avec des phases de confrontation parfois pose quelques problèmes ?

Naguère

Les Assises Nationales, auxquelles d’importantes franges  et composantes, des forces vives de la Nation ont pris part, ont retenu, après avoir échangé sur la gouvernance politique, économique et sociale :

  •       de favoriser le dialogue social et le consensus entre les acteurs sociaux comme mode de prévention et de règlement des conflits et d’élaboration des politiques de développement,
  •       d’œuvrer à l’avènement de la paix et de la concorde en Casamance. A cet effet, il s’agit de mobiliser toutes les régions afin d’en faire la priorité nationale et de promouvoir une large concertation permettant de définir une approche inclusive culturelle, politique et socio-économique (Charte de la bonne gouvernance, p.9)

Dans son programme de gouvernement, le professeur Ibrahima Fall a fait de la charte sociopolitique consensuelle la porte d’entrée. Mieux il a recommandé au point 42 « d’adopter et d’appliquer de manière consensuelle une nouvelle politique agricole fondée sur le partenariat avec les organismes paysans représentatifs et ayant entre autres objectifs : l’autosuffisance et la sécurité alimentaires fondées sur l’encadrement des paysans, la juste rémunération des efforts des producteurs, l’assainissement des circuits de distribution et commercialisation, la fourniture à temps des semences et d’intrants de qualité ».

Les citoyens et les observateurs lucides constatent que la politique actuelle menée par le gouvernement de la seconde alternance post coloniale est loin des orientations ci-dessus indiquées, comme le constate du reste le premier rapport du groupe de travail et de suivi (GTS) des Assises Nationales.

Ainsi concernant la Casamance, même si des signes de décrispation sont notées avec la libération par le MFDC de soldats prisonniers, ce qu’il faut saluer et renforcer, force est de reconnaître qu’on n’est pas encore  allé à un niveau de réconciliation satisfaisante et durable. Il est utile de rappeler aux citoyens et aux autorités que l’axe fondamental de la contribution des Assises Nationales consiste à organiser de véritables concertations à ce sujet à l’échelle nationale. Ce conflit ne peut être réglé sans le désenclavement effectif et multiforme de la Casamance, sans une bonne articulation entre décentralisation et intégration nationale sous régionale et sans la paix et la stabilité dans les pays limitrophes. 

Concernant les autres dimensions de dialogue social, le GTS des Assises Nationales souligne que ce « dialogue est toujours en panne et demeure théorique, même si les autorités continuent de rencontrer les mouvements sociaux chaque fois qu’il y a des menaces sur un secteur déterminé ». Le résultat d’un tel état de fait est que beaucoup de secteurs de la vie nationale sont paralysés et la désillusion et le découragement commencent à gagner de larges couches de la population. Les luttes syndicales reprennent vigueur et parfois les conflits entre les travailleurs eux-mêmes et entre les populations elles-mêmes sont exacerbés.

Quant au dialogue politique, le GTS n’a pas manqué de suggérer que tous les partis politiques, de l’opposition comme de la majorité devraient, dans la perspective des locales de 2014, parvenir au consensus de réformer le code électoral pour en finir avec les violations récurrentes des normes démocratiques. Les partis gagneraient à rompre avec l’esprit de positionnement partisan sur les questions fondamentales de démocratie républicaine et combattre les dérives antirépublicaines d’où qu’elles puissent provenir. C’est ainsi qu’ils pourront contribuer au renforcement de la démocratie ».

Il est donc temps que le gouvernement actuel se ressaisisse pour donner le bon exemple en mettant fin à ses pratiques de décisions unilatérales sans expérimentation ou concertation avec les principaux acteurs concernés, en s’inspirant plutôt des démarches de bonnes pratiques en œuvre dans certains secteurs. 

Il faut se convaincre que le bon partenariat est fait à la fois d’échanges d’informations, de concertations dans les démarches pratiques. Une telle approche « permet d’arrimer  sur le long cours des moyens inattendus et de révéler des soutiens exceptionnels » (Cheikh Tijaan Sow, Plus on en parle moins on en fait, Editions La Cause du Poulailler, 2012 pp.95-96). Tout espoir n’est donc pas perdu pour une reprise et un enracinement durables de dialogue citoyen, social, politique, sécuritaire et spirituel  au Sénégal. 

Pour ce faire le gouvernement et la coalition au pouvoir doivent donner le bon exemple, l’Assemblée Nationale doit jouer  son véritable rôle, le Conseil Economique, Social et Environnemental doit être  efficace, le Haut Conseil du Dialogue Social de même, la Médiature de la République de même. Telle est l’économie des recommandations sur la base des mémoires d’un « assisard »

Aujourd’hui

A la suite du scrutin du 24 février 2019 qui a accentué la défiance entre l’opposition et pouvoir, nous avions pensé qu’il aurait été possible de recourir aux anciens médiateurs de la République qui ont été choisis par les présidents de la République, à ceux-là on aurait pu ajouter la coordination des organisations de la société civile actives en matières institutionnelles et politiques, le tout coordonné par une personnalité consensuelle avec une équipe crédible.

Le président  de la République a adopté une démarche qui lui a permis de nommer un président du comité de pilotage du dialogue national (le Président Famara Sagna) et un président de la Commission Cellulaire du dialogue politique, le général Niang. Le président de la République avec l’appui de l’Assemblée Nationale a supprimé le poste de Premier Ministre  sans en référer au peuple. 

Demain, c’est maintenant

Pourtant la question fondamentale, c’est la refondation des institutions  de la République posée dans les conclusions des Assises Nationales.

Mais l’examen des actes posés jusqu’ici  montre à l’évidence, que les modifications constitutionnelles opérées par le seul fait du prince ont conduit à un déséquilibre des pouvoirs ainsi qu’à leur désorganisation

En attendant que des esprits ouverts relancent ce combat, il nous faut avec courage et détermination avancer dans le dialogue politique pour préparer les élections en vue des prochaines locales, législatives  et présidentielles.

En même temps il faut se donner les moyens  pour le dialogue social afin  « d’opérer les ruptures pour améliorer la prévention et la gestion des conflits professionnels, éprouver  les mécanismes adaptés de dialogue social, renforcer le capital humain impliqué dans le processus social et conférer au dialogue social tripartite national (DSTN) la posture et les moyens lui permettant de jouer pleinement sa partition dans les défis d’émergence et du progrès social.(Rapport du Haut Conseil pour le Dialogue Social 2016 sur l’état du dialogue national), p.160)

Les dialogues culturels et sécuritaires devraient être pris au sérieux et permettre de vivre mieux et en paix dans notre cher Sénégal. En un mot, le dialogue concerne des acteurs civilisés, conscients et solidaires, les intensités et les acteurs changent selon les circonstances.  

Ceux et celles qui veulent instaurer un dialogue permanent et fécond devraient se pencher sérieusement  sur le sort de l’Institut des Assises Nationales.

Le mouvement Taxaw Temm en ce qui le concerne va à la suite de ses secondes assises après celles de 2013 à l’ENEA de Dakar (aujourd’hui Ecole Nationale Supérieure d’Economie Appliquée (ENSEA) va repréciser le 17 Août 2019 à Saint-Louis , son implication  dans les dialogues d’aujourd’hui et de demain, en synergie avec les organisations avec lesquelles, il partage les mêmes aspirations pour une démocratie républicaine participative et efficace différente du présidentialisme monarchique qui a conduit le Sénégal depuis 1960 

Il est convaincu que le redressement actuel et le développement durable se feront avec des frères et sœurs africains et avec le soutien des altermondialistes solidaires dans le combat contre toutes les formes d’impérialisme et d’aliénation

Conclusion

Dans la conjoncture actuelle, même s’il faut se féliciter de quelques avancées dans le dialogue politique, il est certain que les restrictions  aux libertés démocratiques et la répression des libertés  d’analyses et d’expressions (cas de Guy Marius Sagna, Adama Gaye) font peser de lourdes menaces  sur le respect des échéances fixées. Certains peuvent penser que cette tactique arrange les tenants du pouvoir qui ne sont pas pressés d’aller vers les prochaines locales et législatives.

Mais c’est oublier que les fronts sociaux, citoyens et culturels ne peuvent être chloroformés et que les prolongements des mandats  achevés ne seront pas acceptés par les acteurs démocrates et républicains. La fin d’un mandat enlève la légitimité. Donc les transitions sont à mûrir à travers des comités de gestion  mis en place à la suite de dialogues responsables 







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