Sans nul doute, le premier mandat du chef de l’Etat, Macky Sall, a été marqué, sur le plan des finances publiques, par deux éléments essentiels : la tendance baissière du déficit public (il est attendu à 3.0% en 2019) et les budgets record enregistrés au cours des deux dernières années. Le projet de loi de finances 2019 était arrêté à 4 071.8 milliards de F Cfa, contre 3709 milliards de F Cfa pour la loi de finances de 2018.
Dans l’analyse budgétaire, il est bien connu qu’une loi de finance initiale est exécutée suivant plusieurs postes de dépenses fondamentaux à savoir les dépenses de fonctionnement, de personnel (masse salariale), le service de la dette, l’investissement. Intéressons-nous au budget de fonctionnement dans lequel on peut inscrire l’acquisition des véhicules de l’administration. Ceci remet au gout du jour la sempiternelle question des fonds alloués à l’achat des moyens logistiques de l’Etat, notamment, le parc automobile mais aussi la manière dont ces véhicules de services et de fonction sont gérés au sein de l’appareil étatique.
Achat de véhicules pour l’administration, voilà un des postes budgétivores qui n’a pas laissé guère indifférent le chef de l’Etat, Macky Sall. Ce dernier, lors de la cérémonie de lancement du Programme d’appui à la modernisation de l’administration (Pama), le 5 août 2019, à Diamniadio, révélait que 307 milliards de F Cfa ont été dépensés, depuis 2012, pour l’acquisition de véhicules destinés à l’administration. Ce qui correspond à près de 43 milliards de FCfa par an. Non sans compter les autres dépenses exorbitantes relatives à l’achat du carburant, à l’entretien et à la maintenance de ces moyens logistiques. S’y ajoute la facture salée de la téléphonie qui passe de 16 à 17 milliards de F Cfa par an. Cette sortie du chef de l’Etat, qui a fait l’objet de vives polémiques au sein de l’opinion, repose le débat sur l’utilisation du patrimoine de l’Etat.
Ces deux dépenses qui frisent le gaspillage ne sont que la partie visible de l’iceberg. Outre les véhicules, le président de la République aurait dû ajouter sur sa liste ces innombrables mobiliers (armoires, chaises, bureaux, bibliothèques…) non utilisés qui jonchent sur le sol de certains services de l’administration ; ou bien encore de ces voitures, toutes neuves, jetées dans ces parkings à ciel ouvert. Autant de matériels de valeurs soumis à un amortissement forcé en raison d’un défaut d’entretien de la part de leurs propriétaires. Oui, le manque d’entretien, un mal sénégalais ancré dans nos habitudes, inutile de s’y attarder. Bien évidemment, l’argent ayant servi à l’achat du patrimoine logistique ou mobilier de l’Etat n’est qu’une partie du budget national consacrée aux dépenses de fonctionnement. Donc, des ressources publiques, dont une bonne partie est issue des impôts collectés auprès de pauvres citoyens. Une raison suffisante pour l’Etat d’être plus rigoureux dans l’octroi des crédits en instituant une politique de rationalisation et d’optimisation des financements.
Il a également cette prérogative d’imposer une discipline budgétaire à toutes ses entités déconcentrées afin d’aboutir à une utilisation efficiente et efficace des crédits. Que tous les maillons de la chaîne qui seraient impliqués dans l’acquisition de ces biens publics soient soumis à la rigueur des cahiers de charges relevant de son service. Aujourd’hui, la rupture, la gestion sobre et vertueuse, tant claironnée sur les toits, ne doit point être un simple slogan ou effet de mode, mais un impératif et une exigence.