Merci au Dr Georges Tiendrébéogo de faire parvenir ce message à la famille de Gary, à l’équipe de ACI-Baobab, aux amis et aux connaissances de notre cher ami et frère disparu.
C’est avec beaucoup de tristesse que j’ai appris le départ de Gary ce 12 août 2019. Je crois être assez bien placé pour apprécier à la fois les qualités humaines et professionnelles de notre cher ami et frère disparu.
Je témoigne ici à titre professionnel d’abord, à titre personnel ensuite.
1. Reconnaissance à titre professionnel et au nom des bénéficiaires des Programmes Pop’MédiAfrique et Fem’MédiAfrique du CILSS du Burkina, de Côte d’Ivoire, du Mali, de la Mauritanie et du Sénégal.
C’est vrai, j’ai d’abord connu Gary en 1994, à la faveur de mes activités professionnelles de journaliste. Je venais d’être recruté en juin 1994 comme chargé de l’information au sein du Centre d’étude et de recherche sur la population et le développement (CERPOD) existant alors et basé à Bamako (Mali). C’était une structure spécialisée du CILSS (Comité permanent inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel) qui regroupait, à cette date, neuf pays d’Afrique de l’Ouest (Burkina, Cap-Vert, Gambie, Guinée-Bissau, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Tchad) contre treize Etats actuellement avec l’intégration du Bénin, de la Côte d’Ivoire, de la Guinée et du Togo.
Et depuis cette date, Gary et moi avions cheminé ensemble, au fil des activités d’information, de communication et de mobilisation sociale pour la promotion de la santé de la reproduction chez les adolescents et les jeunes ainsi que contre le VIH/Sida. Deux programmes, Pop’MédiAfrique et Fem’MédiAfrique avaient mis en place à cet effet. Ils avaient été financés par le CILSS et l’USAID-Bureau de l’Afrique à travers le projet SARA (Soutien à l’analyse et à la recherche en Afrique). Parmi les partenaires techniques initiaux de ces deux programmes figuraient principalement Population Reference Bureau et l’ancienne Academy for Educational Development (AED) avec le projet SARA. Africa Consultants International (ACI) avait apporté un appui technique déterminant à l’exécution des programmes médiatiques. D’autres partenaires comme Open Society International for West Africa, le Projet Santé Familiale et Protection du Sida (SFPS)/USAID, apporteront également des appuis à des activités en faveur du réseau de journalistes ainsi créé.
Gary, de par ton implication et ton engagement enthousiastes, tu as été un des acteurs essentiels qui a permis à ces deux programmes d’obtenir des résultats appréciables. Avec bien sûr, à tes côtés l’équipe de ACI et celle de Population Reference Bureau (PRB) animée par Rhonda Smith et Victoria Ebin. Ainsi, de Dakar (Sénégal) à Abidjan (Côte d’Ivoire) en passant par Ouagadougou (Burkina), Bamako (Mali), Nouakchott (Mauritanie) et Antananarivo (Madagascar) ainsi que La Haye (Pays-Bas), New York (Etats-Unis) et Durban (Afrique du Sud), des journalistes de ces deux programmes avaient assuré la visibilité de différentes activités d’envergure internationale sur les questions de population/développement, particulièrement sur la santé de la reproduction et sur le VIH/Sida.
Gary, avec ta dynamique équipe de ACI comprenant Dr Fatim Louise Dia puis Dr Georges Tiendrébéogo, tu as contribué, largement, à l’implication active de la communication dans la lutte contre le VIH/Sida avec des journalistes de presse écrite, de radio et de télévision aux côtés des responsables de programmes IEC (Information-Education-Communication) des associations nationales de planification familiale et de bien-être social des pays ouest-africains cibles. Cette collaboration professionnelle a duré plus d’une dizaine d’années. En effet, en février 2010, des journalistes, issus de ces deux programmes, avaient pris une part active à la Conférence régionale “Population, développement et planification familiale en Afrique de l’Ouest francophone : l’urgence d’agir” tenue au Burkina. Celle-ci avait abouti au lancement du Partenariat de Ouagadougou. Certains des journalistes du réseau participent toujours aux activités de communication mis en œuvre par ce Partenariat.
Ainsi Gary, ton charisme, ta pédagogie participative, tes méthodes d’animation innovantes, tes qualités humaines et ton sens de l’organisation ont permis aux programmes Pop’MédiAfrique puis Fem’MédiAfrique, en particulier, de se dérouler avec succès. Et tu as positivement marqué des dizaines de journalistes, hommes et femmes, d’Afrique de l’Ouest francophone. Ils ont ainsi appris, auprès du grand éducateur que tu as été à leurs yeux, à mieux connaître le virus du sida et à affuter les outils de communication appropriés pour contribuer à en freiner la propagation.
Gary, tu as maintenu, sans relâche, pendant près de vingt ans, cet engagement personnel dans la lutte contre le VIH/Sida et pour la promotion d’une santé de la reproduction responsable des adolescents et des jeunes en Afrique de l’Ouest. Des organisations et structures autres que le CILSS à travers l’ancien CERPOD peuvent en témoigner également.
Gary, tous les participants aux Pop’MédiAfrique et Fem’MédiAfrique, journalistes et chargés de programmes IEC des associations nationales de planification familiale et de bien-être social sont affligés par ton départ. Nous gardons de toi l’image d’un aîné attachant, à l’écoute, humaniste et toujours prêt à se dévouer pour la cause des autres. Bref un grand éducateur comme l’a écrit avec justesse l’un d’entre nous.
Merci Gary, d’avoir su nous insuffler ton ardeur au travail, ton optimisme et tes convictions. Tu as su nous montrer que nous pouvons améliorer notre vie personnelle et celle de nos prochains en mettant la main à la pâte et en comptant les uns sur les autres.
Gary, tous les bénéficiaires des deux programmes, Pop’MédiAfrique et Fem’MédiAfrique, journalistes et chargés de programmes des associations nationales de planification familiale de bien-être social me chargent de présenter à ta famille, à toute l’équipe de ACI et à tous tes amis et connaissances, nos condoléances les plus attristées.
Très cher Gary, repose en paix.
2. Reconnaissance au nom de la famille Sié Offi Somé du Burkina
Gary, cette deuxième et dernière partie de mon témoignage est davantage personnelle. Et tu sais pourquoi. Beaucoup d’amis, et singulièrement les membres de ma famille, ont pu mesurer la profondeur de ton estime et de ton amitié à mon égard.
Ta modestie dût elle en souffrir, je m’en voudrais de ne pas illustrer cette facette de ta personnalité faite de bonté et de générosité, à travers ton intervention décisive dans un épisode difficile de ma vie personnelle. Fin juin 1998, j’étais rentré chez moi, au Burkina, après avoir passé 4 ans au CERPOD, au Mali. J’avais continué, comme consultant, à travailler sur les deux programmes médiatiques touchant aux questions de population/développement jusqu’en fin 2003. Au début de l’année 2004, j’assurais la coordination d’un programme de lutte contre le trafic d’enfants en Afrique de l’Ouest au sein de Terre des Hommes Allemagne, dans leur bureau régional du Burkina, situé à Bobo-Dioulasso. Au dernier trimestre de cette année-là, j’avais été atteint d’une maladie grave qui exigeait une intervention médicale rapide.
Gary, mon épouse Estelle, « désemparée », t’en avait informé. Rapidement, tu avais pris les choses en mains. Tu avais lancé et coordonné, de manière efficace et décisive, une chaîne de solidarité. Tu avais sonné le rassemblement de ton vaste réseau d’amis de la galaxie ACI et de divers horizons professionnels. Je vais seulement mentionner le cas particulier de Babacar Touré du Groupe Sud Communication (dont tu ignorais alors, me dira-t-il un jour, que nous étions amis, promotionnaires à l’école de journalisme puis confrères, au début des années 80, à Vivre Autrement, une revue de consommateurs éditée par Enda tiers monde, une organisation internationale basée à Dakar). Et mon autre aîné dans le métier, El Bachir Sow, revenu au journal Le Soleil, après un brillant passage au CERPOD et qui utilisera les colonnes de son journal pour donner l’alerte sur ma situation.
Mon cher Gary, c’est sous ton impulsion et ton leadership, que des ressources financières complémentaires nécessaires à mes soins avaient été mobilisées. Cet élan humanitaire, une course contre l’évolution rapide de la maladie, avait alors permis d’assurer dans les délais, ma prise en charge médicale en France.
Gary, tu vois donc que c’est à toi (et à de nombreux autres amis que je ne peux malheureusement tous citer nommément ici (et dont certains, sans doute, sont en ce moment rassemblés autour de toi) que je dois de pouvoir écrire ces lignes.
Tu le sais également, mon cher Gary, je témoigne au nom d’Estelle, mon épouse et de nos trois filles Taami, Mia et Dana qui ont appris la nouvelle de ton départ avec beaucoup de peine. Elles n’oublient pas ton passage, à Ouagadougou, en octobre 2008 et les moments pleins d’émotion partagés ensemble.
Gary, la famille Somé te doit tellement, que les mots lui sont bien insuffisants ce jour encore pour t’exprimer sa gratitude comme tu avais pu le constater de ton vivant. Comme l’a écrit Estelle à ACI, « par ta détermination et avec la volonté du Tout Puissant, notre famille, désemparée en 2004, a retrouvé le sourire. Un grand homme au grand cœur s’en est allé. Que le Seigneur dans sa miséricorde infinie te réserve une bonne place dans son Royaume ».
Gary, mon plus que grand frère comme j’aimais à t’appeler, repose en paix.
A tes parents, à toute l’équipe de ACI, à tous tes amis et connaissances, toutes nos sincères condoléances.
Mon cher Gary, Estelle, Taami, Mia, Dana et moi, bref, toute la famille Somé te garde dans son cœur. A jamais.
Ouagadougou, le 16 août 2019