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Rôle Du «père» Du Libéralisme, A. Wade, Dans L’histoire Politique Du Senegal

Le pouvoir libéral de Macky/Apr/Bby ne cesse de brûler toutes les cartouches pour lesquelles l’électorat lui avait confié la seconde alternance en 2012. Il est à la fois le Président des promesses non tenues et celui qui protège son «frère» tout comme A. Wade pour son «fils» au prix d’un autoritarisme qui bafoue les lois et institutions du pays.

Le candidat Macky Sall s’était bâti un capital sympathie en convoquant le fils biologique du Président aux multiples portefeuilles d’alors, Karim Wade, à l’Assemblée nationale pour une reddition des comptes de sa gestion des deniers publics, en déclarant dans les médias sa détermination à faire face à tous les coups d’alors du premier Président libéral du pays, en bravant les intimidations et autres manigances qui soumettaient à la fois le pouvoir législatif, le pouvoir judiciaire, voire même le pouvoir médiatique à la seule volonté du pouvoir exécutif et en s’engageant à faire exactement le contraire de son «père» politique.

Malgré les dérives autocratiques du «père» du Libéralisme, l’un de ses «fils», Macky Sall, à la différence de son jumeau libéral Idrissa Seck qui «s’opposait le jour et négociait la nuit», s’était mis en pole position pour rafler la mise en signant les conclusions des Assises nationales et en sillonnant le pays durant sa longue campagne électorale pendant que ses concurrents bataillaient à Dakar contre la monarchisation de A. Wade.

Le 23 juin 2011, l’estocade a été portée au régime libéral wadiste par la mobilisation populaire contre la réforme de la Constitution préparant ainsi la défaite électorale de 2012 du «papa» du Libéralisme, malgré l’inadmissible «avis» du Conseil constitutionnel l’autorisant à briguer un troisième mandat.

Le médiatique «Pape du Sopi» a ainsi vu lui échapper son funeste projet de faire de son fils biologique son héritier présidentiel. L’un de ses deux «fils» politiques, Macky Sall supplantant l’autre, Idrissa Seck, devenant son «héritier» politique.

L’hypothèse que les résultats du premier tour de l’élection de 2012 aient été fabriqués pour éliminer le candidat social-démocrate en troisième position, Moustapha Niasse, n’est nullement absurde au delà même des effets diviseurs de la candidature rivale de Tanor Dieng du Ps.

En effet, le «ticket présidentiel» étant rejeté par le Peuple le 23 juin 2011, il ne restait plus à A. Wade qu’à s’adapter afin d’assurer à sa famille libérale les «50 ans de pouvoir» qu’il avait promis lors de son accession au pouvoir en 2000.

 La contribution de Wade au réaménagement du pouvoir néocolonial Ps

Adhérent à l’Ups, A. Wade a été coopté par L.S. Senghor pour créer le courant libéral dans le cadre du «mulitpartisme limité». Dès le départ, le Pds se définit comme une «parti de contribution» et non «d’opposition». En fait, L. S. Senghor qui avait fait un coup d’Etat en 1962 contre le président du Conseil Mamadou Dia, avec l’aide de la France officielle, avait été défié par le mouvement social et démocratique étudiant, populaire et ouvrier de 1968.

La réponse politique néocoloniale fut de passer du parti unique né de la répression et de l’interdiction du Pai en 1960 à «l’ouverture démocratique limitée à quatre courants». L’objectif de L. S. Senghor était d’utiliser le «multipartisme limité» pour marginaliser l’opposition véritable, constituée par le Rnd de Cheikh Anta Diop et les mouvements clandestins de la gauche communiste Pit-S, Ld/Mpt, Aj/Mrdn, Ferñent.

L’élection présidentielle de 1978 fut une véritable mise en scène personnalisant le duel de «Laye-Diombor» et «Léopold-Leuk», mais montrait aussi l’essoufflement de l’illusion néocoloniale senghorienne.

Deux autres facteurs allaient nécessiter le départ de Senghor et le réaménagement politique du néocolonialisme : les grandes mobilisations populaires pour la reconnaissance du Rnd de Cheikh Anta Diop, mobilisations qui ne furent jamais soutenues par A. Wade et le Pds et les plans d’ajustement structurel du Fmi et de la Banque mondiale sous le prétexte de la «dette» qui réorganisaient l’économie mondiale sur les bases du Libéralisme.

Cela se traduisit au plan national par l’article 35 par lequel le dauphin A. Diouf succéda à L. S. Senghor et l’institution du «multipartisme illimité». La période est marquée par la répression de Ferñent qui devait se solder par l’emprisonnement sans procès de plusieurs militants et la mort de Birane Gaye, parallèlement à la répression et la prise du maquis par le mouvement indépendantiste casamançais, le Mfdc.

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L’institution de la bipolarisation Ps/Pds, A. Diouf/A. Wade

Il faut noter que pendant que le Libéralisme, à travers les plans d’ajustement structurel, s’emparait sous la houlette des institutions de Bretton Woods des économies du tiers-monde, notamment d’Afrique, sauf les pays rescapés de l’ex-camp socialiste (Chine, Vietnam, Corée du Nord, Cuba), les pouvoirs politiques demeuraient pour l’essentiel des autocraties militaires ou civiles. C’est d’ailleurs dans ce contexte qu’il faut noter aussi l’exception progressiste révolutionnaire Burkinabè avec Thomas Sankara qui fut assassiné en 1987 par la Françafrique, juste deux ans avant la défaite de l’Urss et la restauration du capitalisme dans les pays d’Europe du camp socialiste.

La «vitrine politique» de la Françafrique qu’est le Sénégal façonna par le biais du «multipartisme limité» la bipolarisation de la scène politique en neutralisant le Rnd, puis la division voire la rivalité pour le leadership au sein de la gauche communiste provoqua un processus de ralliement électoraliste au Pds et à son «Pape du Sopi» lors des élections présidentielles de 1983, puis en 1988, 1993. Le cycle du ralliement au leadership libéral produit par le régime de la bipolarisation présidentialiste déboucha en 2000 sur l’alternance libérale et la participation aux gouvernements des Libéraux.

Durant toute cette période, le Pds et A. Wade ont joué le rôle à la fois de réceptacle électoral des luttes sociales, populaires, estudiantines contre les effets socialement destructeurs de l’oppression nationale de la Françafrique, l’Eurafrique et l’Usafrique et de pompiers pour sauver le système de domination néocoloniale du pays par ses va-et-vient au gouvernement du Ps après chaque crise politique post-électorale.

L’intégration du Pds libéral dans le système de la soumission servile au néocolonialisme est largement prouvée par le fait que jamais A. Wade et le Pds n’ont posé la question fondamentale de la rupture avec la domination de l’impérialisme sur notre pays et notre Peuple. Pis, le suivisme du leadership libéral wadiste par la gauche révolutionnaire communiste s’est soldé par l’abandon progressif par celle-ci des programmes alliant revendications sociales immédiates pour les ouvriers, les paysans, les femmes, les étudiants et revendications alternatives au néocolonialisme de souveraineté nationale et panafricaine économique, monétaire, culturelle, linguistique, militaire.

 Le Libéralisme néocolonial en partage de Wade

à Macky

La lutte des places à la place de la lutte des classes est devenue visible à l’épreuve du pouvoir de l’alternance libérale. Elle a été généralisée à l’ensemble de la «classe politique» des Libéraux (Pds et démembrements), aux sociaux libéraux (Ps et démembrements) et à l’ex-gauche marxiste. Elle a pour nom «transhumance» et a pour programme unique l’application des recettes libérales imposées par la «mondialisation» capitaliste libérale.

La preuve : aucun parti ne conteste les plans d’ajustement structurel du Fmi et de la Banque mondiale qui sont devenus même pour l’ex-gauche «incontournables», aucun ne revendique la souveraineté nationale et panafricaine sans et contre la domination de l’impérialisme français sur la monnaie, l’abrogation des «accords de défense», le départ des troupes étrangères du pays, la protection des productions nationales, la nationalisation ou renationalisation des secteurs économiques clés stratégiques, la publication de tous les contrats d’exploitation de nos richesses nationales, la fin du régime présidentiel.

Mais comme expliquée précédemment, la lutte des places généralisée jusqu’à l’ex-gauche communiste a été précédée de la soumission électoraliste au leadership du chef des Libéraux en lieu et place de l’unité d’action stratégique de la gauche révolutionnaire communiste et anti-impérialiste. Une fois au pouvoir, les délices des portefeuilles ministériels, des postes de président de Conseil d’administration, du Conseil économique ou du Sénat et autres sinécures ont permis à A. Wade, lui-même, de théoriser comme tout bourgeois qui se croit tout permis que« tout s’achète, tout à un prix».

C’est sous le règne de l’alternance libérale que l’on a vu s’étaler au grand jour le fait que le chemin le plus court au Sénégal pour devenir millionnaire, puis milliardaire en francs Cfa est de devenir ministre. Tous les moyens sont bons pour s’enrichir indûment : les surfacturations des grands travaux, les dessous de table, les contrats de gré à gré, l’appropriation revente des terres du domaine national, l’achat de biens immobiliers avec l’argent du contribuable, le blanchiment d’argent sale, la fuite des capitaux, la privatisation bradage du patrimoine national ; bref, c’est le règne de la corruption, la gabegie, le népotisme, de tous les maux inhérents au capitalisme en général, à sa forme néocoloniale et à sa politique libérale en particulier.

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N’est-ce pas Idrissa Seck, cet autre «fils» libéral, qui attribue à son mentor A. Wade le soir même de sa prestation de serment en 2000 les propos selon lesquels «nous n’avons plus de problème d’argent, mais même au sein de la mafia, il y a un minimum de code de conduite» ? Le règne du Libéralisme a fait reculer l’éthique, la morale, le djom, le kersa, l’amour de la patrie dans le pays. Comme on l’entend souvent, «Pa bi, djiko y la yaakh».

Au bout de deux mandats, A. Wade a littéralement pourri la «politique» aux yeux des Sénégalais. Le «ma waxoon waxeet» est devenu le symbole de la dignité humaine des Sénégalais de la même manière que le «Aliou Sall, sama 400 mille» aujourd’hui. N’est-ce pas significatif que Wade et Karim aient signé le contrat pétrole-gaz pour Timis-Aliou Sall et que Macky ait signé le décret d’application ?

Si avec Macky Sall c’est la tendance autocratique du Libéralisme, avec A. Wade c’est la roublardise de l’argent roi. Tous les deux ont leurs «tontons macoutes» dénommés «calots bleus» pour Wade et «marrons du feu» pour Macky.

Macky élimine ses adversaires politiques en soumettant tous les autres pouvoirs à la Présidence, tout comme l’a fait son mentor Wade. Sur ce plan, Macky est allé encore plus loin en utilisant le pouvoir judiciaire pour se débarrasser de ses adversaires et en tripatouillant la loi fondamentale, la Constitution, selon les besoins de son calendrier électoral.

Macky obéit ouvertement aux impérialistes ; on le voit sur le Cfa, les Ape, la part de Total sur le pétrole et le gaz ; Wade pouvait faire semblant de toucher aux intérêts de l’impérialisme français pour attirer les pétrodollars saoudiens, qataris, en enrobant le tout d’une rhétorique à consonance nationaliste. C’est ainsi qu’il agita des velléités de rejet des Ape, mais la pratique étant le critère décisif de la vérité, Wade n’a jamais posé d’acte de souveraineté nationale.

Tous ces deux Libéraux partagent avec le social libéral A. Diouf du Ps la mise à disposition de nos soldats dans des opérations militaires pour les intérêts des impérialistes de l’Otan ou des pétrodollars. Le comble de cette servilité volontaire à l’impérialisme a été ce scandaleux voyage escorté par des mirages français de A. Wade à Benghazi pour aller trahir à la fois Kadhafi et l’Ua qui faisait au même moment une démarche pour empêcher la guerre. Mais Macky, en bon «fils», a tenté d’obtenir en vain l’impunité au Burkina Faso des putschistes pro-Compaoré contre la volonté populaire. Tous les prétextes évoqués par la fraction des ex-gauches pour soutenir Macky contre des sinécures au nom de la lutte contre Wade sont des faux et usages de faux.

En fait, la vérité des faits est que Wade et Macky, c’est «bonnet blanc et blanc bonnet », c’est «hadj moussa et moussa hadj», c’est la République des «coquins et des copains» qui font la poche du Peuple parce qu’ils sont des produits du système néocolonial et ont en partage le Libéralisme.

 Wade opposant, au pouvoir et à nouveau «opposant»

Le vieux bouki (hyène) libéral de la scène politique au Sénégal, A. Wade, a eu pour fonction historique d’empêcher une véritable alternative patriotique et panafricaine anti-impérialiste au néocolonialisme au Sénégal. Il faut reconnaître qu’il a réussi à remorquer, puis avaler les opposants historiques félons de l’ex-gauche communiste, à en marginaliser les résistants et a bénéficié de la volonté populaire de se débarrasser du Ps avec l’aide de l’ex-gauche.

Son projet de monarchie biologique républicaine a échoué parce que le Peuple, mobilisé le 23 juin 2011, a dit «non», puis l’a chassé du pouvoir par les urnes en 2012.

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Le dernier combat de sa vie est de laver sa conscience familiale pour avoir mis son fils biologique dans le pétrin de sa condamnation pour sa gestion calamiteuse des deniers publics. Il maintient sa poigne de fer sur le Pds devenu moribond, il traque tout adversaire à son fils biologique et ne demande que soumission à tous ses partisans. Il courtise les uns et les autres en n’ayant pour seule obsession «réhabiliter le fils» qu’il a lui-même en tant que père jeté en pâture à la vindicte populaire.

Le Sénégal, le Peuple sénégalais, l’Afrique, les Peuples africains ne sont nullement le souci de celui qui passe son temps à bomber le torse par une rhétorique «nationaliste et panafricaniste» en trompe-l’œil. Il prend ses interlocuteurs pour des idiots utiles qui sont obnubilés par sa rhétorique pour cacher son seul et unique objectif, en réalité l’impossible blanchiment de son fils biologique.

Quand arrive la Présidentielle, il fait tout pour que son fils biologique soit l’unique candidat en faisant le vide autour de lui. Il pose devant les caméras avec les uns et les autres, mais ne pose aucun acte véritable pour nuire à l’un des deux autres «fils» politiques, notamment celui qui est au pouvoir.

Agitateur de ce qui lui reste encore de foule, de badauds, il se calme par l’entremise de ses pairs Présidents africains pour ne pas aller trop loin et hypothéquer la seule vision qu’il n’ait jamais eue, à savoir «le Libéralisme au pouvoir pendant 50 ans».

Son «fils adoptif» libéral Macky l’utilise à la fois comme repoussoir et obstacle à l’émergence d’une alternative électorale au règne des Libéraux. On a vu cela lors du Référendum de 2016, du waxeet sur les 5 ans promis de Macky et lors des Législatives avec la diversion que constituait sa liste.

A. Wade est bien conscient de cette utilisation politicienne de son rôle par l’actuel pouvoir libéral, mais le jeu consiste pour lui de faire croire à l’illusion qu’il est en position de «faiseur de roi» après avoir lui-même été «fait roi» par les idiots utiles de l’ex-gauche communiste.

A. Wade a besoin d’entretenir cette illusion sans jamais se mouiller vraiment comme ultime moyen d’obtenir l’impossible «réhabilitation» de son fils. Macky a besoin d’entretenir cette illusion comme moyen de discréditer toute opposition qui se laisserait berner par ce double jeu permanent du repoussoir politiquement utile et inoffensif A. Wade.

Les Libéraux et les sociaux libéraux, qu’ils soient «père» ou «fils», n’ont absolument rien de nationalistes parce qu’ils constituent la bourgeoisie bureaucratique du système néocolonial dont le principal moyen d’existence est l’appropriation privée de l’argent produit par le travail collectif du Peuple sénégalais.

Le rassemblement tactique de toute l’opposition n’est envisageable que pour créer le rapport de force nécessaire pour la défense des libertés démocratiques menacées par la fuite en avant autocratique du régime de Macky/Apr/Bby.

La distinction nette entre le camp des antisystèmes de la mal gouvernance néocoloniale formé par la jeunesse rebelle et les gauches du refus de l’opportunisme d’une part et les Libéraux et sociaux libéraux (Ps) de la gouvernance néocoloniale flanqués d’ex-gauche d’autre part doit être préservée pour orienter la recomposition politique en cours dans le pays vers l’alternative à la domination et au pillage impérialiste.

Cette différenciation est d’ailleurs confirmée par l’actuelle césure au sein de l’opposition entre «dialogueurs nationaux» et opposants à cette messe attrape-nigauds dont le but est de tenter de forger une prétendue «nouvelle virginité» à ce régime violeur de toutes les lois du pays. L’arrestation arbitraire de Guy Marius, l’abus de pouvoir flagrant dont il est victime et la prise d’otages de la Françafrique dont il est l’objet en sont la dernière illustration.

Malgré le hold-up de la Présidentielle de février 2019, les résultats du candidat de la Solution de l’alternative, O. Sonko, et l’exigence populaire incarnée par Aar li ñu bokk de transparence, de vérité et de justice sur le pétrole, le gaz, le zircon, l’or, le fer sont porteurs des avancées prochaines de l’alternative souverainiste, patriotique et panafricaine.

DIAGNE Fodé Roland

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