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Un PrÉsident Ne Doit Être Ni BÊte, Ni MÉchant

Un PrÉsident Ne Doit Être Ni BÊte, Ni MÉchant

Une actualité en chasse une autre et le plus important des sujets passe inaperçu.  Si l’objectif du leader de l’APR était d’étouffer dans l’œuf les graves déclarations d’Oumar SARR sur la combine des Libéraux qui a fait sortir Karim Wade de prison, il a grandement réussi. Sa calamiteuse sortie sur RFI suscite même plus de commentaires que le rappel à Dieu d’Amath DANSOKHO, qui aurait dû le contraindre à mettre un terme à sa vadrouille française. Il est ainsi le président Sall. Quand il décide de casser la baraque, il n’en reste pas une brindille. Et il ne lui faut pas plus qu’une interview ou un discours improvisé pour qu’il laisse entrevoir tout ce qu’un chef d’Etat ne doit pas incarner : carence intellectuelle et méchanceté gratuite.

Quand, prenant la parole au Sommet USA-Afrique, au mois d’aout 2014 aux Etats-Unis, Macky Sall déclarait : « l’Afrique est un continent où la majorité des pays a eu son indépendance ça fait pas encore 20 ans ; à commencer par le plus grand d’entre nous l’Afrique du Sud… Depuis quand l’Afrique a eu sa liberté et son indépendance ? Alors en moins de 20 ans on veut que le continent Africain soit au même rang mondial que les Etats Unis, l’Europe ? Ce n’est pas possible », certains ont trouvé les critiques qui s’en suivirent très exagérées.  Quand, peu après, au mois de septembre 2014, parlant du jeune guinéen atteint par Ebola, Macky lançait : «si ce n’était pas son état santé, il doit être poursuivi par les juridictions de notre pays», certains ont trouvé qu’il s’agissait que d’une concordance de temps ratée pas du tout méchant. Quand, au mois de septembre 2018, s’adressant à ses services, Macky leur demandait « de ne plus prêter main forte à qui que ce soit pour venir dépolluer les populations », il a été dit que sa langue a fourché et que cela ne valait pas la peine d’être souligné. Quand il a soutenu, sans hésitation ni scintillement des yeux, que le Grand Magal de Touba commémore le retour en exil de Cheikh Ahmadou Bamba, certains s’en ont pris à ceux qui jugeaient qu’il a torpillé l’histoire du mouridisme et étalé son ignorance.  Quand il a affirmé que « avec la colonisation française, nous avons eu des choses positives, notamment les élections. On a des relations particulières […] et ils ont toujours respecté les Sénégalais parce que le régiment des tirailleurs sénégalais était dans les casernes, ils avaient droit à des desserts pendant que d’autres africains n’en avaient pas », le professeur Ibra Der Thiam s’était dépêché de voler à son secours, le dédouanant totalement.

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Mais pour cette dernière sortie sur RFI, comment défendre Macky Sall ? Il n’est plus question de déplorer ses sorties à l’étranger sur des questions nationales. Les journalistes sénégalais se sont déjà fait à l’idée de sa préférence étrangère.  Ce qui est nouveau, c’est quand Macky Sall leur dénie le droit de mener des enquêtes. Affirmant avoir, lui-même, « saisi la justice pour qu’elle fasse les investigations», Macky Sall ajoute que « c’est à la justice, à la justice seule d’enquêter s’il y a eu tentative de corruption ou pas ». Sous d’autres cieux, y compris en France où il se trouve, les journalistes ont fait tomber de nombreux politiciens à travers des enquêtes qui ont mis la justice sur leur piste. Mais, cela Macky Sall semble l’ignorer et c’est cette carence qui le conduit à aligner cette suite de mots dont on cherche toujours la signification : « D’abord le G7. Il faut rappeler que c’est un cadre de concertation pour les pays les plus industrialisés, disons les sept pays les plus industrialisés. C’est donc une plateforme pour nous Africains de devoir poser les préoccupations africaines de façon à ce que nos partenaires puissent parler avec les Africains, et parler pour l’Afrique, au lieu de parler des Africains et de l’Afrique de façon générale ».

Mais le plus déplorable dans cette interview du président Sall ce ne sont pas ces errements. C’est quand il est interpellé sur la grâce présidentielle que certains ont voulu accorder à Khalifa Sall sans son consentement. Macky Sall déclare : « La grâce est un pouvoir constitutionnel du président de la République. Ça ne dépend que de lui, et de lui tout seul, et de son appréciation. Donc je ne peux pas discuter de ce que dit la presse par rapport à la grâce ». Oh s’il s’était là ! Il faut vraiment être le président Sall pour ajouter : « Le jour où j’en aurai la volonté ou le désir, je le ferais…».  Quel sadisme ! La réduction de la conduite de l’Etat à la volonté et au désir de son chef ne peut qu’installer celui-ci dans la division. Et depuis que Macky Sall est à sa tête, la Nation est en lambeaux. «Durant ces six dernières années, le président de la République a prouvé qu’il n’est pas rassembleur, il n’a pas su consolider la Nation. Il est partisan, chef de parti, donc chef de clan. Il n’incarne pas l’unité nationale », analysait le Professeur Amsatou Sow Sidibe. En plus d’être partisan, chef de parti, donc chef de clan, Macky renseigne qu’il agit selon, non pas les intérêts de la Nation, mais son désir personnel. C’est sans doute pourquoi il continue d’admirer les décibels français pendant que les Sénégalais pataugent dans les eaux de pluies.

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A  propos, qu’est-ce qui a empêché Macky Sall d’assister à la levée du corps d’Amath Dansokho ? Tentant de le dédouaner, comme à l’accoutumée, l’Agence de presse sénégalaise (APS), rendant-compte de la cérémonie funéraire, a expliqué que le « président de la République prend part aux travaux de la septième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD 7), à Yokohama, au Japon ». Seulement, l’agence oublie de préciser que ladite conférence, septième du genre, démarre le 28 aout prochain. Macky Sall n’a plus rien à faire en France. Si la désolation des inondations n’est pas assez grave pour le pousser à surseoir à ses vacances, la dimension de l’ancien secrétaire général du PIT ne devrait-elle pas le contraindre à revenir au bercail ? Ou faut-il supplier sa Majesté pour qu’elle désire bien rentrer au pays où, en plus des grosses pertes, la famine pointe ?

 

Mame Birame Wathie

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