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L’afrique Ne Devrait Pas Avoir à Choisir Entre La Chine Et Le Japon

La saison des sommets se poursuit. Après le G7 auquel participaient cinq pays africains, direction le Japon pour la Ticad (Tokyo International Conference on African Development), du 28 au 30 août, auquel participent cette fois cinquante-quatre pays africains et organisations internationales, avant le sommet Russie-Afrique du mois d’octobre.

Cet événement triennal, dont la première édition s’est tenue en 1993, a longtemps été très protocolaire. Mais il a pris ces dernières années un tour plus politique. Car, à travers la Ticad, c’est son ennemi juré, la Chine communiste, que vise le Japon. Pour remuscler sa politique étrangère, le premier ministre Shinzo Abe drague les pays africains qui représentent un tiers des membres de l’ONU. Les grands sujets tournent ainsi autour des critiques de la Chinafrique : la dette, les ventes d’armes, l’absence de vision environnementale, la gouvernance…

A Tokyo, on voit aussi avec beaucoup d’inquiétude les pays africains se laisser entraîner sur les routes de la soie, à la fois pour des raisons géostratégiques, mais également économiques. Le Japon est en effet très dépendant de l’or noir africain et importe plus de 100 milliards de dollars (plus de 90 milliards d’euros) de biens chaque année du continent. Dans le même temps, il exporte à peine 7 milliards de dollars par an vers l’Afrique, contre 100 milliards pour la Chine. Et ses investissements sont certes conséquents, mais ils sont cinq fois moins importants que ceux de Pékin.

De l’aide à la coopération

Le Japon a toujours entretenu de bonnes relations en Afrique, notamment avec l’Algérie, le Nigeria et l’Afrique du Sud, mais il s’est laissé distancer ces dernières années par la Chine conquérante. Il est donc grand temps pour lui de trouver de nouveaux marchés et prendre sa place sur le continent.

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Mais, de son côté, l’Afrique doit veiller à ne pas tomber dans le piège qui consisterait à devoir choisir entre le Japon et la Chine. Cette mentalité de guerre froide ne donnerait rien de bon pour l’avenir du continent. Au contraire il y a là une occasion à saisir. Le Japon cherche à faire évoluer sa politique africaine pour passer de l’aide à la coopération, c’est-à-dire à une approche plus industrielle et pas seulement humanitaire. Or, pour l’Afrique, il est essentiel d’attirer les investissements et les capitaux dans un objectif d’industrialisation et de créations d’emplois.

Une base militaire sur le continent

Afin de contrer les fameuses « routes de la soie » chinoises, le Japon a ainsi lancé le Free and Open Indo-Pacific (FOIP), un couloir entre l’Asie et le reste du monde qui traverserait le continent africain.

Le Japon a aussi une base militaire à Djibouti, à une encablure de celle des Chinois. Elle abrite 180 soldats, juste à côté de Camp Lemonnier, la base américaine. Elle a récemment été agrandie, notamment sa piste d’atterrissage qui doit permettre l’évacuation des expatriés japonais en cas de conflit dans la zone. Mais la politique étrangère japonaise reste encore très liée à celle des Etats-Unis, notamment en Afrique. C’est à la fois un avantage et un inconvénient. Quoi qu’il en soit, Tokyo comme Washington embrassent un même objectif : contrer la vague chinoise en Afrique.







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