Alors que beaucoup pensaient que la détention aller adoucir ses ardeurs, l’activiste Guy Marius Sagna est plus que jamais d’attaque. N’ayant rien perdu de sa verve, ni de son engagement, il continue à dénoncer avec la même virulence ce qu’il considère comme les tares du régime. Son dernier acte, c’est le soutien apporté aux travailleurs de PCCI qui exigeaient le paiement de 18 mois de salaire. Dans sa démarche et son engagement, l’activiste rappelle la gauche sénégalaise durant sa période de gloire.
Préfaçant le livre «De la Lutte des Classes à la Bataille des Places, le destin tragique de la gauche sénégalaise» de son collègue enseignant en droit public à l’Université Gaston Berger (Ugb) de Saint Louis Amadou Kah, Dr Ibrahima Sylla faisait un sévère réquisitoire contre la gauche qui a démissionné. «La gauche semble avoir renoncé à la vérité et donc épouse le silence coupable et complice face à l’autorité de l’injustice des conditions de classes encore prégnante dans notre société », se désolait-il avant de d’ajouter : « la gauche a apparemment perdu son âme du fait de la belle droite que lui aurait assénée le pouvoir politique en l’intégrant dans les rangs des milieux favorisés. La gauche n’est pas simplement découpée en tranches. Elle s’est laissée volontairement broyée par le système politique pour ne pas souffrir d’une rétrogradation dans l’espace présidentiel pourvoyeur de postes alléchants …. il n’est pas question de s’aventurer dans un retour en arrière ou la prison était un second domicile».
La prison «un second domicile», c’était le prix à payer pour les pères fondateurs de la gauche sénégalaise comme Majmouth Diop, Amath Dansokho, Abdoulaye Bathily, Landing Savané qui avaient choisi d’être du côté des laissés-pourcompte et d’exiger un monde plus juste. C’est dans cette dynamique que s’est inscrit Guy Marius Sagna qui s’engage dans toutes les «luttes des classes». Qui plus est, la prison est devenue aussi pour lui «un second domicile».
Pour preuve, il a été arrêté encore hier lorsqu’il est venu manifester aux côtés des 145 employés de PCCI. Une énième arrestation qui n’a pas surpris les Sénégalais. D’autant que pour son combat, il a tout le temps eu maille à partir avec les forces de sécurité. Se définissant comme un militant de la gauche anti-impérialiste, le natif de Ziguinchor est devenu le «prisonnier préféré» des forces de l’ordre. Dans toutes les luttes, celui qui rappelle au sociologue de gauche Mamadou Wane dit «Mao» ses «années de jeunesse» est en train de redonner un second souffle à la gauche aux abois.
Il remet sur scène les vieilles revendications de la gauche de la plus belle des manières et avec sa vivacité d’antan. L ’ancien pensionnaire de l’Endss a été arrêté en 2013 pour avoir participé, Tambacounda, au barrage de la route nationale, en guise de protestation contre le manque de formation des enseignants du préscolaire public. C’est le début de plusieurs interpellations suivies de garde-à vue.
L’homme n’hésitait pas à manifester contre le franc CFA, la mauvaise gestion du pétrole… Avec cette posture, il s’est taillé une aura internationale. C’est pourquoi, lorsqu’il a arrêté pour «fausse alerte au terrorisme» , des personnalités comme l’écrivain Boubacar Boris Diop, l’acteur américain Danny Gloover avaient signé une pétition pour réclamer sa libération immédiate, la cessation de la violation des droits des citoyens au Sénégal et le respect de la liberté d’opinion.
Marié et un père d’un enfant, Guy Marius Sagna est allergique à l’injustice» depuis ses années estudiantines.
Séquestration de Diène Farba Sarr
Pensionnaire à l’époque de l’Ecole Nationale du Développement Social et Sanitaire (Endss), il a failli être expulsé de l’établissement. En effet, il lui était reproché d’avoir séquestré le DAGE du ministère de la Santé qui n’était personne d’autre que Diène Farba Sarr. Influencé par de nombreux révolutionnaires come Thomas Sankara, Frantz Fanon et devenu très tôt sensible aux souffrances des peuples africains, il est toujours au chevet des populations qui en ont besoin, quitte à braver l’autorité.
Antiimpérialiste convaincu, il milite dans de nombreuses plateformes qui luttent pour la souveraineté des peuples du Sud. C’est ce Guy Marius Sagna qui donne, actuellement, une seconde vie à la gauche qui, comme lui, s’était surtout illustrée par ses combats pour un pays plus juste et débarrassé de l’impérialisme et du néocolonialisme.