La rentrée du gouvernement ne peut qu’être économique et sociale parce que dans notre charmant pays, la politique ne va jamais en vacances. On fait de la politique sept jours sur sept et vingt-quatre heures sur vingt-quatre. La preuve en est l’offensive politico-médiatique de Sonko et la riposte du gouvernement qui n’a pas attendu la fin des vacances pour réagir. Cette continuité de service politique, si nous l’avions dans le service public, notre pays aurait fait un grand bond en avant vers l’émergence. Cette rentrée du gouvernement intervient dans un contexte particulier.
C’est la première rentrée du dernier quinquennat de Macky Sall. Cette rentrée permettra aussi de tester si la suppression du poste de Premier ministre est une accélération du «fast track» ou si la suppression est une erreur politique. Il y a au moins une évidence. Deux ans avant les élections, le gouvernement semblait avoir atteint une sorte de vitesse de croisière, avec une croissance et des chantiers qui ont en grande partie contribué à la réélection de Macky Sall au premier tour. Depuis la réélection, nous avons l’impression que le pays est dans l’expectative, comme si le gouvernement s’est complètement essoufflé en dépensant toute son énergie pour la réélection. Ce sentiment latent que le pays est à l’arrêt, dans l’attente depuis l’élection, est un grand risque politique pour le pouvoir, car cela donne l’impression que la réélection était une fin en soi, l’objectif ultime, l’horizon indépassable pour le président.
Un président de deuxième mandat dépense son énergie pour l’histoire. Et pour l’histoire, il est préférable d’avoir l’attribut d’image du Président qui a rendu l’émergence irréversible, plutôt que celle d’un Président qui a eu simplement 2 mandats. Le Président qui a eu deux mandats sera catégorisé comme un grand politicien, alors que l’attribut «président qui a rendu l’émergence irréversible» aura une grande place dans l’histoire. Et malheureusement et c’est cruel, l’histoire ne donne qu’un attribut d’image à un homme d’Etat. L’attribut d’image historique de Senghor est celui qui a fait la Nation. Pour Diouf, c’est celui qui a renforcé l’Etat. Wade aura l’attribut de l’alternance. Pour Macky Sall, le seul attribut possible, c’est l’émergence, car les questions de la Nation, de l’Etat, de l’alternance, ont été réglées par ses prédécesseurs.
C’est pourquoi, à partir de cette première rentrée du deuxième et dernier mandat, il devrait se focaliser sur la place qu’il va occuper dans le grand livre de notre grande histoire. Et la seule façon de le faire est de donner un second souffle au marathon de l’émergence. L’émergence en particulier et le pays en général ont besoin d’un autre souffle, d’un autre élan ; d’où la nécessité d’une rentrée économique, car le pays n’a aucune urgence politique. Rien que des urgences économiques. L’avocat Me Mame Adama Guèye aime à rappeler que «la démocratie est la compétition des réponses que les citoyens se posent».
Aujourd’hui, les Sénégalais se posent surtout des questions économiques et sociales, malgré le surdimensionnement de la question politique qui est surtout la conséquence d’une agitation politicienne artificielle.