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D’une Afrique À Une Autre

D’une Afrique À Une Autre

Mon ami mauritanien Adama Wade (Financial Afrik) et son ex-associé marocain Abderrazzak Sitail, à travers la société Séquence Média, avaient vu juste d’appeler leur journal hebdomadaire économique et financier de l’époque (en 2007), ‘’Les Afriques’’. Oui, il y a vraiment des Afriques. Tant du point de vue du contenant (géographie physique) que du contenu (trajectoire des pays et des blocs régionaux). 

D’abord, sur le plan de la géographie physique. Oui, il y a lieu de parler des Afriques. L’Afrique au pluriel, est le seul continent au monde qui est coupé en deux parties égales par l’Équateur (la ligne imaginaire et qui n’est pas si imaginaire que cela…). Ce qui fait que cette Afrique au pluriel, a une partie immergée dans l’hémisphère  Sud et une partie dans l’hémisphère Nord. Conséquence, cette géographie de l’Afrique au pluriel, au centre du monde, lui confère une symétrie parfaite des climats et des écosystèmes qui en résultent, avec quatre régions climatiques identiques de part et d’autre de l’Équateur : le climat méditerranéen (au Maghreb et en Afrique du Sud), le désert du Sahara (au Nord de l’Equateur) et le désert de Kalahari ( au Sud de l’Équateur), la bande Soudano-sahélienne (au Nord comme au Sud de l’Equateur) et la Zone tropicale humide (au Nord comme au Sud de l’Equateur). Ainsi, l’Afrique au pluriel, peut cultiver toutes les cultures au monde et deux fois par saison, grâce à ses atouts géo-climatiques identiques et complémentaires. Cà, c’est le contenant.

Ensuite, du point de vue caractéristique, cette Afrique au pluriel, qui ne saurait être dans une quelconque course contre la montre encore moins dans une logique de rattrapage de qui que ce soit sinon qu’à elle même, fait sa marche, fait son chemin, à son rythme, à son tempo et à sa cadence. Cette caractéristique de cette Afrique au pluriel, donne à voir que les cinq grands ensembles sur le continent (Afrique du Nord, Afrique de l’Ouest, Afrique du Centre, Afrique de l’Est et Afrique Australe), ont chacun leur propre rythme d’évolution. En Afrique du Nord, trait d’union et zone de tampon entre la méditerranée et l’atlantique, entre l’Afrique, l’Europe et le Moyen-orient, entre le Sahara et le Sahel, seuls le Maroc et la Mauritanie s’en sortent le mieux. L’Afrique de l’Ouest – portées par le trio Nigéria-Ghana et Côte d’Ivoire, et l’Afrique du Centre – portée par le trio Angola-Guinée équatoriale et Cameroun – sont certes plus riches en dotations factorielles (ressources de toutes sortes) mais aussi plus livrées au chaos (terrorisme ; immigration irrégulière ; sous-emploi). Quant à l’Afrique de l’Est sous la houlette de l’Ethiopie et du Kenya et l’Afrique Australe sous le mastodonte l’Afrique du Sud, cette Afrique est plus connectée à la globalisation et plus en avance dans le domaine des innovations technologiques et de la finance.

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Enfin, dans le contenu, oui il y a des Afriques. Il y a les Afriques qui osent (comme le Maroc, la Mauritanie, la Guinée équatoriale, le Ghana,….). Il y a les Afriques des repositionnements inédits (comme l’Ile Maurice, le Rwanda, le Botswana, le Cap-Vert,….). Il y a des Afriques des reclassements significatifs (Kenya, Ethiopie, Nigeria, Afrique du Sud, Côte d’Ivoire). Il y a aussi des Afriques qui pourtant bouillonnent, certes, mais ne semble pas vraiment reprendre leur destin en main.

Ces Afriques qui osent, qui innovent, ces Afriques qui ont repris leur destin en main et qui ont fini de renégocier leur place dans la globalisation, sont aussi traversées par des fractures culturelles, sont aussi dotées d’une classe politique d’inégale qualité, sont aussi balayées par les vents forts de la mondialisation culturelle et des échanges. Mais cela ne les a pas empêchées de réaliser cette Afrique des possibles, longtemps absente des imaginaires collectifs et des récits médiatiques. Parce que ces Afriques qui se transforment, ont accepté la complexité du progrès, se donner les moyens de mieux comprendre leurs faiblesses pour mieux en compenser les effets pernicieux. Avant de faire dans la différence et dans l’altérité.

Par contre, ‘’l’Autre les Afriques’’, les Afriques qui bougent, pourtant, mais ne progressent (véritablement) pas, les Afriques qui pourtant bouillonnent de l’intérieur (les peuples) mais dont les décideurs ont fait fausse route en s’égarant sur les chemins de l’émergence, ces Afriques-là, semblent opter pour devenir et rester des GSM (Gentils Spectateurs de la Mondialisation), en demeurant et en restant de simples enjeux, l’enjeu des autres, au lieu de devenir des acteurs, leur propre acteur. Cette ‘’Autre les Afriques’’ sont toujours dans les logiques de choix politiques simplificatrices qui rassurent, certes, mais génèrent, en définitive, un surplus d’incertitudes et de surprises stratégiques. Les pays subissent leur géographie mais construisent leur histoire, leur propre histoire’’, parce qu’il ne saurait y avoir de fatalité pour l’Afrique, il n y a que de mauvais choix politiques et stratégiques de ces dirigeants dans cette ‘’Autre les Afriques’’ qui se répercutent sur tout.

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NB: Le Sénégal, avec la polémique sur son fer de la Falémé, serait-il un pays assez illustratif de cette ‘’Autre les Afriques’’, cette ‘’les Afriques’’ de la mondialisation de connivence’’ et des choix politiques et stratégiques pernicieux ?

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