Ces derniers jours se pose avec acuité le débat sur la succession du Président Macky Sall à la Magistrature suprême en 2024 et le plus cocasse dans cette affaire c’est qu’elle est entretenue au sein même de son propre groupe politique.
Rappelons simplement que quand on veut entretenir un débat, il est plus facile d’adopter la stratégie du «coupe circuit» qui consiste à parler d’un sujet sans en donner l’air afin de produire les avis contraires. Un exemple : pour susciter des réactions négatives sur une personne de nos jours, il suffit de dire tout haut de bonnes choses sur elle. Après, il suffit de se mettre «au balcon», sourire en coin et d’attendre les tirs groupés sur la cible.
Quel cynisme !
Ce genre de débat agace tellement que le principal concerné, ici le Président Macky Sall, sera obligé de se prononcer là-dessus et c’est bien l’effet recherché. Selon Source A, il aurait même, sur la question, déclaré ce qui suit :
«Aucun mouvement ne sera toléré dans le parti. Si des ministres ou des cadres ont des ambitions, ils attendront la fin de mon mandat pour se manifester.» Voilà ce qu’attendaient tous ces hommes et femmes qui rêvent d’habiter le Palais présidentiel sans oser le dire tout haut. Ils sont bien contents parce qu’ils savent que certains Sénégalais vont sauter sur l’occasion pour demander si «être ambitieux est un crime» alors que le débat ne se pose pas sous cet angle.
La question n’est pas de savoir s’il est légitime ou pas d’avoir des ambitions, mais plutôt s’il est bien loyal d’être avec quelqu’un et de s’employer à le remplacer alors que son second mandat vient de démarrer.
Certains analystes politiques invitent même ces «ambitieux» à s’inspirer des cas Sarkozy et Macron afin de claquer la porte et prendre leur destin en main. Ce qu’ils ne leur expliquent pas par contre, c’est que les contextes sont différents et que le Sénégalais n’est pas le Français.
Trahir Macky Sall et se lancer pour 2024 serait synonyme de perte pour qui l’entreprendrait. Que celui qui n’y croit pas essaie ! Le Sénégalais est attiré par celui qu’on trahit et se détourne de tout Judas.
Aujourd’hui, tout observateur de la scène politique sénégalaise est intrigué par le silence assourdissant des souteneurs du Président face aux attaques répétées de membres de l’opposition. L’on peut même croire que «les ambitieux» en sont bien contents et que les documents «confidentiels» de l’Administration se retrouvent sur la place publique par leurs agissements. C’est en tout cas le sentiment de bon nombre de Sénégalais.
Les décisions salutaires du Président à l’image de la réduction de la charge liée au téléphone des autorités étatiques ne sont pas bien expliquées par ceux-là et celles-là qui ont bénéficié de toute sa confiance. S’il ne monte pas lui-même au créneau pour le faire, personne ne s’y aventure.
Certains se mettent à l’écart afin de le laisser à découvert et à la merci des attaques de l’opposition. D’autres sont dans la mouvance, mais se comportent comme des opposants dans leurs écrits et leurs interventions cherchant à se faire coller l’étiquette de «patriote». Tout cela est fait à dessein pour fragiliser le centre du pouvoir et claquer la porte quand l’on se sentira assez fort pour le faire.
Sur sa succession, le Président Macky Sall devrait bien continuer à garder le silence, car c’est cela qui peut dérouter les «ambitieux» qui sont à ses côtés. Ces derniers redoutent plus son silence qu’autre chose. En ne se prononçant pas, il les affaiblit toutes et tous. Quand quelqu’un parle peu et choisit bien ses sujets, il devient presque invulnérable face à toute trahison. C’est cette posture qu’il doit continuer à adopter afin de toujours garder les cartes en main. Ainsi, il va tellement agacer que les plus pressés vont essayer de les lui arracher en s’exposant au grand jour. Pour y arriver, ses plus grands atouts sont le silence et le temps.
Le rêve de celles et ceux-là qui veulent le remplacer à la tête du pays, c’est de voir prospérer la stratégie du chaos entretenue par l’opposition. Combinée à celle du «coupe-circuit», il fera tellement sombre qu’ils espèreront attirer des soutiens avec le semblant de lumière qu’ils allumeront.
D’ici là, il y a un océan à boire.
Souleymane LY
Spécialiste en communication
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