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Du Statut De L’opposition Et De Son Chef, Entre Amalgames Et Manipulations

Du Statut De L’opposition Et De Son Chef, Entre Amalgames Et Manipulations

Depuis quelques jours un débat est agité concernant le statut du chef de l’opposition. Au lieu de se focaliser sur les contours du statut de l’opposition, le débat est centré sur la personne du président du parti Rewmi, Idrissa Seck.

De quoi s’agit-il ?

1) Le débat est posé selon l’angle exclusif du chef de l’opposition et de ses privilèges. Que dit la constitution ?

« Article 58. – La Constitution garantit aux partis politiques qui s’opposent à la politique du Gouvernement le droit de s’opposer. La Constitution garantit à l’opposition un statut qui lui permet de s’acquitter de ses missions. La loi définit ce statut et fixe les droits et devoirs y afférents ainsi que ceux du Chef de l’opposition ».

Le statut dont il est question ici concerne toute l’opposition et non seulement son chef. Cependant certains ont décidé de biaiser le débat en focalisant les esprits sur de prétendus privilèges du chef de l’opposition qui seraient en négociation. La constitution parle bien de statut de l’opposition, de droits et devoirs de l’opposition et de son chef. Un statut n’est pas seulement un privilège. La reconnaissance du statut de l’opposition peut déboucher par exemple : sur une représentation paritaire dans le bureau de l’Assemblée nationale, un même temps de parole à l’opposition et à la majorité à l’Assemblée nationale quel que soit le rapport de force, l’égal accès de l’opposition et du pouvoir aux médias publics, etc. C’est la constitution qui garantit le statut et une loi qui doit la définir. Donc vouloir réduire le statut de l’opposition aux seuls droits de son chef relève de la pure manipulation. Nous avons voté non au référendum mais il faut avoir l’intelligence lors du dialogue politique de faire de ce point une avancée démocratique qui permette à l’opposition de s’acquitter correctement de sa mission.

2) La participation au dialogue national serait une façon d’avaliser des deals ? Il faut préciser que le dialogue national est divisé en plusieurs commissions et qu’il n’y a que la commission politique qui fonctionne. Il faut préciser que Rewmi ne participera qu’à la commission politique et que tout le monde y est représenté sauf le PDS, notamment Pastef et les Khalifistes. Vouloir dire alors que la participation au dialogue serait un deal signifierait aussi que Sonko et Khalifa font partie du deal. En réalité, le statut de l’opposition (donc de toute l’opposition) et de son chef constitue le dernier point de l’ordre du jour des discussions. Ce statut s’impose à tous, ce n’est pas un cadeau de Macky Sall, il est dans la constitution. Ce qui reste à discuter, c’est la loi qui va permettre de l’appliquer. Doit-on demander à l’opposition sénégalaise de renoncer au statut que lui garantit la constitution tout simplement parce qu’Idrissa Seck risque d’en être le chef ? Il faut savoir que le chef de l’opposition tout comme le chef de l’État est une « créature constitutionnelle à incarnation humaine variable ». Il peut s’appeler Idrissa Seck ou Bara Dolly Mbacké jusqu’en 2024, mais plus tard il s’appellera Makhoudia, Ndoumbé, Mapathé Diallo ou Georges Mendy. Une fois que la loi aura fixé, comme le dit la constitution, ses droits et devoirs, ce sera un acquis démocratique dont bénéficieront dans le futur les potentiels opposants. La désignation du chef de l’opposition, qu’elle se fasse en régime parlementaire ou présidentielle, résultera forcément des suffrages des sénégalais (le second de la présidentielle ou le chef de l’opposition parlementaire) et non de la volonté ou du désir de Macky Sall. La commission politique du dialogue national devra permettre à chacun de défendre son point de vue.

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3) Une corrélation entre reconnaissance des résultats des élections et jouissance des droits en résultant ? Une seule réponse : nous avions tous contesté les résultats des législatives de 2017. Nous avions tous parlé de mascarade et pourtant cela n’empêche en aucun cas aux députés de l’opposition d’y siéger, et de bénéficier des privilèges y afférents : salaire, voiture, carburant, téléphone. La présence des députés de l’opposition à l’Assemblée nationale résulte-t-elle d’un deal ?

4) Ce deal motiverait le silence du président Idrissa Seck qui ne se prononce pas sur les questions qui intéressent les sénégalais en l’occurrence le bradage de nos licences ? Je passe sur les interpellations d’Idrissa Seck sur le contrat avec la Mauritanie et le dépôt par Déthié Fall en 2018 d’une demande de commission d’enquête parlementaire sur le pétrole et le gaz. Je renvoie à l’interview avec le groupe GFM du président Idrissa Seck en 2018. Le silence d’Idrissa Seck n’a rien de nouveau. Il n’a quasiment pas parlé pendant toute la pré-campagne présidentielle, il n’a même pas présenté lui-même son programme, n’a pas fait d’émissions télés ou radios. En réalité, après plus 30 ans de combat aux côtés des sénégalais, sous les régimes de Diouf, Wade et Macky, Idrissa Seck n’a plus rien à prouver aux sénégalais. On l’aime ou on ne l’aime pas mais il n’a plus besoin d’être bavard. La preuve : près de 900 000 sénégalais ont voté pour lui alors qu’il n’a pris la parole que lors de la campagne électorale.

5) Rewmi et Idrissa Seck obnubilés par les 2 milliards de fonds politiques ? Nous rappelons que depuis sa création Rewmi est resté dans l’opposition sauf une année de compagnonnage avec Macky Sall à laquelle nous avons mis fin volontairement. Je ne reviens pas sur la longue lutte de Idrissa Seck aux côtés de Wade avant 2000, tenant presque seul la barque libérale lors de l’exil volontaire de Wade en France. Il faut être dépourvu de cervelle ou être animé de volonté manifeste de nuire pour penser une minute qu’Idrissa Seck s’il ne cherchait que des privilèges n’aurait pas pu obtenir auprès de Macky ce que Niasse, feu Tanor, Aminata Tall, Mimi Touré ou peut-être Aminata Mbengue Ndiaye ont obtenu en dirigeant des institutions avec des fonds politiques. Si Idrissa Seck courrait derrière les privilèges je ne pense pas qu’il se serait opposé à tous les présidents du Sénégal. Si les 2, 3 ou 10 milliards sont effectifs, qui vous dit qu’il ne les reverserait pas aux femmes transformatrices de Ziguinchor ou à la pouponnière de Kaolack (damay togne nak) ?

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6) Définir un statut de l’opposition et de son chef alors que les sénégalais souffrent, notamment d’inondations ? Comme je l’ai dit plus haut, le statut de l’opposition et de son chef est consacré par la constitution. Il reste à définir les droits et devoirs par une loi. C’est ce que nous discuterons dans le cadre du dialogue politique. Ce statut n’est pas forcément pécuniaire. Il n’a rien à voir avec les difficultés des sénégalais. Les sénégalais ont des difficultés mais les maires, les députés, les ministres et tant d’autres continuent de garder leurs privilèges, qu’ils soient du pouvoir ou de l’opposition. Je n’ai encore vu aucun député rendre sa voiture sous prétexte que les sénégalais ont des difficultés.

En réalité ce dont il s’agit ici, et c’est une occasion historique, c’est de permettre enfin à l’opposition sénégalaise d’exercer ses droits dans le cadre d’une loi, de procéder à la rationalisation et à la modernisation de nos partis politique, de parler du financement des partis, du contrôle et de la moralisation de la vie publique. Et cela devient plus qu’une urgence, si on sait qu’avec le pétrole et le gaz le Sénégal risque d’être la convoitise de puissances étrangères et de d’aventuriers. Sécuriser notre espace politique devient une nécessité vitale. C’est ce que ce dialogue politique doit permettre. Personne n’a confiance en Macky Sall, moi-même je me suis opposé fermement à tout dialogue avec lui, mais il faut être réaliste et le pendre au mot. Il faut aussi savoir qu’une loi est impersonnelle et que toute loi qui sortira du dialogue ne portera pas le nom de Massamba ou Demba, tout droit ou devoir de l’opposition qui en sortira comme le stipule la constitution profitera à toute l’opposition actuelle et aux oppositions futures. Notre rôle et notre mission aujourd’hui est de faire en sorte que ce qui sortira de ce dialogue politique soit une avancée démocratique et soit bénéfique pour le Sénégal.

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Il est temps pour l’opposition sénégalaise d’organiser son dialogue, pour tirer les leçons de l’échec aux différentes élections depuis 2012. Ce dialogue entre opposants devrait aussi être l’occasion de définir les contours d’une liste unique aux élections locales et législatives à venir. Car je le redis encore toute division de l’opposition à ces échéances consacrera sa défaite. Les leaders de l’opposition ont aujourd’hui sur leurs épaules cette responsabilité de ne pas conduire encore leurs troupes à de nouvelles bérézinas. Il ne faut pas confondre les types d’élections. Si nous sommes rivaux lors des présidentielles nous devons être partenaires lors des élections locales et législatives. Il ne s’agit que de réalisme politique.

Matar Seye est Secrétaire National à la Formation du parti Rewmi, coordonnateur Rewmi Commune de Biscuiterie







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