Dans la nuit du jeudi 12 septembre un peu avant que la pluie ne tombe, sept hommes armés de machettes et de pistolets se sont introduits par effraction dans notre espace de vie.
C’était entre 21h et 22h. Ils ont mis sens dessus dessous la maison à la recherche de l’argent. Ils ont surpris le gardien, l’ont entouré et lui ont demandé de leur dire où se trouvait l’argent que j’avais laissé là-bas avant de partir. Quand il leur a repondu qu’il n’y avait pas d’argent ici, il ont menacé de le tuer s’il ne leur disait pas où se trouvait l’argent, puis l’un d’eux l’a tapé avec la machette sur son visage, sur la joue, en dessous de l’oeil. Il a commencé à saigner puis il a couru dehors pour aller chercher l’aide des deux autres travailleurs qui étaient de l’autre coté de la route.
Ils l’ont rattrappé et se sont mis à le taper violemment, il a reçu un deuxieme coup de machette sur l’autre joue, il est quand même parvenu à leur échapper et a appelé au téléphone des amis de Joal avant de tomber évanoui.
Ensuite ces sept hommes sont partis sous une forte pluie, dans un autre batiment où dormaient une femme artiste et son fils de 14 ans. Ils sont parvenus à s’introduire dans la chambre l’ont sauvagement agressé devant son fils, ont pris son argent et son téléphone et, ont saccagé son mac book pro, son appareil photo, la tablette de son fils.
Pendant que toutes ces scènes cauchemardesques avaient lieu chez nous à Mbodiène dans notre centre d’art, j’étais encore dans l’avion qui m’amenait à New York et à Philadelphie où se trouvaient déjà Muhsana et les enfants depuis un mois. Le lendemain matin le vendredi 13 septembre, c’est au moment où on allait au Musée pour notre premier rendez vous de travail, que nous avons été informé de la situation.
Depuis cet instant nous ne pouvions plus nous concentrer sur autre chose que sur ce qui s’est passé chez nous, en notre absence. Ceci est profondément perturbant pour nous tous, et cela va certainement remettre en question notre présence en ce lieu où jusqu’à ce terrible incident, on ne s’est jamais senti en danger. J’ai plusieurs fois voyagé en laissant seuls ma famille et deux ou trois travailleurs là-bas. Nous y avons reçu aussi beaucoup de volontaires, des artistes, des amis en famille, des gens de passage, jamais au grand jamais n’avions nous imaginés que pareille violence pouvait être exprimée vis à vis d’un autre être humain, et plus spécifiquement dans notre lieu de vie et de travail où artistiquement, culturellement, intellectuellement, humainement, les graines que l’on avait plantées avec le temps ont commencé à sortir de terre.
Nous sommes en ce moment à Philadelphie où on est engagé dans un projet artistique de trois mois, nous avons éprouvé le besoin de partager avec vous, nos amis et collègues, cette terrible situation qui va certainement avoir un impact sur nous tous, inévitablement puisque s’agissant de la question de la sécurité partout au Sénégal maintenant. Que Dieu nous assiste dans cette douloureuse épreuve!
Amadou Kane Sy
Centre d’Art et de Développement Holistique