La Commission nationale de rédaction de l’histoire du Sénégal vient de rendre publiques ses conclusions. Dans l’esprit, nous saluons fortement cette initiative permettant de donner aux Sénégalais les reliefs de l’histoire de notre pays riche en valeurs et symboles. Cela veut dire que sur les bases de cet ouvrage que les enfants seront initiés à la connaissance de leur pays. Les adultes y trouveront aussi les fondements de leur culture.
Cependant, on a l’impression que tout est faussé car des contre-vérités ont émaillé cet ouvrage, surtout en ce qui concerne la communauté layène qui s’est sentie offensée dans cette présentation de 6 pages qui lui sont consacrées. En effet, sous forme d’un maladroit commentaire de texte de l’ouvrage du Professeur Assane Sylla Le Mahdi, le Pr. Iba Der Thiam a commis, en tant qu’historien chevronné, des erreurs de débutant impardonnables. La première concerne les dates de naissance. Dans son article, Iba Der déclare : «De sept ou cinq années plus jeune que Ahmadou Bamba, Limamou Laye était d’origine léboue.» Ce qui est archi-faux. En effet Seydina Limamou est né en 1843 à Yoff tandis que Cheikh Ahmadou Bamba a vu le jour vers 1853 à Mbacké.
C’est la preuve d’un manque de sérieux dans l’élaboration de cet ouvrage, alors qu’un simple clic sur les sites consacrés permettrait de régler cette question.
En outre, nul n’ignore le mépris affiché par le Pr Iba Der envers la communauté layène. C’est pour cette raison qu’il y a une redondance du mot «marabout» (connoté négativement, utilisé de manière péjorative par le colon pour qualifier les hommes de Dieu) qu’il répète à souhait dans son texte. On ne lui demande pas de croire à la mission prophétique de Seydina Limamou (psl) mais de rendre fidèles les propos de ce dernier. Or dans l’ouvrage qu’il cite, en l’occurrence Le Mahdi, le professeur Assane Sylla s’évertue à prouver que Seydina Limamou est le Mahdi. C’est le but de l’ouvrage et non une biographie simpliste et réductrice. Par conséquent en tant que chercheur, Iba Der devait avoir l’honnêteté intellectuelle de rédiger fidèlement sans parti-pris ce qui est dit dans le livre. D’ailleurs, le fait de relater l’arrestation de Seydina Limamou à sa manière, en reprenant la version du colonisateur (à travers les correspondances rédigées à l’époque par l’administration coloniale) montre une certaine étroitesse dans sa vision.
C’est pourquoi la terminologie colonialiste utilisée : «Une troupe de dix spahis armés se rendit à Yoff et aurait mis aux fers, le paisible marabout…» confirme la thèse du mépris, car cela ferait penser à un vulgaire malfrat mis aux arrêts.
L’exigence de rigueur scientifique et la probité intellectuelle exigent la confrontation de plusieurs versions avant de rédiger ce document. C’est un principe fondamental dans le domaine de la recherche que le Pr. Iba Der connaît mais qu’il refuse d’appliquer. Or, il ne manque pas d’ouvrages de référence dans la communauté, il y a juste une volonté manifeste de nuire, de travestir l’histoire. On peut citer entre autres :
Ababacar Laye Basse, Ibrahima Diop, Abdoulaye Samba, Cheikh Sarr Sow, La face cachée de l’exil de Seydina Limamou ; Abdoulaye Sylla, Husnul jawab, 1917 ;Assane Sylla, Les prophètes : Seydina Limamou le Mahdi et Seydina Issa Rohou Lahi, 1989 ; Cheikh Mokhtar Lo, Buchral muhibbine, 1932 ; Doune Pathé Ndoye, Jawabu saa il, 1940 ; Laborde Cécile, la confrérie layenne et les lébou du Sénégal, islam et culture traditionnelle en Afrique, C.E.A.N., 1995 ou Ibrahima Abou Samb , Sur les traces du Mahdi.
Comme dit le proverbe : «Un ignorant serait moins ignorant s’il comprenait que le silence est ce qui lui convient le mieux.»
Pour terminer, nous disons que nul dans le monde ne peut obstruer la mission prophétique de Seydina Limamou (psl). Tous ceux qui ont essayé de le faire se sont enlisés dans le ridicule. Le monde retiendra cette condescendance verbale qui se dégage de et l’histoire nous jugera. En tout cas, nolens volens, la communauté Ahlou Lahi continuera à vulgariser les enseignements salvateurs du Mahdi. Au déplaisir des esprits chagrinés.
Baytir KA
Président de la commission scientifique de Nurul Mahdi
Baytirka4@gmail.com