Depuis mercredi soir, la planète foot commente et complimente le talent XXXL exprimé par Idrissa Gana Guèye sous le maillot du PSG contre le Real Madrid en Ligue des champions. Ceux qui l’ont vu régulièrement évoluer avec Everton, et même avant, à Lille et Aston Villa, diront sûrement qu’ils ne sont pas surpris. Ceux qui le suivent tout aussi régulièrement avec les Lions de la Teranga savent que le Dakarois a l’étoffe d’un très grand milieu de terrain africain. Le Sénégal s’enorgueillit forcément d’un tel talent, tout en humilité et en travail.
A l’instar de ses amis Sadio Mané et Kalidou Koulibaly, deux autres icônes sénégalaises, il incarne l’Afrique qui gagne, celle qui réussit à force de travail, de patience et de talent. Joyau issu des Diambars de Saer Seck et Jimmy Adjovi Boco, le voici modèle de vie et peut-être, de carrière pour la jeune génération. Alors que pleuvent les compliments, totalement mérités, on a juste envie de raccrocher le destin et le parcours de « Gana » à un club de son pays, le FC Teungueth. Non, Gana Gueye n’a pas porté les couleurs de ce club de Rufisque, vainqueur début juin de la Coupe du Sénégal aux dépens de l’US Gorée (1-0). Quarante-deux ans que les clubs rufisquois couraient après ce titre !
Qualifié pour la Coupe de la Confédération en tant que vainqueur de cette compétition, Teungueth ne participe pas pourtant à l’édition 2019-20. Pas d’argent. La mort dans l’âme mais bien obligé de justifier son retrait, le Comité directeur a expliqué, quelques jours seulement après la finale de la CAN à laquelle prenait part le Sénégal, que Teungueth ne possédait pas le budget pour une aventure continentale. Une saison demande beaucoup de sacrifices et d’argent (150 à 300 000 euros). Faute de budget donc, de soutien des autorités locales et sportives et en l’absence d’un stade digne de ce nom, Teungueth n’avait en vérité pas d’autre choix. Alors, qui reste-t-il pour représenter le Sénégal ? Génération Foot cette saison en Ligue des champions, à l’aube peut-être d’un grand exploit après avoir battu le Zamalek du Caire (2-1) en seizièmes de finale aller. Et puis, surtout, les glorieux expatriés, qui évoluent dans les plus grands clubs d’Europe et brillent en Ligue des champions.
Ces derniers jours, ils étaient nombreux d’ailleurs en Ligue des champions : Krépin Diatta et Mbaye Diagne au Club Bruges, Pape Abou Cissé à l’Olympiakos, Kalidou Koulibaly à Naples, Sadio Mané à Liverpool, champion sortant, pour ne citer que les plus célèbres. Ça, c’est aussi l’une des réalités de ce football sénégalais qui révèle chaque année de nouveaux talents, aux Diambars, Génération Foot ou chez le petit dernier, Dakar Sacré Cœur, club partenaire africain de l’OL.
Personne ne s’est mobilisé au pays…
Heureusement, la dure réalité du foot pro naissant en Afrique et l’exigence de moyens pour se développer en structures, et pourquoi pas, exister sur la scène continentale, n’empêche pas ces joueurs de s’imposer au plus haut niveau, même si cela prend parfois un peu de temps. Le mérite en revient autant aux acteurs eux-mêmes qu’à leurs courageux éducateurs et même à certains dirigeants, dans les quartiers, qui ont cru en eux. Tout simplement. Quand même, on aurait bien aimé que la jeunesse de Teungueth puisse participer à la Coupe d’Afrique. Parce que les joueurs l’avaient mérité. Curieusement, personne ne s’est mobilisé au pays pour aider les Rufisquois à vivre leur épopée. Et pourtant, eux aussi représentent le Sénégal.