A quoi ont donc servi tous ces trophées : Des Can en paquets ( 5 ), des records dans cette compétition, ceux d’Eto’o, de Milla, de Song ; des titres pionniers pour les clubs depuis le sacre de l’Oryx de Douala en 1965, comme 1er club vainqueur de la Coupe d’Afrique des clubs champions et l’épopée du Canon de Yaoundé ; le sacre de Sydney 2000 aux Jeux Olympiques…?
A quoi aura servi la grande expérience des footballeurs camerounais dans les plus grands championnats du monde, ces trophées et finales en UEFA, depuis Thomas Nkono et l’Espanyol Barcelone, les sacres de Mbia et Onana jusqu’au triple en Champions League de Samuel Eto’o ?
A quoi aura servi toute cette culture tactique, cet apprentissage des hauts sommets, ces acquis, confrontés aux plus grands, de ces champions de France, d’Espagne, d’Angleterre et de bien d’autres pays, venus du Cameroun ?
A quoi aura servi tout ça, ces épopées, cette reconnaissance mondiale des Omam, Milla, Eto’o, Etame, Nkono, Bell et entre autres Mboma, si l’on s’oblige 600 ans après Fernando Po, navigateur portugais qui a donné le nom de notre pays, à aller à Lisbonne chercher des entraîneurs de troisième zone pour diriger les Lions Indomptables ?
Toni Conceiçao, 57 ans, va entraîner pour la première fois une sélection nationale. Ce sera celle du Cameroun ! Un peu comme si faire confiance à Patrick Mboma, à ces talents du cru, à un sélectionneur africain était le plus mortel des pêchés. Alors même que la preuve est faite par les exemples de Jean-Paul Akono, sélectionneur-vainqueur de Sydney 2000 et de bien d’autres sur le continent, que notre pays n’a plus aucun complexe à avoir. Quand l’Afrique, le Cameroun, cesseront-d’être les cobayes, le moins cher de toute la planète ?
Quelle est la valeur ajoutée de cet ancien défenseur de Braga et du FC Porto notamment dans les années 1980, ex-international portugais (une sélection), qui a essentiellement coaché dans son pays et en Roumanie ? Quel est l’atout décisif de celui qui a dirigé la formation du CFR Cluj, entre autres, à trois reprises, remportant avec elle deux Coupes de Roumanie. Conceiçao a aussi été en poste brièvement à Al-Faisaly (Arabie saoudite) et au Nea Salamis (Chypre) ?
Réduire l’ambition des Lions Indomptables, abaisser les standards ne peut être définitivement notre marque de fabrique. Comme Claude Le Roy hier ou Nepomniachi, cette nouvelle trouvaille pourra surprendre, gagner pourquoi pas quelques titres. Et défier notre méfiance et confondre notre bile. Mais la question est plus profonde désormais que le jeu de bonneteau ou de loterie : quand assumerons-nous, sur la base de projets solides et de moyens viables, d’une organisation efficace, les défaites avec les nôtres et savourerons-nous les victoires avec ces champions camerounais et africains devenus, eux-aussi entraîneurs, après de bonnes et brillantes carrières ?
Ne nous accusez pas de patriotisme risible, ailleurs, au Portugal, chez cet entraîneur donc, ils font ça depuis des lustres.