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Le Voile Dans Tous Ses États

Le Voile Dans Tous Ses États

Une certaine pensée savante et féministe en France voudrait que l’émancipation de la femme soit mesurée à l’aune de son (dés)habillement. Plus la femme est dévêtue, plus elle est vue comme libre et « moderne ». Et, inversement, une femme voilée est, à priori, attardée et asservie.  

Ainsi par un par un curieux travestissement de l’esprit humain, la vision féministe, importée de l’Hexagone, en est arrivée à mépriser la pudeur et l’humilité que reflète le voile, musulman et chrétien, et sublimer l’aliénation de la nudité.

Il faut dire que le pays de Jeanne d’Arc entretient des rapports névrotiques avec le religieux, particulièrement l’islam. Ainsi le voile islamique y est  souvent  objet de toutes les controverses. A l’école, à l’université, dans la rue, bref dans l’espace publique. 

Il y a quelques années, faisait rage un débat houleux et passionné sur ce qu’on appelle le burkini (je n’aime pas le nom), un maillot de bain conçu par une styliste australienne aux normes islamiques. 

La situation est très différente dans les pays de tradition anglo-saxonne où les femmes voilées sont de plus en plus encouragées à s’affirmer dans la société et même de  jouer un rôle politique.

Aux États-Unis, Carolyn Walker-Diallo, une jeune femme noire musulmane et voilée fut élue juge à New York en 2015. Au Jeux Olympiques de Rio en 2016, Ibtihaj Muhammad fut la première femme voilée à intégrer l’équipe olympique et en fut le porte-drapeau. 

En Angleterre en Suède, au Norvège, et au Canada les femmes musulmanes et voilées sont intégrées dans la police, et des uniformes adaptés ont été conçus pour elles.

La liste est loin d’être exhaustive.

Alors, par quel miracle donc ce problème franco-français que constitue le « voile islamique » a été importé au Sénégal ?

La vérité est qu’au pays de Bamba et Maodo le voile a tous les honneurs. A juste titre. Révolu le temps où il était affaire de vieilles dames ou de saintes. Aujourd’hui, le voile a gagné toutes les catégories sociales et professionnelles, de l’élève au médecin, de la femme de ménage à la professeure, en passant par l’étudiante. 

Les plus jeunes arborent fièrement le voile, qui n’entrave en rien leurs études ni leurs carrières. Elles revendiquent le voile comme un symbole de foi et de pudeur, mais aussi de féminité et de beauté.  Car le voile, en plus d’être une recommandation religieuse, est devenu, pour elles, un accessoire de mode. A l’instar de leurs sœurs de la Malaisie, de la Turquie ou du Maroc, elles se sont mises à l’heure du « mode islamique ». Après tout, foi et esthétique peuvent bien se marier.

C’est donc par pur mimétisme que des intellectuels, à partir de postulats pensés ailleurs, remettent en cause notre modèle sociétal et nos codes culturels.







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