Dans les Suds du monde, des voix neuves et originales s’élèvent et tentent de prendre en charge une pensée de notre terre commune. Grâce à ces nouveaux voyages de la pensée, l’Afrique n’est plus seulement percue comme le lieu ou se joue une partie de l’avenir de la planète. L’on s’accorde désormais à dire qu’elle est l’un des grands laboratoires d’où émergent des formes inédites de la vie sociale, économique, politique, culturelle et artistique d’aujourd’hui. C’est la raison pour laquelle depuis 2016, Felwine Sarr et moi, avec la complicité de nombre d’intellectuel.le.s du continent et de la diaspora, avons mis sur pied Les ateliers de la pensée de Dakar. Les ateliers constituent aujourd’hui la principale plateforme intellectuelle qui réunit, à intervalle régulier, une palette sans cesse grandissante de l’intelligence africaine et diasporique d’expression francaise.
La conviction est simple. Le sort de l’Afrique est entre les mains des Africain.e.s. Et s’agissant des affaires de l’Afrique et de ses descendant.e.s éparpillé.e.s dans le monde, c’est aux Africain.e.s que revient le dernier mot. Mais pour que nos voix se fassent entendre, le succès individuel ne suffit plus. Il nous faut apprendre à faire corps.
C’est dans cet esprit que nous avons publié, en 2017, Écrire l’Afrique-monde (Paris, Philippe Rey | Jimsaan). Dans quelques semaines sortira, « Politique des temps », toujours en collaboration avec Philippe Rey et Jimsaan. L’ouvrage réunit une vingtaine d’intellectuels, artistes et penseurs. Ce livre est le produit des Ateliers de la pensée, tenus à Dakar en novembre 2017. Les auteur.e.s y convoquent pele-mele la littérature, la philosophie, l’histoire, la géographie, les arts, l’économie, la sociologie, la pédagogie et la poésie pour tisser des problématiques, les étendre, les traduire et les déplacer.
Deux questions centrales lient l’ensemble des chapitres : Est-il possible d’habiter l’Afrique – et par-delà elle, le monde – différemment ? Comment envisager une politique de l’avenir, sinon en faisant place à l’imprévisibilité et en s’ouvrant à une infinité de devenirs ?
Le temps de la réfutation est en effet terminé. Vient celui de l’affirmation conditionnelle, c’est-à-dire celui d’un futur qui reste à ecrire, d’un futur sans garantie ni promesse, celui du surgissement des possibles féconds et porteurs de vie. C’est à ce surgissement qu’appelle le présent volume. Événement majeur en cette “rentrée des idées” dans notre partie du monde, nous le recommandons vivement à chacun et à chacune d’entre vous.
Quant à la Session 2019 des Ateliers, elle s’ouvre a Dakar le 30 octobre prochain. Elle verra la participation d’une brochette de nouveaux invités et sera rythmée par une série d’innovations qui feront de Dakar, pendant quelques jours, la capitale des idées dans le monde africain d’expression francaise.
Il ne vous est guère permis de rater ce rendez-vous unique !