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Réponse à Penda Mbow Ou Le Voile De L’identité

Récemment dans une émission d’une des télés de la place, Professeur Penda Mbow, vous avez affirmé que le voile ne fait pas partie de l’identité africaine. Apparemment, vous vous inquiétez d’une  radicalisation  de  la  population  sénégalaise  et  d’une intolérance  inquiétante  depuis  les récents évènements, qui ont fait l’actualité au Sénégal (l’incident de l’ISJA et les errances dans la  rédaction  de  l’Histoire  du  Sénégal).  Le  débat  a  quitté  le  « pencc »  qui  est  le  lieu  de rassemblement des sages et notables du village, pour les amphithéâtres, temple de l’échange entre des professeurs-penseurs et des étudiants en quête de sens et maintenant il a atterri sur les médias numériques ou les réseaux sociaux où Monsieur « tout-le-monde » se mêle de tout sans maîtrise ni recul encore moins de sagesse et de raison-gardée. Mais il y aura toujours débat, ne nous étonnons pas  qu’il  y ait quand même cette  vague d’indignation, la  montagne a quand même accouché d’une souris, vraiment Professeur nous vous attendions pas à ce niveau !

D’autre part, dans un article publié sur le site senePlus, vous étalez vos distinctions pour justifier votre notoriété au sein de la « bourgeoisie » intellectuelle qui bizarrement, est plus occidentale qu’africaine. Je tiens à vous préciser Pr Mbow, je ne tiendrai pas compte de votre « lapsus » sur une sourate qui n’existe pas, car je me dis que vous êtes assez érudite pour ne pas ignorer la sourate dans lequel le voile est évoqué compte tenu de vos nombreuses recherches en ce sens. Mais, dites-moi, quelle notoriété vous reconnait-on dans la jurisprudence islamique, pour ne pas dire l’islam même, pour statuer sur le voile et son caractère obligatoire ? Certes, vous vous couvrez la  tête  mais  est-ce  parce  que  c’est  esthétique  ou  c’est  parce  que  vous  êtes  rattrapée  par  les réalités de l’âge ?

Ainsi, il est de notre devoir de rétablir la vérité concernant un sujet aussi sensible que notre identité. Laissez nos « intellectuels » nous livrer leurs analyses erronées et biaisées sur un sujet qui fait appel à l’esprit analytique, à la logique et à la connaissance religieuse serait suicidaire étant  donné  les  complexes  que  nourrissent  nos  penseurs  vis-à-vis  de  l’Occident  et  de  leurs idéologies.

Alors  Pr  Mbow,  pour  entrer  dans  le  vif  du  sujet,  la  question  fondamentale  à  se  poser  est sommes-nous en démocratie ou en religion ? Si nous sommes en religion, alors nul besoin de verser plus dans des conjectures, un verset à « forte » recommandation divine pour ne pas dire « injonction divine » n’a d’autre finalité que la pratique par le croyant, le verset en question est dans la sourate « al ahzaab – les coalisés » verset 59 où Allah dit : « O Prophète ! Dis à tes épouses, à tes filles, et aux femmes des croyants, de ramener sur elles leurs grands voiles : elles en   seront   plus   vite   reconnues   et   éviteront   d’être   offensées.   Allah   est   Pardonneur   et Miséricordieux. ». Il faut remarquer que ce verset ne s’ouvre pas à la critique intellectuelle pour ne pas dire à la remise en cause, Allah demande de s’y conformer, nous ne pouvons pas nous limiter à mettre ce verset dans un contexte bien précis en arguant qu’il est descendu pour juste protéger  les  femmes  des  agressions  et  des  oppressions,  servant  d’arguments  à  une  frange importante des féministes, sachant que nous vivons dans une époque « féministe » (la femme est protégée par les lois presque partout dans le monde), ce besoin de protection n’est donc plus d’actualité.  N’oublions  pas  qu’Allah  est  le  Connaisseur  du  visible  et  de  l’invisible  et  le Détenteur du savoir absolu, à chaque verset, ce que nous en connaissons et ce qui ne nous est pas  dévoilé. Le  Coran  nous  invite  certes  à  la  réflexion,  mais  n’en  faisons  pas  un  livre  de philosophie si tel était le cas, Allah ne dirait pas dans la sourate « Al baqara – la vache » verset 2 : C’est le Livre au sujet duquel il n’y a aucun doute,…», ce n’est pas aussi un livre de littérature, ni des sciences encore moins d’histoire, c’est un livre qui sert de rappel et de guidance, dans la pratique, et dans la foi pour les pieux (Sourate « Al baqara – la vache » verset 2 : C’est le Livre au sujet duquel il n’y a aucun doute, c’est un guide pour les pieux,…).

Pour juste vous conforter sur le fait que nous ne sommes pas dans une époque où l’intolérance est  le  fanatisme  sont  les  dénominateurs  communs  des  musulmans,  prenons  juste  l’exemple d’avoir  un  guide  religieux,  combien  de  savants  ou  de  théologiens  se  sont  lancés  dans  des exercices de démonstration sur le fait qu’il est nécessaire ou pas d’avoir un guide religieux ? Il y’en a même qui disent qu’avoir un guide religieux est prohibé. Cela date de quelques siècles après  la  disparition  des  compagnons  du  Prophète  saws,  pourtant  nous-a-t-il  conduit  à  de l’intolérance? Pour ce que j’en sache au Sénégal mis à part quelques débordements, cela n’a empêché personne de pratiquer sa religion comme il l’« entend ».

L’objectif n’est pas de disserter  sur  l’obligation ou non du voile,   je   vais   juste   amener   ma compréhension  des  choses  sur  le  sujet  principal  à  savoir  s’il  faut  conserver  notre  identité africaine avant tout ? Plus haut, j’ai posé la problématique de savoir si en tant que serviteur d’Allah nous devons nous conformer à Ses injonctions ou non, si nous le devons, il n’y a plus débat ! Si la réponse est autre que cela, libre à chacun de se donner à cœur joie, mais de grâce, nos  compréhensions  doivent  bien  être  encadrées  en  précisant  que  c’est  les  nôtres  avant d’embarquer  avec  nous  une  frange  sensible  de  la  population.  Par  conséquent,  dire  que  nos grands-mères et nos mamans s’habillaient décemment sans y rajouter le voile sans pour autant altérer  leurs  « musul-identité »  serait  vraiment  réducteur  car  il  y  a  tellement  de  pratiques traditionnelles que nous avons bannies ou reconsidérées grâce à l’Islam. Je citerai de manière non exhaustive, le mariage forcé, les naissances rapprochées, la revalorisation du statut de la femme avec le code de la famille… Pourtant, la société sénégalaise dite traditionnelle acceptait ces pratiques, et même après l’avènement de l’Islam, il nous était difficile de se conformer à ses lois car, étant de profonds ceddos, nos habitudes nous suivent dans le temps et au fil des générations.  Le voile subit aussi le même sort, en écoutant vos arguments Professeur, c’est comme s’il faudrait « contextualiser » l’Islam, or celui-ci a trouvé de bonnes pratiques chez nous et les a acceptées, qu’en est-il des pratiques qui vont à l’encontre de la « charia » pour ne pas la citer (apparemment c’est un terme qui fait peur) ? Pour ces pratiques qui nous semblent toujours  acceptables  mais  pas  conformes  à  l’islam  nous  fermons  délibérément  les  yeux  en voulant « ceddoliser » l’Islam ou créer un Islam du Sénégal.

Professeur Mbow, il est clair et sans aucun doute que l’islam est une religion qui n’appelle pas au fanatisme, mais une fois dans la pratique, nous devons nous conformer, sinon, nous allions remettre en question la prière au risque de na pas prier. Prions tout en essayant de comprendre les rouages de la pratique, il en est ainsi du voile, que les femmes croyantes se voilent avant de remettre en question les conditions du voile.

À  chacun  sa  compréhension  des  textes  mais  de  grâce,  les  degrés  de  compréhension et d’érudition sont nombreux, les savants africains reconnus dans l’islam se sont prononcés sur l’obligation du voile et j’espère que vous n’aurez pas la prétention d’être plus légitime qu’eux.

Je termine ma réponse par ceci, nos hommes religieux font l’objet de considération énorme même au-delà de nos frontières et d’une compréhension certifiée de l’islam, ne nous amusons pas à « domestiquer » l’islam à notre guise, certes il est venu à nous par les arabes mais ce n’est pas la religion des arabes, en voulant protéger notre identité culturelle tout en vous détachant du caractère « arabe » du voile, vous faites l’affaire des occidentaux qui ne cherchent qu’une brèche pour en faire un précédent et quel procureur vous ferez ! Une musulmane, érudite et africaine. Vous avez le devoir moral d’inciter les femmes à se voiler « à l’africaine » comme nous  avons  des  boubous  africains  décents  ou  de  s’abstenir  d’encourager  l’ignorance  et  la légèreté  intellectuelle  quant  aux  versets  coraniques  qui  conduisent  inéluctablement  à  la dégradation des mœurs et à l’abandon de nos valeurs.

Ma dernière remarque sera sur l’origine de nos dits « tissus africains » qui ne même sont pas d’origine africaine, qu’il s’agit du wax ou du getzner, les femmes africaines ont abandonné les pagnes de nos tisserands et, c’est peut-être par-là, que nous avons perdu notre vraie identité africaine.

« Et sur toi (Muhammad) Nous avons fait descendre le Livre avec la vérité, pour confirmer le Livre qui était là avant lui et pour prévaloir sur lui. Juge donc parmi eux d’après ce que Dieu a fait descendre. Ne suis pas leurs passions, loin de la vérité qui t’est venue. A chacun de vous, nous avons assigné une législation et un plan à suivre. Si Dieu avait voulu, certes il aurait fait de vous  tous,  une  seule  communauté.  Mais  il  veut  vous  éprouver  en  ce  qu’il  vous  donne. Concurrencez donc dans les bonnes œuvres. C’est vers Dieu qu’est votre retour à tous ; alors il vous informera de ce en quoi vous divergiez. » Sourate Al Maa’ida « La table Servie » versets 46 – 48.







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