Khalifa Sall et ses compagnons d’infortune sont libres depuis ce dimanche 29 septembre. Par la grâce du président Macky Sall, mais à coup sûr à la demande pressante du Khalife général des mourides, lors de l’inauguration de la mosquée de Massalikoul Jinane… Maintenant, on peut dire que ce n’est qu’un début, il faut aller jusqu’au bout : l’amnistie et le recouvrement de tous ses droits. Qu’on lui remette son mandat parlementaire et sa mairie ; son adjointe a bien géré la « vacance » du pouvoir.
Ce signal (la libération de l’ex-maire de Dakar) peut signifier d’autres actes forts pour que la grâce soit totale et entière sur le paysage politique : la levée des obstacles qui font de Karim Wade un exilé très particulier. Parce qu’il faut être naïf pour penser que le deal scellé à Massalikoul Jinane ne concerne que la libération de l’ex-maire de Dakar. Le cas Khalifa est probablement plus « facile », moins casse-tête que le cas Karim.
En effet, autant Khalifa a payé ce qu’on lui reprochait (un peu moins de deux milliards), autant Karim Wade reste devoir la bagatelle de quelques 137 milliards. On n’ose imaginer que le « deal » de Jinane prévoit de faire passer la condamnation pécuniaire dans la rubrique pertes et profits des deniers publics. Car, si le recouvrement de ses droits civiques et politiques ne posent pas de sérieux problèmes moraux, l’effacement de l’ardoise que la CREI lui a collée serait un très mauvais signal en direction de tous les dépositaires de la chose publique : « vous pouvez détourner, les deals politicards, confrériques sont là pour effacer toutes vos indélicatesses ».
Mais surtout, ancrer dans l’esprit des citoyens que les politiciens sont des bandits de grands chemins qui se partagent comme ils veulent, quand ils veulent, les deniers publics. Évidemment, il y aura toujours (et ça a commencé) des gens et autres « analystes » pour dire que la paix sociale vaut bien ça ; effacer les ardoises. Cela n’est pas ma conviction. Et Khalifa Sall n’aurait jamais dû subir ce qu’on lui a fait. Cette affaire aura mis aussi à nu les tares de notre justice ; l’usage politique qu’on lui fait faire contre des adversaires ; son caractère très sélectif des justiciables qu’on peut poursuivre et ceux qui sont intouchables.