Nous allons, en principe, ‘’commémorer bientôt les 60 ans de la semaine nationale de l’alphabétisation*. Mais tout le monde va y convenir avec nous, lorsqu’on fait le bilan de cette affaire, on est horrifié si on tombe sur ce chiffre (suspect du reste, pour nous) qui montre que plus de 54 % des sénégalais sont analphabètes. Cela veut dire quoi ? Que plus de la moitié des 15 millions, disons 14 millions des hommes et de femmes que nous sommes, ne savent ni lire ni écrire, le français, l’anglais, le portugais, l’arabe, le Wolof, le Pulaar, le Serere, le Joola, le Mandinka, Soninké.
Alors, ce qui vient à l’esprit d’un homme sérieux, préoccupé sérieusement de la défaite de l’obscurantisme, c’est de dire : Non, ce n’est pas possible ! Avec tout le tintamarre qu’on a fait au pays du grand grammairien poète, agrégé en français, chouchouté par la francophonie, l’académie française ? Car avec notre ‘’bag round’’, seul le français aurait pu nous permettre de dépasser ce chiffre de 54%. , Et si on prend l’exacte la mesure de ce qui s’est passé, c’est la catastrophe (la Naqba), comme disent nos amis, palestiniens. Car, le terme est quelque peu soft ….si on pense seulement aux performances de deux pays ‘’plébiscité’’, par l’Unesco, sans ‘’l’aide’ ’Amadou Moctar Mbow.
Ces pays, on peut le deviner : La république de Cuba et le Zimbabwe dont les leaders Feus Fidel Castro, Roberts Mugabe étaient voués aux gémonies. Le premier nommé était la première puissance mondiale et le second la première puissance africaine dans le domaine des acquis de l’alphabétisation et de la lutte contre l’analphabétisme. Il ne faut pas chercher de midi à quatorze heures, pour se demander où se trouve l’énigme ? Nulle part ailleurs qu’au niveau de la volonté politique.
S’agissant de Cuba, dès les premières heures du triomphe de la révolution Fidèle Castro et ses amis ont immédiatement fermé les écoles, les lycées et les universités, ensuite, mobilisé les enseignants de toutes catégories pour déclarer la guerre à l’analphabétisme. En un an, le mal a été vaincu sur toute l’étendue du territoire cubain. (Maurice Duverger, PR. Agrégé de droit public disait que la Révolution n’est pas la destruction. La Révolution, c’est la construction), Mugabe n’a pas fait moins après avoir été trahi par les faiseurs de promesses bidon à la conférence de Lancaster House. Aujourd’hui, le Zimbabwe caracole à la tête des Etats africains avec 91 % d’hommes et de femmes sachant lire et écrire Le problème que nous avons, en ce qui concerne la pratique de nos langues, en dehors du manque de volonté politique manifeste des autorités publiques, c’est celui du comportement des intellectuels francophiles (hommes femmes confondus), colonisés.
Poursuivis par le ‘’Symbole’’ de l’école, c’est comme qui dirait que c’est ‘’pathologique’’. Certains wolofo-phones s’enorgueillissent à parler mal le wolof C’est pourquoi, à cet égard, le professeur Bado Ndoye, enseignant à la faculté de lettres de l’l’Ucad (Université Cheikh Anta Diop de Dakar), avec qui, Biram Fall et votre serveur avions mené un combat victorieux contre l’édification de la honte le ‘’ MEMORIAL DE GOREE’’ a tenté de monter que : Maurice Gôdelien n’a pas tort de dire que dans une relation de domination, la force la plus forte n’est jamais la force de celui qui domine, mais le consentement du dominé à sa propre domination.
Certains francophiles colonisés ne sont pas convaincus de la possibilité de travailler avec nos langues nationales pour ne pas dire qu’ils sont à les pratiquer si les francophones sont conscients des apports bénéfiques des langues (non pas le français essentiellement, mais des autres langues étrangères à nos langues), le francophile colonisé, lui, par paresse ou par ignorance, ne tolère même pas, qu’on lui parle de langues nationales. A fortiori de respect des règles de transcription. Ecoutons une fraction de seconde un journaliste d’une radio ou télévision lors d’une édition wolof de n’importe quel radio ou télé du Sénégal, pour se rendre du massacre.
Pour lui DEKK BI REWMI c’est du pareil au même. Très jeune, j’ai suivi Seex Anta Joop, dans une ses conférences après avoir présenté sa célèbre thèse de doctorat. A cette conférence tenue vers les années 55/58, à la salle des fêtes de Louga, il disait : ‘’Ndox mu topp mbartal, booko texqtal lee, daf lay jox dawaan’’.
Toute l’assistance wolofophone-francophone dans la salle a exulté de satisfaction, dison de joie. Parce que ce que nous pensions que ce Seex venait de dire on ne pouvait le dire qu’en français ou une autre langue étrangère. Et c’était le schéma du système de la centrale hydroélectrique ou le barrage hydroélectrique qu’il venait d’illustrer dans sa langue maternelle. Mais nous étions aliénés par le français à tel point que nous ne pensions que cela ne pouvait pas se traduire en wolof Mais tout ceci nous ramène à la question de fond qui est la question politique. Tant que les populations qui pratiquent réellement leurs langues ne décideront pas avec les patriotes sincères et conséquents les hommes qui accepteront de conduire leurs aspirations, la langue du colonisateur continuera d’exercer sa domination dans nos pays.
Ababacar Fall-Barros est ancien conseiller Municipal, Commune Mermoz Sacré Coeur
* Avant de rédiger ce texte nous avons pris le soin d’appeler à la Direction d’Alphabétisation, mais sans surprise, personne n’a décroché le combiné du téléphone