Depuis quelque temps, les faits dominants de l’actualité nous renvoient à une image devenue coutumière, celle d’un Sénégal en mal avec lui-même et livré à l’incertitude du lendemain. Comme savent exactement en fabriquer les virtuoses de la manipulation, pour mieux convaincre de l’utilité de leur démarche.
Ainsi, le Sénégal aurait besoin de se refaire pour mieux résister aux démons de la division. En dépit du calme de ses populations dont le quotidien n’est troublé par aucun début de fronde politique ou sociale et du rassemblement d’une majorité d’entre elles, seul critère de légitimité valable en démocratie, autour de son gouvernement. Si personne n’ignore comment les peurs savent nourrir le discours hérétique, rien dans l’expérience ne nous autorise à penser qu’elles gardent durablement la clé des intermèdes pacifistes.
Calculées et savamment factices, nos réconciliations ont plutôt tendance à nous plonger dans l’apnée démocratique, le temps que les pulsions partisanes reviennent en surface pour imposer leur urgence. C’est pourquoi il convient comme tout le monde, ou presque, de féliciter et d’encourager les présidents Macky Sall et Abdoulaye Wade pour leurs retrouvailles sincères, un adjectif qui, on le voit, n’a pas usurpé sa place dans le Sénégal d’aujourd’hui. Car pour une fois, le substantif est suspendu à l’accomplissement du qualificatif qui seul est de nature à lui donner d’exister.
Les hommes politiques que nous prétendons être doivent en effet toujours essayer d’aller au-delà de l’écume des choses pour ne pas risquer de se réveiller surpris. Adepte du compromis le plus large possible autour du président Macky Sall, nous n’avons cessé, depuis 2012, d’avoir le discours immuable de ceux qui pensent lui vouloir du bien : rassembler toutes les bonnes volontés, en commençant par ses alliés de la première heure. Ceuxci doivent être reconnus à la mesure de l’efficacité de leur engagement et si le choix devait s’imposer entre eux et les « nouveaux venus », dont nous-mêmes, qu’il n’hésite pas à rester fidèle au formidable esprit Benno et à son projet révolutionnaire. Nous sommes de ceux qui l’ont réélu et à des années d’intervalle, notre opinion est restée intacte. Nous n’avons jamais été pour le pouvoir à tout prix ni pour l’argent, nous sommes la compagnie des hommes de valeurs dans lesquelles nous-nous retrouvons et le président Sall est de ceux-là.
Voilà pourquoi contre vents et marées, malgré les difficultés parfois insoutenables du compagnonnage, nous demeurons avec lui. En même temps, ces valeurs nous imposent de la suite dans les idées et dans notre pratique. Commençons donc par renouveler notre engagement auprès du président Macky Sall afin qu’à travers nos actions, il « sente » en permanence la majorité qui vient de lui renouveler sa confiance. Cette même majorité a, depuis des années, affirmé son option pour la transparence dans la gestion de nos deniers publics et la « reddition des comptes ». Tout Sénégalais qui crie haro sur la CREI me pose problème s’il ne me paraît pas suspect.
Encore une fois, protégeons cette honorable institution et rendons hommage à l’action et au courage de ses membres. Contribuons au renforcement de la dignité de notre magistrature et respectons ses décisions. Aucun arrangement politique ne doit sauver ceux dont nous attendons qu’ils nous rendent notre argent volé. C’est là la véritable œuvre de démocratie sociale. C’est le chemin de l’égalité entre citoyens du même pays dont certains, jugés et condamnés, ont payé et paient encore le prix lourd de la justice.
Pour ce qui arrive à Khalifa Sall, enfin, nous nous réjouissons avec lui, après avoir salué le geste de haute portée de Monsieur le président de la République et nous être associé aux nombreuses marques de reconnaissance qui à l’occasion lui ont été témoignées par nos compatriotes. Inutile de revenir, ici, sur notre opinion plusieurs fois émise sur la question. Nous saluerons en revanche le message d’apaisement de Khalifa Sall qui confirme tout le bien qu’on pense de lui : en inscrivant ses longs mois de prison dans sa trajectoire naturelle de croyant, il démontre qu’il n’a ni haine, ni vengeance, ni calcul ; qu’il n’a surtout aucun agenda enfoui sous le vernis d’une brusque éruption de bonnes intentions, qui serait la conséquence de son élargissement ou d’un quelconque espoir de renaissance politique.