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La Position Du Pit Sur La Question De L’Éco

Dans les « Thèses d’orientation et de Programme » adoptées lors de son VI ème Congrès  en 2016, le PIT avait d’ores et déjà décliné sa feuille de route à propos de la CEDEAO et  de sa monnaie commune.

 Voilà un extrait de ces « Thèses », consacré à cette question.

« Ainsi, pour une  croissance  forte, en  mesure  de sortir  nos peuples du sous- développement,  il est devenu impérieux  de  mettre fin  aux accords monétaires entre les pays de l’UEMOA et la France, qui ont institué  la Zone Franc et l’arrimage de sa monnaie à l’Euro.

Par conséquent, l’avènement de la monnaie commune au sein de la CEDEAO représente une opportunité, pour les pays de l’UEMOA, pour retirer leurs réserves du Compte d’Opération du Trésor Français, et participer à la création de cette monnaie commune sous régionale non arrimée à l’Euro.

D’autant que le maintien de la Zone Franc et de l’UEMOA, s’il est un obstacle  au développement économique des pays membres, l’est aussi pour  la consolidation de la CEDEAO à travers l’adoption d’une monnaie commune.

Au total, la création du « G5 », dans le cadre de l’ « Opération Barkhane »  de la France, et  la mise en place, sous le sillage d’ARICOM des USA, du « Comité inter Régional pour la Sûreté et la Sécurité du Golfe de Guinée »,  présidé par le Sénégal, sont le résultat de rapports de forces au sein de la CEDEAO, qui sont favorables aux intérêts géostratégiques de ces grandes puissances impérialistes,  contrôlées par  les tenants  du « complexe militaro industriel et financier » de ces deux pays.

Il se trouve qu’aux aléas du marché que nous impose notre intégration dans le système d’exploitation capitaliste à sa phase de financiarisation mondialisée, s’ajoutent les changements  climatiques qui rendent vulnérables nos agricultures,  affaiblissant  ainsi  nos capacités de production.

Les effets négatifs du changement climatique sur nos ressources  naturelles, (végétales, animales  et minières), nos capacités de production, et notre mode d’habitat en milieu rural, exacerbent à souhait les difficultés résultant de notre dépendance économique et politique, et nous posent des défis, comme celui de Ebola,  que nos pays, pris individuellement,  sont incapables de relever.

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La CEDEAO est donc devenue,  pour nos Etats, un enjeu stratégique, et un challenge à relever,  pour non seulement réunir les conditions nécessaires au recouvrement de notre souveraineté politique, économique, et culturelle,  mais aussi, pour faire face aux changements  climatiques, grâce à son potentiel hydraulique et énergétique.

Elle est aussi la voie obligée, pour nos peuples,  pour aller vers l’Unité Africaine.

C’est cet impératif qui devrait faire de la CEDEAO, un enjeu de politique nationale dans chaque Etat membre.

Pour ce faire, il est nécessaire que la CEDEAO  se dote d’une institution législative constituée d’une « Assemblée  Fédérale », élue au suffrage universel direct dans chaque Etat membre, à la place de la «  Chambre consultative » actuelle, et d’un Sénat,  dont les membres seraient les chefs de l’Etat des pays membres élus au suffrage universel direct dans leurs pays respectifs.

Le Senat élirait en son sein le président de l’Etat Confédéral de la CEDEAO,  et l’Assemblée Fédérale nommerait un Premier Ministre issu de ses rangs.

Une telle configuration institutionnelle de la CEDEAO  permettrait de mettre  la monnaie commune  en 2020, au service d’une politique économique visant l’intégration des Etats et  peuples d’Afrique de l’Ouest.

Sans une telle évolution institutionnelle concomitante, la monnaie commune  vivra les mêmes avatars que vit l’Euro aujourd’hui, c’est-à-dire, se mettre sous le contrôle du Capital financier.

 Ainsi, les agendas politiques pressants dans notre Sous- région sont devenus la consolidation  du marché commun obtenu grâce au  TEC,  la création d’une monnaie commune en 2020 et la mise en place  des forces de Défense et de sécurité communes, sous l’égide d’un Gouvernement fédéral.

La prise en charge de ces « agendas », dans chaque Etat membre, pour ce qui est des luttes politiques nationales,  devrait contribuer à rassembler toutes les forces vives acquises à cet objectif dans chaque pays, afin que la lutte pour des Alternances démocratiques en fasse une partie intégrante des programmes alternatifs soumis à nos peuples.

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Au total, le problème dans notre sous-région réside essentiellement dans la nature sociale des forces qui contrôlent les Etats, et non dans l’absence de ressources naturelles et humaines, en mesure de satisfaire aux exigences de souveraineté et de développement économique et  de justice sociale, dans la sauvegarde de notre environnement.

Ainsi, c’est de l’issue des rapports de force au sein des  partis politiques et dans la société civile à l’intérieur de chaque pays, et dans la sous-région,  autour des  défis de souveraineté nationale et d’intégration sous régionale,  que dépendent le succès ou l’échec du projet de partition de nos Etats et de  leur mise sous tutelle, et nos capacités à relever les défis du développement  de nos peuples, et de la dégradation de l’environnement.

Le mouvement de libération nationale, dans notre sous-région, entre donc dans une nouvelle phase qui impose  la promotion d’une vaste alliance des forces patriotiques acquises à la République démocratique et citoyenne de justice sociale, dans chaque pays, pour venir à bout des forces qui, dans nos pays respectifs et dans la sous-région, sont au service des objectifs géostratégiques de la France et des USA. »

 Mon commentaire :

Depuis lors, les évènements ont orienté nos chefs d’Etat dans la bonne direction.

En effet, les critères de convergence économiques ont été adoptés au  Niger, pour permettre la mise en place de la monnaie commune, l’ECO, dès 2020, dotée d’un taux de change flexible par rapport à un panier de devises.

Ensuite,  l’aggravation de la déstabilisation du Mali, du Niger, du Burkina face à l’impuissance du « G5 »,  d’une part,  et du Nigéria, d’autre part,  par les organisations islamistes djihadistes et leurs menaces ouvertes proférées contre le Sénégal, la Guinée et la  Côte d’Ivoire où vit une grande Communauté Pular, ont  amené nos chefs d’Etat, lors de leur récent sommet au Burkina,  à décider de réunir nos Forces de Défense et de Sécurité, pour mieux faire face et assurer en commun la sécurité de leurs peuples et l’intangibilité de leurs frontières héritées du colonialisme. 

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Ainsi, avec le TEC, l’ECO et l’organisation commune de nos forces de défense et de sécurité, l’intégration sous régionale a franchi des étapes importances qui restent à consolider par une intégration politique des Etats de la CEDEAO.

Ni  la France, ni l’Union Européenne ne peut rester indifférente face à cette évolution, qui signe leur perte de parts de marché et d’influence politique dans nos pays.

Mais les Etats-Unis peuvent y voir une opportunité pour mieux contrôler le Golfe de Guinée, pour la défense de ses intérêts économiques et géostratégiques qui sont  menacés par la Chine.

Il ne s’agit donc pas pour la CEDEAO,  de changer un «  maître par un autre », mais bien de consolider son intégration pour mieux  assurer sa  souveraineté et la sécurité de ses peuples, et se positionner dans les enjeux posés par l’avènement « la Zone de Libre Echange Continentale d’Afrique » (ZLECA).

Ce sont la signification de ce tournant historique et les défis qu’il pose à nos Etats et à nos peuples, que l’on cherche à occulter dans des agendas électoraux explosifs, qui absorbent l’essentiel des énergies des forces vives de nos pays, dans une lutte fratricide pour le contrôle du pouvoir, et non  « autour des  défis de souveraineté nationale et d’intégration sous régionale,  que dépendent le succès ou l’échec du projet de partition de nos Etats et de  leur mise sous tutelle, et nos capacités à relever les défis du développement  de nos peuples, et de la dégradation de l’environnement ».

C’est dans ce cadre que se situent ceux qui jettent le doute sur la faisabilité de l’ECO en 2020, visant à désarmer les forces vives de nos pays, pour isoler nos chefs d’Etat qui seront ainsi, pour les grandes puissances occidentales, des proies plus faciles à influencer ou à destituer si nécessaire.

Les pan-africanistes de tous bords, au pouvoir, dans l’opposition et dans la société civile, sont interpelés !







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