Le 24 Octobre prochain, quand le président Vladimir Poutine ouvrira le sommet Russe-Afrique à Sotchi, en présence de ses homologues africains, ce sera certainement le temps de redéfinir le retour en Zone, en Afrique, de ce qui fut l’Union des Républiques Soviétiques Socialistes (URSS), du temps de sa superbe ; devenue la Russie.
En effet, l’ex URSS devenue la Russie, est liée, avec beaucoup de pays africains, par des relations traditionnellement amicales, éprouvées par le temps. L’URSS a joué un rôle significatif dans la libération du continent en aidant la lutte des peuples d’Afrique contre le colonialisme et pour la décolonisation (Angola, Bénin, Ethiopie, Mozambique, Cap-Vert, Guinée Bissau, Guinée Conakry, Mali) mais aussi contre le racisme et l’apartheid (Afrique du Sud, Zimbabwe).
Plus tard, l’ex URSS a beaucoup aidé certains pays Africains à protéger leur indépendance et leur souveraineté, à établir des États, à mettre en place les fondements des économies nationales (socialistes), à créer des forces armées aptes au combat. D’ailleurs, ce sont les Soviétiques, à l’époque, qui ont construit dans ces pays-là, d’importantes infrastructures, notamment, des centrales hydroélectriques, des routes, des entreprises industrielles. En retour, de milliers d’Africains ont reçu une formation professionnelle de qualité dans les grandes écoles soviétiques, dont notamment en Electricité, en Développement rural et en Agronomie.
Ainsi, de 1960 à 1986, l’ex URSS devenue la Russie était bien présente dans le jeu des acteurs en Afrique, que ce soit en Afrique du Nord (l’Egypte sous Nasser), en Afrique de l’Ouest (Bénin, Mali, les deux Guinée, au Cap-Vert), en Afrique centrale (Congo Brazzaville), en Afrique de l’Est (Ethiopie) et en Afrique australe (Angola, Mozambique, Zimbabwe).
Ce qui intéresse la Russie en Afrique
C’est donc sous la Perestroïka et la Glasnost, sous Gorbatchev, que l’ex URSS devenue la Russie, va se retirer progressivement du continent africain. Et depuis, l’essentiel des échanges commerciaux entre la Russie et les pays africains, le sont dans le domaine de la vente d’armes. A titre d’exemple, en 2018, 49% des armes achetées en Afrique du Nord, provenaient de la Russie, contre 28% pour l’Afrique subsaharienne. Toujours en 2018, le volume des échanges commerciaux entre la Russie et l’Afrique, tournait autour de 20 milliards de dollars, bien loin des 200 milliards de dollars d’échanges commerciaux entre la France et l’Afrique, par exemple.
Le président Vladimir Poutine, il y a donc quelques années, a commandé une étude exhaustive sur l’Afrique, à l’Institut Russe d’Études Africaines de l’Université de Leningrad. Les conclusions déposées sur la table du président Poutine, révèlent que la Russie pourrait bien monter en volume, en puissance et en gamme, dans sa coopération bilatérale et multilatérale avec l’Afrique, notamment sur deux leviers : (1) accéder à la haute profitabilité économique sur les marchés domestiques africains, dont notamment le pétrole, le gaz et les minerais et (2) accéder à l’enviable marché de consommateurs africains projetés à deux milliards de consommateurs d’ici à 2050.
Ce que les chefs d’Etats africains attendront de la Russie
Du côté des pays africains, il sera plus attendu de la Russie, de les accompagner dans la lutte contre les mouvements insurrectionnels (printemps arabes) en Afrique du Nord, et dans la lutte contre le terrorisme, surtout dans la bande du Sahel. Et oui, c’est la raison pour laquelle tous les présidents du G5 Sahel, seront présents à cet important sommet à leurs yeux. Pourquoi ? Parce que la Russie, à travers la société Wagner, qui est une société militaire privée russe enregistrée en Argentine (parce que la législation russe ne reconnaît pas les sociétés militaires privées), dirigée par l’oligarque Evagueni Progogine, proche du Kremlin et dont sa société Wagner est très liée au Ministère Russe de la Défense, a fini de faire ses preuves sur le plan de la guerre à travers le monde. Que ce soit au Vénézuela où Wagner a ‘’sauvé’’ le pouvoir de Maduro, que ce soit en Ukraine où Wagner a été au front au Donestk, que ce soit en Centrafrique en 2018 où Wagner a pu sauver ce qui reste du pouvoir de Touadéra, que ce soit en Syrie où Wagner a maintenu au pouvoir le régime de Bassar Al Assad contre la puissante coalition occidentale.
Le Cas Wagner, la société militaire privée russe
Seulement, et c’est là où il sera très important de suivre les travaux de ce sommet de Sotchi, c’est qu’à l’éventualité que la Russie accepte, à travers la société militaire privée russe, Wagner, de s’engager avec les pays du G5 Sahel dans la lutte contre le terrorisme, qui paiera la facture ? Pour ces genres d’opérations, cela devrait coûter des centaines de milliards de dollars. Ce que ne peut pas supporter les budgets des pays africains du G5. Cela, c’est la question financière. Il restera la question politique qui est celle-ci : sous quel mandat, Wagner interviendra t-il au Sahel, si on sait que les forces en présence y sont sous mandat de l’ONU ? Tout un rapport de force en perspective.
Et ce serait fort dommageable que les pays du G5 Sahel, laissent passer entre leurs doigts, la solution russe pour éradiquer le terrorisme et le grand banditisme, tant qu’il est vrai que la paix et la sécurité collective, précèdent au Développement. Surtout dans la bande soudano-sahélienne où dans cette partie de l’Afrique, nous sommes ni plus ni moins, en guerre contre le terrorisme et le grand banditisme. Les chefs d’Etat du G5, troqueront-ils la sécurité collective et la paix civile de leurs populations et de leurs Etats, contre du sentimentalisme-paternalisme? Wait and see. En attendant, Президент Товарищ Владимир Путин добро пожаловать в ваш дом (Président Camarade Vladimir Poutine, Bienvenue chez vous!