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Un(e) Mouride Peut En Cacher un(e) Autre : Les Nécessités D’une Réforme Radicale

Un(e) Mouride Peut En Cacher un(e) Autre : Les Nécessités D’une Réforme Radicale

«[…] Dieu me suffit ai-je répondu et je me contente de Lui et rien ne me satisfait si ce n’est la Religion et la Science […] Je ne crains que mon Roi et ne porte mes espoirs qu’en Lui ; comment disposerais-je d’ailleurs ma destinée entre les mains de ceux-là qui sont incapables de régler leur sort ?[…]» (Massàlik al Jinàn, p.2)

Ces paroles ci-dessus, Cheikh Ahmadou Bamba les prononça à la suite de l’oraison funèbre de son père lorsque les dignitaires lui conseillèrent d’occuper la fonction de conseiller du roi. Ces paroles sont d’une charge pédagogique et spirituelle inépuisable pour les disciples qui savent raisonner et faire preuve de discernement. D’emblée, nous signalons que nous ne sommes suffisamment pas outillé pour faire l’exégèse des paroles d’un Sufi de la tempe de Cheikh Ahmadou Bamba encore moins en cerner l’hermétisme des contours physique et métaphysique de ces paroles. Encore faut-il simplement en déduire un message de rappel de la foi et une crainte révérencielle en Dieu au moment où le Sénégal semble vivre une crise spirituelle sans précèdent.

Il convient de rappeler d’abord que cette foi avec comme corolaire la crainte révérencielle en Dieu fut la seule arme de Cheikh Ahmadou Bamba contre tout un dispositif militaire et psychologique mis en branle par l’autorité coloniale française d’alors. L’objectif principal visé par cette dernière était de le nuire, le liquider et/ou lui faire renoncer à son projet d’éducation et de formation de ses disciples. Autrement dit, à travers sa foi inébranlable en Dieu, il a pu écraser la machine coloniale et redorer le blason de l’islam dans le monde sous peine de plusieurs arrestations, de déportations, d’isolements et de privations. Le Cheikh tint bon et continua de s’abreuver dans la béatitude de son Seigneur et trouva refuge et consolation dans les chants et poésies qu’il consacra à son bien-aimé et fidèle compagnon le Prophète Moha­mmed (Psl). Bref, tous les actes que Cheikh Ahmadou Bamba avait posés sur terre sont en harmonie avec les commandements de son Seigneur et en droite ligne avec le Coran et la Sunna du Prophète Mouhamed (Psl).

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A bien comprendre les paroles du Cheikh ci-dessus, et à bien contempler la praxis doctrinaire du Mouridisme tel qu’il est vécu par une catégorie d’individus se réclamant leur appartenance au Cheikh, on ne saurait que s’interroger. Pure ignorance de la doctrine de Cheikh Ahmadou Bamba ? Mauvaise interprétation de cette doctrine ? Ou une absence d’outils épistémologiques pour pénétrer ces écrits ? Nous ne saurons répondre à ces questions, et laissons nos lecteurs toute la latitude de cette appréciation à partir de leurs propres stations ou expériences vécues.

Nous disons simplement que ces ennemis de l’Iislam, en l’occurrence les autorités coloniales, auxquelles le Cheikh Ahmadou Bamba faisait face, avaient des visages et une doctrine clairement définie. Ils avaient exprimé ouvertement leur désamour à l’égard du Cheikh et leurs désirs de conquête territoriale sous le joug des canons et de subjugation culturelle et spirituelle par le truchement des écoles françaises. Tout compte fait, les ennemis du Cheikh étaient connus, visibles et ne cachaient pas leur agenda.

Loin s’en faut, quelques siècles après cette confrontation ou Cheikh Ahmadou Bamba en est sorti victorieux, ses ennemis du temps moderne sont nouveaux. Ils sont à l’interne, ils sont à la périphérie de cette doctrine mouride dont ils vivent sans la vivre. Bref, leur «mourididité» est en déphasage avec la doctrine enseignée par le Cheikh. Nous ne saurons juger leur âme, mais avons le droit de critiquer leurs actes qui sèment la division entre les confréries religieuses et manipulent certains écrits du Cheikh à des fins lucratives, politiques, de gain de pouvoir, de statut social et que sais-je encore.

Ces individus choisissent les mosquées à prier, ils clament à cor et à cri qu’ils sont de fervents musulmans, mais ils sont en contradiction flagrante des préceptes de l’islam et de la Sounna du Prophète Mohammed (Psl). Ils divinisent Khadimou Rassoul et jurent en son nom pour des contre-vérités, des falsifications, des vols. Ils s’adonnent à des pratiques du charlatanisme et du voyeurisme ambiants pour se faire une place dans la société, pour usurper des fonctions et s’autoprogrammer les attributs de marabout, de cheikh, d’imam et s’arroger le droit exclusif divin en surfant dans le discours coranique pour promettre le paradis à ceux qu’ils aiment, l’enfer à ceux qu’ils détestent, la perdition à ceux qui ne les croient pas.

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Plus grave encore, ils pèchent par simplification dans les cimetières et certains les lieux de culte pour promettre le paradis aux malades et aux morts et amputent toute la responsabilité de l’intercession du jugement dernier sur le dos de Cheikh Ahmadou Bamba. A ceux-là et à celles-là, Cheikh Ahmadou Bamba est on – ne peut plus – clair et il avertit en ces dires colportés par ceux qui lui étaient très proches : «[…] Je ne connais pas un paradis qui existe dans les cieux où l’on peut entrer sans l’adoration exclusive et crainte révérencielle de Dieu. Ce paradis n’existe pas chez moi, Ahmadou Bamba, mais si vous l’avez trouvé ailleurs, allez-y, je ne vous empêcherai pas d’y aller […].»

Ces mots du Cheikh font peur, car ils sont en parfaite symbiose avec les propos coraniques, comme illustré encore par Cheikh Ahmadou Bamba dans Massàlik al Jinàn : «Ceux qui auront craint leur Seigneur seront conduits par groupes vers le Paradis. Lorsqu’ils seront en vue des portes, celles-ci s’ouvriront toutes grandes, les préposés leur diront : ‘’que la paix vous suive ! Vous avez été si vertueux, si purs. Entrez en cette demeure pour un séjour éternel’’. Les voix des bienheureux s’élèveront en chœur : ‘’Louange à Dieu ’’.»

Quoi qu’il en soit, encore une fois, nous ne saurons jamais juger l’âme de ces individus-là, car nous en savions rien de nous-même, mais nous pouvons dire sans risque de nous tromper que tout acte posé, s’éloignant de l’adoration exclusive et la crainte révérencielle de Dieu, du Coran et la tradition prophétique, n’est pas de Cheikh Ahmadou Bamba, car toute sa doctrine repose sur la dimension du «Jihad al-Nafs» qu’on retrouve encore une fois dans sa fameuse œuvre, (Massàlik al Jinàn, ou Les itinéraires du Paradis, p.65).

«-Ton âme charnelle fait partie des créatures, c’est le plus dangereux des ennemis de l’homme comme on l’a mentionné dans la relation.

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-Ne cède jamais à ses désirs, mon ami, ne lui rend jamais grâces ; traite-le avec dureté et soupçon – Certes l’honneur de l’homme (à l’au-delà) est évalué en fonction des déboires de son âme et de ses peines (dans ce monde).

-Combats cette âme “charnelle” en exécutant l’ordre d’Allah pour élever Sa voix si tu es intelligent.

-Demande-lui compte à chaque instant, ainsi tu facilites ton règlement du compte devant le Seigneur.

-Rappelle-lui la mort, tout le temps.»

A l’ère du numérique où la vérité est devenue orpheline et les écrits des saints comme ceux auxquels nous faisons référence au-dessus sont souvent occultés ou même à la merci de falsifications à des fins lucratives, politiques, culturelles, de guerres de positionnement et de prestige sociale, il urge à cette large catégorie du Mouride «parfait», imbu de la doctrine de Cheikh Ahmadou, de sortir de leur mutisme pour porter cette bataille spirituelle et mener la croisade intellectuelle contre ces nouveaux ennemis de Cheikh Ahmadou Bamba et de l’islam par extension.

Nous qui sommes né, vécu, éduqué au cœur de Touba savons que combattre ces ennemis de Serigne Touba ne sera pas facile et il ne sera pas de tout repos, car ils sont puissants et stratèges. Ils sont tantôt tapis dans l’ombre des médias avec leurs relais à ramifications nationales et internationales, tantôt tapis dans l’ombre des cérémonies et commémorations religieuses souvent vidées de leur sens pour revêtir les parures de «femmes-cheikh» et «d’homme-sokhna» en totale rupture de ban non seulement avec la doctrine du Mouridisme, mais avec les fondements même de l’islam.

Nous prions que l’actuel Calife, Serigne Mountakha Bassirou, ait une très longue vie pour que toutes les actions qu’il est en train d’inscrire dans cette belle dynamique de paix et de réconciliation de l’Homme avec son Seigneur et de l’homme avec son prochain trouvent leur écho dans le cœur de tous les Sénégalais pour une cohabitation confrérique pacifique et durable.

Dr. Moustapha FALL ​

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