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Tivaouane Ville Verte, Un Modele Pour Le Senegal Et L’afrique

Tivaouane Ville Verte, Un Modele Pour Le Senegal Et L’afrique

Faire de la ville religieuse de Tivaouane un modèle de ville verte et prospère au rayonnement international dont le développement urbain serait basé sur une gouvernance inclusive, une gestion rationnelle de l’eau et des déchets solides, soutenus par des innovations technologiques et sociales performantes, tel est l’énoncé de vision partagée par les principales parties prenantes à l’horizon 2035.

Cette vision stratégique et partagée se fonde sur les principes du développement durable pour le rayonnement de la ville au-delà des frontières du pays, tout en consolidant ses fonctions religieuses qui exigent une amélioration et une gestion efficiente des services urbains pour accueillir un plus grand nombre de pèlerins.

A Tivaouane, la démarche a consisté à s’accorder sur les problématiques majeures et les grandes priorités de la ville à travers un diagnostic territorial qui fait ressortir son potentiel stratégique en termes de croissance verte. La naissance de la ville est fortement liée au développement des fonctions économiques en tant carrefour commercial au cœur du vieux bassin arachidier. Son développement s’est fait en plusieurs étapes. Celui-ci a débuté durant l’époque coloniale, durant laquelle le village de Tivaouane jouait un rôle central dans l’exploitation de l’arachide.

En 1902, s’est ensuite installé le guide religieux, le vénéré El Hadj Malick Sy (RTA), qui a contribué à l’extension de l’agglomération et a consolidé sa fonction de ville religieuse. Depuis cette date, la population de la commune n’a cessé de croitre, sous l’effet combiné de plusieurs facteurs démographique, l’immigration, l’exode rural, le développement du tissu industriel dans le Département Tivaouane, le rattachement des villages environnants au périmètre communal.

Face aux contraintes d’extension spatiale et à une pénurie foncière à laquelle fait face la ville religieuse, les autorités ont pris des mesures visant à rattacher les villages périphériques au périmètre communal. Ce qui fait qu’aujourd’hui, il est passé de de 550 ha à 1510 ha. 73,58 % de la population actuelle vit dans les quartiers et 26,42 % dans les villages rattachés. En 2017, la population était de 71.482 habitants, elle est estimée à 95.829 habitants en 2025. En 2035, elle atteindrait près 125.000 habitants.

 La ville dispose d’un réseau d’infrastructures satisfaisantes qui est liée à son statut de capitale religieuse de la Tidiania. D’importants projets y sont prévus, et d’autres sont en cours de mise en œuvre. La ville de Tivaouane présente une relative accessibilité et un positionnement géostratégique porteur d’opportunités économiques. L’économie locale est dominée par le commerce et l’artisanat qui ont supplanté le secteur agricole qui souffre d’un certain nombre de conditions défavorables. C’est dans ce contexte que la cité religieuse de Tivaouane a été retenue par le Gouvernement du Sénégal pour faire partie des villes éligibles au programme de développement des villes secondaires vertes mis en œuvre avec l’accompagnement de l’Institut mondial pour la Croissance verte (Global Green Growth Institute – GGGI), une organisation intergouvernementale dont le siège est à Séoul en République de Corée dont le Sénégal est un des trente-deux (32) pays membres depuis Novembre 2014. GGGI développe le concept de villes vertes dans 18 autres pays à travers le monde.

En Afrique, le Rwanda et le Sénégal sont les deux premiers pays à dérouler un tel programme. Des processus similaires sont aussi développés par l‘organisation intergouvernementale en Inde, en Indonésie, en Jordanie, au Viet Nam, au Mexique et en Thaïlande. Tel que conçu par GGGI, les villes vertes visent la mixité des fonctions urbaines, la promotion de l’efficacité énergétique et l’utilisation des énergies renouvelables et de matériaux locaux, la gestion durable des terres, le transport respectueux de l’environnement, la valorisation des déchets soutenus par une gouvernance verte et inclusive.

Au Sénégal, le Programme de développement des villes vertes vise à accélérer la transition des villes secondaires vers une Croissance verte, en réponse au changement climatique afin d’apporter des solutions aux défis liés à l’urbanisation effrénée. Il s’agit d’aujourd’hui de concevoir et de gérer différemment les villes à travers un autre modèle de développement urbain intégré et plus résilient en ayant recours à des démarches inclusives, des solutions innovantes notamment dans les secteurs du bâtiment, des transports et de l’assainissement à travers des politiques et des projets structurants, vecteurs de la transition énergétique.

Le modèle classique de planification urbaine ayant montré ses limites, l’accent est mis sur le nécessaire changement de paradigme et d’opter pour un nouveau modèle de développement urbain qui donne plus de place aux énergies renouvelables et qui offrent une meilleure qualité de vie aux citoyens. La stratégie « Tivaouane Ville Verte en 2035 » a été élaborée dans cette perspective, selon une approche inclusive basée sur le dialogue et la concertation.

A Tivaouane, le processus a suscité un engagement de la municipalité et des autorités religieuses au plus haut niveau. Il a démarré par la mise en place d’un Comité local de concertation chargé d’accompagner le processus et d’impulser une dynamique interne autour de l’élaboration de la stratégie de développement de Tivaouane en ville verte. Cette large concertation a permis de convenir d’une vision partagée du devenir de la ville. Les orientations stratégiques définies permettent de rendre opérationnelle cette vision et mettent l’accent sur les priorités de la ville qui portent sur les aspects liés à la mise en place d’un système intégré de gestion de l’assainissement liquide et solide.

La stratégie de développement de Tivaouane en ville verte est conçue comme un projet de territoire cherchant à renforcer la résilience urbaine face aux inondations et catastrophes naturelles, ainsi que la compétitivité économique pour conforter sa position stratégique au sein de la région de Thiès, tout en préservant son environnement et ses ressources naturelles. La « Feuille de Route » pour la mise en œuvre de cette stratégie s’articule autour de trois programmes, déclinés en un portefeuille de 16 projets prioritaires, pour conduire la transition de la ville vers la croissance verte sur une période de 5 ans (2018-2022).

 Les actions phares identifiées portent sur la nécessité de promouvoir l’efficacité énergétique, de maitriser l’occupation du sol en luttant contre les risques d’étalement spatial et en procédant à la restructuration des zones irrégulières, de développer une approche de marketing territorial et de veiller à l’application et au financement du Plan Directeur d’Urbanisme (PDU). En s’inscrivant dans cette approche, la ville sainte de Tivaouane deviendrait l’une des premières villes africaines à adopter une stratégie de développement en ville verte. Une charte d’engagement visant à concrétiser le consensus et l’engagement des parties a été signée.

Les signataires ont pris l’engagement de pérenniser les orientations convenues et de rendre opérationnels les projets déclinés dans la Feuille de Route. Il s’agira pour les acteurs de favoriser la mise en œuvre d’une politique intégrée et inclusive de gestion urbaine pour un développement solidaire et durable du territoire, afin de permettre plus d’épanouissement aux citoyens, d’offrir plus d’opportunités, plus de sécurité et un meilleur cadre de vie de manière à renforcer l’attractivité et les performances économiques de la ville de Tivaouane.

Les leçons apprises de cet exercice ont permis de déceler un grand intérêt des communes et du Gouvernement compte tenu des opportunités d’investissements dans les secteurs porteurs d’innovation que peuvent offrir les villes vertes pour contribuer ainsi à accélérer la transition vers un nouveau modèle de développement économique durable et inclusif. La phase critique des investissements va démarrer à Tivaouane à travers un financement mobilisé pour la mise en place d’un système durable d’assainissement autonome susceptible de promouvoir la création d’emplois verts et de services ayant un impact positif sur le niveau de vie des habitants à travers la valorisation des boues de vidanges en énergie et en compost au profit de la population locale, du secteur privé et de la municipalité. Cette expérience pilote conduite à Tivaouane sera mise à l’échelle dans le but d’atteindre plus de localités en vue d’amplifier l’impact. Ainsi, dix localités additionnelles vont bénéficié de l’assistance technique de GGGI dans le cadre du programme de développement des villes secondaires vertes au Sénégal.

Ale Badara SY

Urbaniste,

Spécialiste en Développement des villes vertes Bureau national GGGI – Institut mondial pour la Croissance verte Dakar, Sénégal







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