J’atteris à l’instant à Johannesburg, après les Ateliers de la pensée à Dakar. Lors de ces assises, j’ai présenté une communication sur le thème : Peut-on être étranger chez soi ?
Je rentre dans un pays qui fête sa victoire. Il est le nouveau champion du monde de rugby. Le rugby fut longtemps l’un des piliers du nationalisme Afrikaner ici. La pointe avancée du système de ségrégation raciale qui relégua les Noirs aux marges de leur propre pays. Les temps ont-ils donc changé ?
Hier ou avant-hier au Cap, des réfugiés africains, qui depuis plusieurs semaines ne demandent qu’à quitter ce pays, ont été brutalisés par la police, hommes femmes et enfants inclus. Dans la violence, des enfants ont été séparés de leurs parents. Des hommes et des femmes ont été tabassés et d’autres ont été blessés.
La question que nous nous sommes tous posé à Dakar, à savoir si l’on peut être étranger chez soi, éclate donc à ma face, à peine ma valise rangée. Au rythme où va le monde, elle sera avec nous pour très longtemps.
Puissent des moments d’esperance comme ceux que nous avons vécu à Dakar continuer à nous nourrir et à nous faire rêver, car la dure réalité, elle est là. Et c’est elle qu’il s’agit d’infléchir. Mais pour y arriver, nous avons besoin des rêves de tous et de chacun.
Texte recueilli de la page Facebook de l’auteur.