Le succès éclatant des travaux de l’atelier régional de concertation sur l’éducation financière, organisé du 28 au 29 octobre 2019 à Dakar sous l’égide de la Bceao, est une occasion privilégiée d’ériger l’éducation financière au rang de priorité sous régionale. A cet égard, il faut se féliciter des actes posés par la Banque centrale qui a fait de l’éducation financière un enjeu majeur, avec la mise en place de la stratégie régionale de l’inclusion financière.
Par définition, l’éducation financière renvoie à l’acquisition de connaissances sur les produits et leurs opportunités, concepts, et risques financiers, la mise à disposition de la bonne information de conseils éclairés pour améliorer le bien-être économique. Elle permet aussi d’éviter le gaspillage et de développer le réflexe de souscrire à des polices d’assurance. Le grand public est visiblement loin d’être familier aux concepts liés à l’activité bancaire et assurantielle.
L’éducation financière de masse au service de la pauvreté et l’exclusion monétaire
L’éducation financière de masse en vue d’une meilleure gestion quotidienne des revenus et dépenses pourrait induire un changement de comportement chez les segments les plus exposés ou vulnérables. Elle constitue à ce titre un outil efficace de lutte contre la pauvreté et pour éviter ainsi le piège du surendettement.
Avec une bonne éducation financière, chaque Sénégalais pourra faire des choix judicieux sur l’utilisation de son budget personnel (achat d’un logement, financement des études des enfants, complément de revenu à la retraite, etc.), développer le réflexe d’épargner, éviter les situations délicates et vaincre le gaspillage.
L’éducation
financière des Pme, un levier pour une émergence du secteur privé
Pour les Pme, le besoin de renforcement des connaissances sur l’offre de financement et ses conditions d’accès, les types de garantie et d’assurance requis, la gestion des contentieux avec les établissements de crédit constituent ainsi autant de préoccupations à résoudre pour l’essor et le développement de la petite et moyenne entreprise qui constitue l’essentiel de notre tissu économique.
De ce point de vue, l’amélioration du niveau d’éducation financière des Pme contribue à stimuler à la fois la demande de crédit et l’offre de financement des institutions financières.
Pourquoi une offensive contre l’analphabétisme financier au Sénégal ?
La crise des «subprimes» aurait pu être évitée si les consommateurs américains avaient une plus grande formation en éducation financière. Mais il faut aller plus loin. La population sénégalaise actuelle pourrait bientôt devenir la plus riche de toute l’histoire de notre Nation avec la découverte du gaz et du pétrole ainsi que les nombreuses ressources minières ; d’où l’impérieuse nécessité de lutter dès à présent contre l’illettrisme financier.
Encore frais dans les esprits, le cas de certaines stars ou célébrités, des héritiers des grandes fortunes qui ont eu à amasser beaucoup d’argent et qui se retrouvent subitement ruinés par manque d’éducation financière.
Plusieurs initiatives et actions ont été menées sous l’égide de l’Oqsf pour le renforcement du niveau de culture financière de nos concitoyens. Au vu de ces diverses expériences acquises, un plaidoyer est toutefois nécessaire pour mettre en selle une éducation financière inclusive.
Il s’agira ensemble (Etat, secteur privé, société civile), de faire face aux défis ci-après : synergie des actions autour de l’Oqsf avec des orientations communes, financement de la seconde phase du programme, insertion des modules d’éducation financière aux programmes scolaires et universitaires, développement d’outils innovants d’éducation financière par le digital, etc.
C’est l’occasion de remercier les partenaires techniques financiers pour leur accompagnement dans cette nouvelle aventure au profit du développement économique et social de notre pays.
M. Habib NDAO
Secrétaire Exécutif
Observatoire de la qualité des services financiers (Oqsf)/Sénégal