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Arrêt De La Centrale à Charbon De Bargny Et Sortie Du Khalife Général Des Tidianes : La Fin De L’industrie Charbonnière Commencera-t-elle Par Le Sénégal ?

Arrêt De La Centrale à Charbon De Bargny Et Sortie Du Khalife Général Des Tidianes : La Fin De L’industrie Charbonnière Commencera-t-elle Par Le Sénégal ?

L’annulation de la tenue de la Cop25 à Santiago est loin d’avoir sapé le moral des activistes et organisations qui militent en faveur de la justice climatique. Lumière synergie développement (Lsd), Women and gender action présentent ce mardi 5 novembre à Abidjan les résultats d’une recherche centrée sur les impacts négatifs causés par la centrale à charbon de Bargny.

Dans cette etude, les femmes de la commune de Sendou ne mâchent pas leurs mots. Elles s’insurgent notamment contre l’entassement des déchets toxiques en provenance de la centrale, la raréfaction des res­sources halieutiques, la pollution de l’eau de surface et de mer, les problèmes de relogement, les irrégularités dans le processus d’indemnisation ainsi que les autres risques sanitaires à moyen et long terme auxquels elles sont exposées si la centrale ne ferme pas ses portes d’ici peu. Elles dénoncent le rôle des banques comme la Banque africaine de développement, la Compa­gnie bancaire de l’Afrique de l’Ouest (Cbao) et le Netherlands development bank (Fmo) qui ont financé un projet qui est en train de conduire à une mort lente, mais certaine.

Cette énième action de contestation contre la centrale intervient alors que le projet traverse une phase difficile sur le plan technique et financier. D’après un dossier d’investigation mené par L’Enquête, la Compagnie d’électricité du Sénégal (Ces) serait à l’agonie en raison de nombreuses défaillances techniques, des difficultés finan­cières et des conflits entre ac­tion­naires. Se dirige-t-on donc vers la fermeture d’une centrale tant décriée que controversée ?

Il est certes trop tôt d’affirmer cette hypothèse, mais toujours est-il que les temps sont difficiles pour l’industrie charbonnière à l’échelle continentale. Début octobre, la banque japonaise Marubeni corporation a décidé de se retirer du projet de centrale à charbon du Botswana en raison du refus du gouvernement botswanais de ne pas fournir aux promoteurs une garantie de 800 millions de dollars américains en guise de protection contre un éventuel défaut de paiement d’achat d’électricité. Fin septembre, la Banque africaine de développement, un des bailleurs de la centrale de Bargny, a annoncé qu’elle ne financera plus les centrales à charbon sur le continent, mais plutôt qu’elle compte construire la «plus grande zone d’énergie solaire de la planète» dans le Sahel. Annonce faite lors du sommet onusien sur le climat de New York. Une décision certes saluée par la société civile panafricaine qui exige néanmoins que la Bad mette en place une directive interdisant le financement, les services financiers ou soutien technique de la banque envers tout projet charbonnier sur le continent africain. Au Kenya, la justice a ordonné fin juin la suspension du projet controversé de construction d’une centrale de production électrique à charbon sur l’archipel paradisiaque de Lamu classé au patrimoine mondial de l’Unesco. L’arrêt de ce projet de centrale électrique à charbon, financée en partie par la Chine, a été vécu comme une immense victoire pour les défenseurs de l’environnement et les communautés locales qui ont vigoureusement combattu ce projet depuis son annonce.

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Une résistance qui

ne faiblit pas

En marge de ce sommet onusien sur le climat, la jeunesse et la société civile panafricaine s’étaient mobilisées en masse pour appeler à une action immédiate et radicale en faveur du climat en accord avec la science et pour mettre fin à l’ère des combustibles fossiles, une industrie historiquement responsable de la crise climatique. Dans une mobilisation historique baptisée «grèves climatiques mondiales», les milliers de gens sont descendus dans les rues de Rufisque, Koalack Accra, Abi­djan, Nairobi et Johannesburg pour envoyer un message fort à leurs dirigeants et institutions financières que l’Afrique n’a pas besoin de combustibles fossiles pour satisfaire sa demande en énergie et accroître sa capacité énergétique, mais doit plutôt guider le monde dans la transition énergétique alimentée par des sources d’énergie renouvelables. Les communautés affectées par les projets charbonniers ont pris les devants dans ces mobilisations.

Opportunité

historique pour

le continent

Alors que le reste du monde redouble d’effort pour se débarrasser des centrales à charbon, les Africains sont de plus en plus nombreux à refuser l’implantation de telles centrales aux quatre coins du continent. Nous ne pouvons pas assister au péril de nos vies, nos économies, nos écosystèmes et nos ressources mis en danger sans réagir. Nous refusons d’accepter que notre continent, vulnérable et déjà gravement touché par les effets du changement climatique, devienne la décharge d’une industrie en voie de disparition. Nous dénonçons et rejetons la rhétorique du «développement» des compagnies charbonnières et demandons une participation active aux discussions sur les choix énergétiques à venir. Avec les innovations continues dans les technologies énergétiques rendant les énergies renouvelables plus accessibles et plus abordables et accélérant déjà la transition vers des économies d’énergie durables et renouvelables, nous pensons que l’Afri­que peut et doit ouvrir la voie à cette révolution historique en s’attaquant à la crise climatique tout en créant un monde plus juste et équitable et en générant du coup des millions de nouveaux emplois pour sa population croissante.

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Landry NINTERETSE,

Chef d’équipe régionale Afrique

à 350.org

et El Hadji Mansour SAMB,

Economiste et activiste sénégalais

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