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Quand D’eternels Complexes Nous Dirigent…

Quand D’eternels Complexes Nous Dirigent…

Craignant que les pays africains ne soient attirés par les chinois et ou les américains, la France offrait une aide et un soutien budgétaire importants aux pays d’Afrique francophone, en particulier, les dirigeants que la France considère comme dociles. L’Afrique a ainsi longtemps donné à la diplomatie française ce qu’elle a toujours voulu, c’est-à-dire une mainmise dans sa politique économique. «Nos partenaires nous font confiance parce que notre pays est crédible sur le plan politique, notre vision de développement économique et sociale est cohérente, notre diplomatie est respectée, et nos amitiés sont solides à travers le monde » avait dit le président Sall lors de la rencontre avec le Groupe consultatif de Paris. Quand est-ce que nos dirigeants vont commencer à nous respecter et à arrêter d’insulter notre intelligence?

COLONISATION ECONOMIQUE OU DECOLONISATION INACHEVEE

Le Sénégal est économiquement colonisé par la France, et se vanter que le Groupe Consultatif nous ait octroyés des milliers de milliards pour promouvoir leur entreprise, est une honte. Les entreprises françaises font de bonnes affaires, et même de très bonnes affaires, en Afrique de l’Ouest et au Sénégal plus particulièrement. Mais si l’entreprise et la diplomatie économique et politique française peuvent se féliciter de ces succès, il faut noter qu’il s’agit là principalement de succès dans le court terme et, qu’en toute évidence, la France risque de perdre la bataille stratégique et morale au Sénégal, notamment chez les jeunes, les classes moyennes et populaires. La première critique adressée aux entreprises et à la diplomatie française par la classe politique et la société civile sénégalaise, est qu’elles contribuent à financer et exécuter le plan d’investissement et la politique économique du gouvernement actuel qui va à l’encontre des priorités réelles du pays. Les investissements sont peu productifs et ne laissent aucune place au tissu économique nationale et explosent la dette souveraine. La seconde critique adressée par les sociétés africaines aux entreprises et à la diplomatie française est qu’elles incitent les gouvernements africains, et participent directement, au non-respect des règles de bonne gouvernance, de concurrence et d’égalité des chances de toutes les entreprises dans leurs pays.

Le Sénégal est l’un des pays les pauvres au monde ; près de la moitié de sa population vit avec moins de 1.90 Dollar US par jour. L’insécurité alimentaire y est répandue ; la famine a été enregistrée dans le nord du pays et il y a un risque que cela se reproduise cette année. Le taux de chômage et le sous-emploi chez les jeunes sont très élevés. Le Sénégal est parmi les cinq nations africaines qui envoient le plus d’immigrés clandestins vers l’Europe à travers la méditerranée dans des voyages périlleux et souvent mortels. Dans ce contexte, une large partie de la société civile et de la classe politique sénégalaise considère que les priorités réelles du pays – agriculture, éducation, santé – sont mises de côté par le gouvernement actuel au profit d’investissements de prestige peu productifs.

En outre les entreprises sénégalaises et compétences nationales sont mises à l’écart dans la grande majorité des marchés. Il en résulte un modèle de croissance qui inhibe la production nationale, augmente les importations, ne crée pas de la richesse nationale et fragilise les comptes extérieurs et la situation macroéconomique du pays. Le gouvernement français et les entreprises françaises interviennent de manière centrale dans le financement de la politique d’investissement du Président Macky Sall. Les entreprises françaises sont engagées dans des projets en partenariat public-privé, le gouvernement français fournit directement du financement notamment à travers ses institutions propres (comme l’Agence Française de Développement) mais également à travers les institutions européennes, le gouvernement français appuie également le gouvernement sénégalais par son jeu d’influence dans la communauté internationale et les institutions financières régionales et mondiales comme le Fond Monétaire International, la Banque Mondiale et la Banque Africaine de Développement. Par ce, la diplomatie et les entreprises françaises cautionnent et appuient les priorités du gouvernement de Macky Sall.

La dette publique du Sénégal a plus que doublée depuis l’accession au pouvoir du Président Macky Sall et les populations n’ont pas senti une once de changement dans leur vie. Les bourses familiales ont été octroyées sur une base électoraliste, la CMU a agonisé les hôpitaux publics, l’arène nationale a été construite pendant que des sénégalais étudient dans des abris provisoires. Le président Macky Sall a déçu les sénégalais, et pire il a retardé le Sénégal d’au moins 12 ans. 12 ans des libéraux et 12 ans des républicains donnent 24 ans d’amateurisme politique par des gouvernants complexés. Le président Wade qui donnait l’air d’être un vrai panafricaniste a été le président le plus dominé par l’Occident et nous y reviendrons. Combien de fois vont-ils nous tromper jusqu’à ce qu’on dise trop, c’est trop ? Chaque président vante son mandat peu importe si ce mandat est pitoyable ou pas. Sous le président Diouf, le Sénégal traversait ses plus sombres moments avec les plans d’ajustement structurels, sous le président Wade, les dépassements budgétaires étaient devenus la norme et sous le président Sall, on vit la continuation de l’ère libérale. Ce qui est plus alarmant, c’est la similitude des faits entre le président Wade et le président Sall pendant que la population souffre. À quoi sert tout ce cirque ? Pourquoi ce jeu de mots ? Nous sommes toujours colonisés et nos dirigeants sont complexés et il est temps que cela change.

L’EXEMPLE D’UNE RELATION EN TROMPEL’ŒIL

 Les 3 et 4 octobre 2007, la réunion du Groupe consultatif pour le Sénégal s’est tenue au bureau de la Banque mondiale. La réunion était présidée par le directeur des opérations à la Banque mondiale pour le Sénégal. La délégation sénégalaise, composée de plus de 48 personnes dont 18 ministres, était dirigée par le Premier ministre Hadjibou Soumaré.

Des représentants d’associations professionnelles sénégalaises et des délégations d’institutions multilatérales clés et de donateurs bilatéraux ont aussi assisté à la réunion. Le Premier ministre a rappelé que les donateurs avaient annoncé une aide au développement d’environ 4 milliards de dollars à l’appui des réformes économiques et d’un programme prioritaire pour la période 2006-2010. Le montant annoncé comprenait également un montant important d’argent déjà engagé, mais non encore décaissé, ce qui reflète la capacité de notre pays à absorber l’aide.

Dans sa déclaration, Jean M. Châtaignier, chef de la délégation française, a mis l’accent sur les points suivants : une nécessité d’une plus grande transparence dans la gestion des finances publiques, une coordination accrue de l’aide au développement conformément à la Déclaration de Paris, de l’endettement national et la mise en place d’un cadre institutionnel approprié pour suivre la mise en œuvre des programmes. Il a conclu sa déclaration en réaffirmant que l’aide de la France ciblerait un nombre limité de programmes prioritaires, conformément aux objectifs du Millénaire pour le développement. Johannes Mueller, du Département Afrique du FMI, a exposé les quatre éléments clé du nouveau programme qui est de maintenir une politique budgétaire prudente pour assurer la viabilité des finances publiques, de renforcer la gouvernance et la transparence budgétaire, de renforcer le cadre de développement du secteur privé et de renforcer le rôle du secteur financier dans l’accès au crédit et aux capitaux.

Dans ses remarques finales, il a déclaré que le conseil d’administration du FMI devrait discuter du programme du Sénégal au titre de l’instrument de soutien aux politiques au début du mois de novembre. Lopez Blanco, chef de la délégation de l’Union européenne, a souligné la nécessité d’une croissance économique plus forte et durable pour réduire la pauvreté. Qu’est-ce qui est différent 12 ans plus tard ?

Rien ! Nos dirigeants sont des complexés et n’arrivent toujours pas à mettre le Sénégal sur la voie de l’émergence. Ils ne font que s’enrichir et enrichir leurs proches. Le réveil risque d’être tardif, mais il arrivera tôt ou tard et il sera très douloureux. Tout en reconnaissant que le Sénégal est un partenaire privilégié des donateurs, il a souligné que le gouvernement sénégalais devait encore prendre les mesures nécessaires pour attirer les investisseurs privés. Bouri Sanhouidi, chef de la délégation du PNUD, a appelé au renforcement du dialogue entre les responsables gouvernementaux de haut niveau et des partenaires de développement et au processus participatif utilisé dans le cadre de la préparation des programmes. Il a réitéré les appels précédents en faveur d’une amélioration de la gouvernance et de la mise en place d’un dispositif institutionnel approprié pour surveiller les programmes.

Madani Tall, Directeur des opérations de la Banque mondiale pour le Sénégal, a résumé les progrès accomplis depuis la cinquième réunion du Groupe consultatif en 2003. Il a déclaré que la pauvreté avait diminué de six points de pourcentage sur la période 2001- 2005. Cependant, il a noté que le chômage est l’un des principaux défis auxquels le pays est confronté. Il a également souligné la nécessité de lutter contre la corruption et de promouvoir la bonne gouvernance. Nous parlons encore des mêmes problèmes en 2019. Qu’est-ce qui se passe dans notre pays ? Il n’y a rien de concret qui se pose comme acte par nos dirigeants. À longueur de journée, ils se vantent de programmes somptuaires et des kilomètres de pistes, routes et autoroutes. À quoi servent-elles si la population ne mange pas à sa faim ?

Le Premier ministre du Sénégal, Hadjibou Soumaré, a félicité la communauté des donateurs, pour avoir fourni un appui financier de 1,3 milliard de dollars sur la période 2003- 2005. Il a indiqué que depuis 2000, le Sénégal avait bénéficié d’un programme d’allégement de la dette au titre des initiatives PPTE, d’un montant total supérieur à 600 millions de dollars. Il a reconnu que le Sénégal ne serait pas en mesure d’atteindre le taux de croissance de 7 % requis pour réduire de moitié la pauvreté d’ici à 2015. En 2019, nous avons atteint ce taux de croissance et la pauvreté a augmenté au Sénégal. Ces dirigeants, comprennent-ils les indices et les ratios qu’ils avancent ? Ne me dites pas qu’en 2019, on met plus l’accent sur le taux de croissance que sur l’Indice de Développement Humain ? Il a réaffirmé l’engagement du gouvernement à mettre en place les arrangements institutionnels nécessaires à la mise en œuvre de la Stratégie de croissance accélérée d’ici la fin de l’année. Il a déclaré que pour faire faces aux besoins énergétiques du pays, la SENELEC avait élaboré un programme d’investissement global d’un montant total de 1,1 milliards de dollars pour la période 2007- 2012. Hadjibou Soumaré s’est engagé à faire en sorte que, le nouveau marché soit pleinement opérationnel en janvier 2008. Nous sommes en 2019 et la SENELEC traverse toujours les mêmes problèmes, et la SENELEC a beaucoup pesée sur notre budget ces dernières années. Comment peut-on pardonner aux dirigeants cet amateurisme ? Il y a aussi eu la présentation des deux vecteurs devant guider le Sénégal vers l’émergence en 2015.

 Les participants ont notamment abordé les questions suivantes : la nécessité de mettre en place un ensemble complet, une intégration insuffisante des questions de parité hommes-femmes dans les programmes et activités de réduction de la pauvreté, le faible niveau des transferts de ressources financières et humaines aux autorités locales, la nécessité de créer un environnement propice aux affaires, et la nécessité de mettre en place un cadre institutionnel pour coordonner et suivre la mise en œuvre des programmes. Des exposés avaient aussi été présentés sur la situation macroéconomique, le secteur de l’énergie, les problèmes du marché du travail et les problèmes de gouvernance liés aux grands programmes d’infrastructures. Les participants ont convenu qu’un cadre macroéconomique stable est essentiel pour attirer les investissements étrangers. Les donateurs ont encouragé le gouvernement du Sénégal à agir rapidement pour mettre en œuvre les nouvelles réformes de la législation du travail nécessaires pour stimuler la croissance et la création d’emplois. Qu’est-ce qui a été appliqué comme recommandations ? Presque rien. Et pourtant ils continuent à nous donner de l’argent. Pourquoi pensez-vous que cela soit le cas ? Cogito ergo sum. Les partenaires ont également exprimé le souhait que le gouvernement assure une plus grande transparence dans les marchés, la budgétisation et l’exécution de grands projets d’infrastructure. Les partenaires de développement ont demandé au gouvernement de renforcer son leadership pour améliorer la coordination et la performance de l’aide par rapport aux objectifs de la Déclaration de Paris.

Les donateurs fournissant un appui budgétaire et le gouvernement ont décidé de signer un cadre commun en novembre 2007. Les partenaires de développement ont souligné la nécessité d’un cadre macroéconomique solide et stable, indispensable à la mobilisation des fonds publics et des flux d’investissements privés. Les donateurs se sont engagés à verser une aide au développement au Sénégal de 1837 milliards de FCFA sous forme de dons à l’appui de son programme d’actions prioritaires pour la période 2006-2010. Environ, 47 % de ce montant, soit environ 1,9 milliards de dollars, sont constitués d’engagements pris en vertu d’accords antérieurs, mais non encore décaissés. Ceci reflète les limites de la capacité d’absorption de notre pays. Lors de la réunion du Groupe Consultatif, le gouvernement s’est engagé à mettre en œuvre un vaste ensemble de mesures comprenant : la mise en œuvre effective du nouveau code des marchés publics, d’améliorer le dialogue entre le gouvernement et les partenaires de développement, d’entreprendre des révisions annuelles des programmes au cours des prochains mois, les partenaires de développement suivront de près la mesure dans laquelle le gouvernement respectera ces engagements.

 Le Sénégal continue de compter fortement sur l’aide des donateurs publics. Selon les données de l’OCDE, le Sénégal figure parmi les principaux bénéficiaires de l’aide étrangère en Afrique. Doit-on en rire ou en pleurer ? On dirait que la décolonisation est inachevée et que nous faisons face au paternalisme colonial. Si le Sénégal souhaite sérieusement devenir un pays émergent, il devra élaborer un programme de réforme ambitieux visant à attirer davantage de flux d’investissements privés. Les contributions effectives de nombreux donateurs ne seront déterminées que lorsque le Sénégal aura conclu son nouvel instrument d’appui aux politiques avec le FMI. Les donateurs suivront de près la volonté du gouvernement de se conformer pleinement aux mesures de réforme et aux exigences en matière de rapports de ce programme. Déjà, il faut noter que la délégation du gouvernement comprenait plus de 48 personnes, ce qui avait nécessité des dépenses estimées à plus de 400 000 dollars, soit plus de 200 millions de FCFA. Cela représente un lourd fardeau pour un gouvernement ne disposant pas de ressources suffisantes pour mettre en œuvre un programme de réduction de la pauvreté et soulève des questions raisonnables parmi les donateurs quant aux raisons pour lesquelles la réunion n’a pas eu lieu à Dakar. Quand d’éternels complexés nous dirigent, voilà ce que ça donne.

Honnêtement, c’est une honte et nous continuons toujours à commettre les mêmes erreurs. Être élu ne veut point dire être aimé par la population ou être le meilleur, mais c’est juste disposer des moyens de l’Etat pour amadouer les populations et acheter leurs votes. Ce gouvernement doit faire preuve de grandeur et démissionner pour prouver qu’ils sont incapables de sortir le Sénégal de la pauvreté.

Mohamed DIA

(mohamedbaboyedia@gmail.com)







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