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L’endettement En Débat

Le débat sur l’endettement du Sénégal refait surface sous nos cieux avec la sortie du Chef de l’Etat Macky Sall qui, lors du panel sur l’émergence 2035, samedi passé, soutenait que l’Etat s’endettait utilement. La question de l’endettement est devenue, depuis ces dernières années, l’objet de débats controversés et cristallise toutes les attentions dans les rarissimes débats économiques. Hommes politiques, économistes, activistes, membres de la société civile, presque toutes les couches de la société livrent leur grain de sel. Des membres de l’opposition profitent des occasions pour tirer la sonnette d’alarme sur le niveau d’endettement du Sénégal ; des économistes qui se mêlent à la danse en alertant sur son évolution. Bref, tout le monde a voix au chapitre sur ce sujet. Ces tirs groupés semblent traduire toute l’attention qu’accordent les populations à la question de l’endettement. Dans certains Etats, l’endettement est même inscrit au cœur des politiques publiques et sa gestion est suivie de près par les agences de notation financières telles que Standard & Poor’s, Fitch group, West africa rating agence (Wara), Bloomfield Investment Corporation…

Mais, il convient de rappeler que l’endettement est un mécanisme de financement aussi vieux que le monde. En effet, outre les recettes douanières et fiscales et les dons, qui ne permettent pas souvent de combler tout le besoin de financement, nos Etats activent d’autres leviers comme les émissions d’eurobonds, les Sukuk (titre financier islamique) pour mobiliser des ressources avec des maturités plus longues. C’est dans cette optique qu’il faut inscrire la politique d’endettement du Sénégal. L’autre argument qui pourrait être mis sur la table pour justifier le recours à la dette est que les ressources domestiques (épargnes des banques locales) sont octroyées sur une durée courte ou moyenne. Des prêts de consommation ! Alors que l’Etat a besoin, pour la plupart, des capitaux à long terme pour financer des investissements structurants. Afin de mobiliser des ressources externes capables de financer leurs économies, les Etats misent sur les marchés financiers à travers l’émission de titres publics en vue de lever des fonds auprès des investisseurs. Ce qui est tout à fait naturel pour tout Etat optant pour la diversification de ses sources de financement. Existe-il un Etat, du moins dans la zone communautaire de l’Uemoa ou de la Cedeao, qui peut se passer de l’endettement ? Même les plus grandes puissances économiques du monde, Usa, Chine, font recours à l’endettement. Tant que l’activité économique tournera, les Etats auront toujours besoin des capitaux des investisseurs.

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Cependant, c’est tout à fait légitime que des concitoyens s’interrogent sur la constitution de la dette de leur pays. Le recours effréné du Sénégal aux marchés financiers (Brvm et marchés financier international) et la signature d’accords de prêts avec les partenaires bilatéraux et multilatéraux laisse apparaître, aux yeux de bon nombre de Sénégalais, des inquiétudes sur la capacité de remboursement de notre pays à toutes ces dettes contractées. Vu la maturité, souvent très longue, le règlement de certaines créances peut durer plusieurs années. D’où l’importance de prendre en compte l’avenir des générations futures qui risquent de porter un fardeau sur leurs épaules. C’est presque devenu un leitmotiv pour ne pas dire un refrain. Nos autorités soutiennent, souvent, que le Sénégal n’a pas encore atteint le seuil critique des 70%, norme communautaire fixée dans les critères de convergence de l’Uemoa. Ce qui laisse penser que nous pouvons toujours contracter des prêts par l’émission de titres publics. Mais jusqu’à quand ? Détrompons –nous ! Ce n’est pas parce que le taux d’endettement de notre pays (54,7% du Pib, dernier chiffre donné par le ministère des Finances et du Budget) est en dessous de ce plafond que le Sénégal se permet toujours de solliciter les capitaux des investisseurs internationaux. Nous devons plutôt nous interroger sur le rythme d’endettement de notre pays. L’Etat doit plutôt se montrer prudent dans sa politique d’endettement eu égard à la capacité de nuisance de la dette sur les finances publiques et sur notre économie, si elle n’est pas gérée avec beaucoup de précaution. Ces risques ont également trait aux fluctuations des taux de change, aux échéances de remboursement des euro-bonds. Le scandale de la « dette cachée » au Mozambique découvert récemment et la crise de la dette en Argentine restent encore frais dans les mémoires. Et la vague de taux négatifs qui touche les pays occidentaux installe déjà la panique sur une probable seconde crise financière après celle vécue en 2008. La sauvegarde de la viabilité de notre dette et la soutenabilité des finances publiques demeurent les principales préoccupations auxquelles nous devons faire face.

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