La traversée du marigot de Doué en direction du Nord marque l’entrée dans l’Ile à Morphil, vaste bande de terre comprise entre le fleuve Sénégal, au nord, et le marigot du Doué, au sud. Quoi de neuf sur ces espaces en cette matinée de novembre 2019 ? Il y a d’abord la routine. Les agriculteurs qui ont engagé les travaux de culture dite ‘’jabbere waalo’’. Autrement dit la période de semis des terres du waalo avec la décrue. Depuis toujours, le rituel est le même. Une campagne de semis mobilise tous les bras de la famille. Voilà pourquoi certaines quittent le village et s’installent dans leur champ pendant un mois voire plus, dans des conditions sommaires, bravant les rigueurs du climat.
Il y a cette routine. Mais un élément nouveau est venu s’ajouter au décor : depuis quelques mois, les habitants de l’Ile à Morphil, sont sous le charme de cette route bitumée. Le goudron, comme on appelle ici, était un rêve. Pour la première fois depuis l’Indépendance du Sénégal, les populations viennent d’en bénéficier à la faveur d’un programme de désenclavement de l’Ile à Morphil lancé par le gouvernement en 2017.
Voilà une bonne nouvelle pour les habitants des arrondissements de Cas-Cas et de Saldé et autres qui longtemps ont souffert de l’enclavement particulièrement en période d’hivernage, lorsque sortir ou entrer dans l’Ile était une véritable équation. Par exemple, combien de fois les voyageurs en provenance de Dakar ont-ils été bloqués des heures durant à Ngouye ou à Madina Ndiathbé à cause d’un bac défectueux, d’une route envahie par les eaux ? Combien de fois les voyageurs ont-ils risqué leur vie à bord de petites embarcations au milieu de ces eaux qui s’étalent à perte de vue ?
Le désenclavement de l’Ile à Morphil était une doléance majeure de ces habitants. Ces dernières années, des actions ont été posées. On peut citer l’installation de bacs modernes à Madina Ndiathé et à Ngouye. Ensuite, il y a eu la construction du pont de Ngouye et celui de Madina Ndiathbé vanté partout par l’ancien ministre de la Communication Bacar Dia, qui qualifia l’infrastructure d’«ascenseur social».
Après les ponts, voici donc la route. De quoi ouvrir de lendemains meilleurs dans cette partie du Sénégal, où se déplacer d’un village à un autre relevait d’un parcours du combattant tant les moyens de transport étaient inexistants. Sur les pistes latéritiques, il y avait l’horaire en provenance de Dakar, attendu avec impatience dans tous les villages, les véhicules de service et des projets mis en œuvre dans la zone, de rares voitures de particuliers et les…charrettes. Aujourd’hui, un embryon de système de transport en commun se met en place. Pont, route : toutes ces infrastructures facilitent la circulation des personnes et vont permettre aussi le transport des produits de l’agriculture. Dans cette zone frontalière, voilà qui assure également la présence permanente des Forces de sécurité.
Ousmane Ibrahima DIA (Diaranguel)