Plus de 1000 kg de cocaïne saisie en moins cinq mois dans le port de Dakar, vol des munitions de 4500 cartouches d’AK-47 de l’armurerie de la base militaire sénégalaise de Ouakam, faux monnayage, blanchiment d’argent, affaire des 94 milliards, trafic de faux médicaments, violence mortifère récurrente faite aux femmes et aux enfants, prorogation du mandat des élus locaux, mal-gouvernance des ressources naturelles, fréquence des scandales financiers, débat manipulatoire sur le 3e mandat, trafic de faux billet, hausse du prix de l’électricité, promotion de l’homosexualité et de la franc-maçonnerie, voilà le triste décor qu’offre le Sénégal à la face du monde. Notre pays est devenu le capharnaüm de tous les vices pour ne pas dire un véritable foutoir. Et pendant que le Sénégal sombre dans ces vices et autres exactions, le président de la République pérégrine et présente le Sénégal comme un pays de cocagne où tout coule en abondance.
Dans un faux élan de patriotisme, notre président organise une cérémonie majestueuse pour réceptionner dans la maison de la République un objet métallique dont l’authenticité est même niée par un des descendants de son pseudo-propriétaire. Mais que l’on ne prenne pas les Sénégalais pour des ignares ! On savait bien que derrière ce sabre, scintillaient des missiles et des patrouilleurs hauturiers OPV 58 que l’auguste France nous a vendus. Dans la même foulée, Macky Sall a organisé bon an, mal an le Forum International de Dakar sur la Paix et la Sécurité en Afrique. Il faut féliciter nos forces de défense et sécurité du fait que le Sénégal est le seul pays de la sous-région à échapper pour l’instant aux attaques dévastatrices des terroristes.
Mais quid de notre sécurité intérieure ? Quatre féminicides en moins de deux mois. Le 1er octobre, une femme âgée d’une quarantaine d’années est retrouvée morte, dans un bassin, sur le site du Technopole de Dakar. Le 23 octobre 2019, dans la banlieue dakaroise, Dakar, Yacine Sané, une jeune dame de 30 ans qui se rendait à son travail, aux environs de 6 heures du matin, victime d’agression, tombe du car à bord duquel elle voyageait et meurt peu après. Le 2 novembre à Touba, Khady Sèye, la trentaine est poignardée à mort par son colocataire qui l’accusait de lui avoir jeté un sort. Le 13 novembre, Aminata Kâ, 22 ans, est rentrée chez elle à Malika après une batterie d’examens médicaux. Épuisée, elle n’a pu préparer, comme chaque soir, le repas. Son mari s’est saisi de ce prétexte pour la rouer de coups pendant deux heures jusqu’à ce que mort s’ensuive.
Quant à la route, elle continue d’enregistrer quotidiennement son lot de morts. Entre janvier et août 2019, il a été dénombré 430 morts et 18.390 blessés et cela dans l’indifférence de nos autorités préposées à notre sécurité. Le ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, plutôt préoccupé par l’agenda politique de son patron, s’échine à reporter les élections locales avec les plénipotentiaires oisifs de l’opposition collaborationnistes réunis autour du deal politique. Aujourd’hui, tous les Sénégalais ont le sentiment que leur gouvernement reste impuissant face à la montée des périls de la violence et de l’insécurité.
Pendant que le chef suprême des armées dote notre pays d’armement lourd composé de chars et d’avions, de fusils M4A1, de patrouilleurs, de missiles pour sécuriser ses frontières et ses installations pétro-gazières, aucun effort d’envergure n’est fait pour faire reculer le grand banditisme qui terrorise les paisibles citoyens. Le sentiment d’insécurité des Sénégalais, qui reste à un niveau très élevé, provient plus de la délinquance, du banditisme et des incivilités quotidiennes que de la menace terroriste. Les citoyens, subissant impuissamment la violence récursive mortifère, ont le sentiment d’être laissés à eux-mêmes par ceux-là qu’ils payent pour assurer leur sécurité. La criminalité explose sans que le gouvernement ne puisse l’endiguer. Pourquoi diantre nos autorités refusent de faire face à cette ultra-violence quand on sait que notre pays vit quotidiennement au rythme des vols, agressions, vols, meurtres ?
Pourtant le 22 mai dernier, le chef de l’Etat, lors de la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, avait annoncé la tenue d’un Conseil présidentiel sur la sécurité des personnes et des biens au début du mois d’août. Il rappelait « l’impératif du renforcement de la sécurité dans un contexte marqué par la recrudescence dangereuse de la délinquance et des crimes, la persistance des accidents routiers mortels, les incendies et les effondrements de bâtiments ». Finalement, notre président a préféré aller se prélasser sur la Côte des Basques de Biarritz pendant que son ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, était en villégiature dans le Saloum dans la somptueuse réserve naturelle animalière de Fathala en compagnie de ses « lions ». Et voilà jeté aux calendes grecques le Conseil présidentiel sur l’insécurité que les Sénégalais attendaient tant pour trouver remède à leurs angoisses sécuritaires.
Le 3 juin dernier, lors de la cérémonie de levée des couleurs, le président de la République, Macky Sall, indigné certainement par les meurtres abjects de Bineta Camara à Tamba et Coumba Yade à Thiès, avait annoncé qu’un projet de loi visant la criminalisation du viol et de la pédophilie serait avant fin octobre 2019 soumis à l’Assemblée nationale. Aujourd’hui, les viols et crimes continuent de plus belle – au mois de septembre, deux enfants âgés respectivement de 4 et 2 ans ont été sauvagement égorgés dans leur chambre à Touba – et toujours pas l’ombre de ce projet de loi !
Au lieu de renforcer des mesures punitives sur cette insécurité grandissante et sur le trafic de la drogue dont souffrent plus les populations, le président Sall préfère nous divertir avec un projet de loi sur l’insalubrité et l’encombrement réprimant les urines et déjections, les dépôts de gravats et le lavage des voitures sur la voie publique. Cet échec dans la gestion des déchets est aussi une preuve de l’échec des communes à qui l’Etat a transféré cette compétence dans leur mission première de garantie d’un environnement sain et d’un cadre de vie adéquat aux citoyens.
Quand il s’agit d’organiser le Forum International de Dakar sur la Paix et la Sécurité en Afrique sous les auspices de la France, la date est religieusement respectée mais quand il s’agit tenir un Conseil présidentiel sur la sécurité intérieure ou de voter une loi sur le viol, la pédophilie ou le trafic de la drogue, peu importe ! Par conséquent, les criminels peuvent, sans être inquiétés, continuer de zigouiller les citoyens sans défense et les trafiquants de tout poil de trouver toutes les facilités dont ils ont besoin, particulièrement dans le domaine du blanchiment de l’argent sale issu du trafic de drogue. Le député et président du Parlement de la Cedeao, Moustapha Cissé Lo, ne dira pas le contraire.