Monsieur le ministre,
Tout d’abord, je tiens à vous féliciter pour votre nomination à ce poste et je vous souhaite plein succès. D’après les échos que nous recevons des médias, vous êtes l’homme qu’il faut à la place qu’il faut : Directeur général de la Senelec, vous avez fait des coupures d’électricité, de mauvais souvenirs à Dakar. Cette prouesse a même abouti à une diminution de 10 % du prix du Kw/h.
Toutefois, monsieur le ministre, le Sénégal ne se limite pas à Dakar. Malgré les efforts consentis dans l’électrification rurale en 2018, 42 à 43 % des ménages sénégalais en zone rurale ont accès à l’électricité selon une déclaration faite en mars 2019 par Ibrahima Niane, directeur de l’Electricité au ministère du Pétrole et des énergies – certaines zones rurales continuent à vivre dans le noir. C’est le cas du Pakao, cette contrée située dans la région de Sédhiou. C’est pourquoi, parmi les prouesses que vous accomplirez à la tête du ministère du Pétrole et des énergies, le Pakao souhaite y compter l’effectivité sans délai de son électrification.
Monsieur le ministre, permettez-nous d’attirer votre attention sur le drame quotidien que vivent les populations du Pakao à cause de l’absence totale d’électrification. Le Pakao est mis à l’écart de la politique d’électrification rurale nationale. Une situation assez incompréhensible et surtout alarmante. Figurez-vous, Monsieur le ministre, que le Pakao reste encore, au 21e siècle, l’une des rares contrées du Sénégal où des dizaines de villages aussi importants les uns que les autres en nombre de populations et de statut culturel, s’éclairent encore à la bougie, à la lampe-tempête et au clair de la lune.
Même pour faire une photocopie, enseignants et élèves sont obligés de faire des kilomètres. Pire pendant ce mois béni du Ramadan, le morceau de glace y est vendu à plus de 400 francs.
Plusieurs villages de cette contrée sont bien connus des Sénégalais. Par exemple le village d’Oudoucar d’où est originaire la maman de l’ancien président de la République du Sénégal, Maître Abdoulaye Wade. Le Pakao, c’est aussi de célèbres foyers religieux comme Karantaba, Dianaba, Darsilamé, Tourécounda, etc.
Monsieur le ministre, cette partie du Sénégal est surtout peuplée par plusieurs dizaines de milliers d’habitants, en majorité jeune. Les fils du Pakao se sont maintes fois plaints de cette situation par lettres et communications orales adressées aux autorités sénégalaises, en manifestant souvent leur ras-le-bol dans la rue. Il y a même des jeunes qui ont fait la prison en 2015 pour avoir dénoncé ce mépris administratif que vit le Pakao depuis plus de 50 ans. Aucun des présidents Diouf, Wade et Macky n’ont jusque-là honoré leurs promesses de campagnes électorales pour répondre à cette demande sociale.
Malgré tout, cette situation perdure, nonobstant l’érection en 2008 de Sédhiou -capitale du Pakao- en Région, entrainant de facto la présence de grands centres administratifs comme Oudoucar, Marandan, Dianamalary et Dianaba. Monsieur le ministre, je suis convaincu que vous êtes d’avis avec moi que l’accès à l’énergie est primordial et préalable à tout développement économique. C’est pourquoi les populations du Pakao réclament du courant électrique en continu pour que leurs enfants puissent apprendre leurs leçons le soir.
Monsieur le ministre, faute d’électricité, le frigo, la télé, la cuisinière constituent encore un luxe dans les ménages du Pakao. Faute d’électricité, les collégiens du Pakao ne connaissent l’informatique que de nom à l’heure où le monde danse au pas du numérique. Cette localité est donc dans l’urgence sociale et sa jeunesse est impatiente de vivre dans la dignité et le respect.
Le Président Macky Sall himself, lors de sa tournée post-présidentielle de 2012, a été directement interpellé par les responsables politiques et chefs religieux du Pakao. Mais hélas depuis son élection, il n’a pas fait de geste pour réparer cette injustice. C’est pourquoi, Monsieur le ministre, vous devez impérativement considérer cette doléance et la prendre à bras-le- corps. C’est une nécessité, une priorité, pour qu’enfin, les communes du Pakao soient dotées de courant électrique.
Au nom de la population et de la jeunesse de la région de Sédhiou, au nom de tous les acteurs du développement local, nous vous prions, Monsieur le ministre, de faire enfin de ce droit des populations du Pakao, une réalité.
Veuillez agréer, Monsieur le ministre, mes salutations distinguées !
Dr Mamadou CISSE
Coordonnateur des jeunes de la Région de Sédhiou (Jrs)
notre.jrs@gmail.com