C’est le 2 décembre prochain que sera nommé le ballon d’or 2019. Si les sénégalais peuvent se réjouir de voir l’un des leurs parmi les favoris, les espoirs ont très vite été douchés par les récentes rumeurs (Messi vainqueur ?) et surtout les propos récents de Jürgen Klopp.
En effet, le coach de Liverpool faisait de Virgil Van Dijk, coéquipier de Sadio, son principal favori en tant que, et je cite, « meilleur joueur de la saison 2019 ».
Cette déclaration du technicien allemand a fait un tollé dans les médias sportif sénégalais et africains ces derniers jours.
Si on ne peut nier les qualités du défenseur batave, il paraît surprenant de voir son coach étaler clairement ses préférences alors que deux autres de ses joueurs, Mané et Salah sont également en course pour l’obtention du ballon d’or.
Lorsque j’ai entendu ses propos, j’ai tout de suite été surpris d’une telle maladresse dans la communication de Klopp, entraîneur que j’admire beaucoup par ailleurs. On peut le féliciter de ne pas manier la langue de bois, mais il paraît intéressant de s’interroger sur son choix.
En effet, Sadio Mané fait ces dernières années un travail extraordinaire avec Liverpool, à l’instar de l’égyptien Mohamed Salah. La longévité et la régularité de leurs performances chez les Reds ne semblent pas être des arguments suffisants au yeux de Klopp.
On pourrait légitimement placer ce trio de Liverpool sur le podium du ballon d’or et intervertir les positions sans crier au scandale. Mais revenons sur le choix de Klopp, et peut être des votants (les résultats à venir parleront) et interrogeons-nous sur le manque de soutien criant pour les deux joueurs africains des Reds (déjà démontrés lors des trophées FIFA The Best en septembre dernier). Les footballeurs africains méritent-ils si peu de considération ? Non, bien entendu ! Il faut remonter à 1995 (!!!) pour voir un africain sur le podium du ballon d’or, et voir le libérien Georges Weah, vainqueur de l’édition. Vingt-quatre longues années de disette qui auraient mérité de s’interrompre en 2019. Les africains peuvent toujours rêver d’un podium mais il ne resterait, a priori qu’une place pour compléter le duo Messi/Van Dijk.
Je comprends la colère des sénégalais et des africains lorsque deux des meilleurs joueurs offensifs et champions d’Europe 2019 semblent négligés par leur paires, les journalistes et instances du football. Cette colère du peuple africain, dans son grand ensemble, n’est pas qu’émotionnelle ; elle est empreinte d’un sentiment de mépris, voire d’indifférence pour ses joueurs et sélections de la part du Monde du football.
J’estime cependant que Klopp n’a pas, de manière volontaire et consciente, voulu verser dans ce genre de sentiment. Mais, en choisissant de soutenir Van Dijk il a plutôt préféré ménager la chèvre et le chou. Choisir le défenseur néerlandais lui permet ainsi de ne se mettre à dos aucun de ses deux joyaux offensifs.
Il convient, selon moi, de ne pas se tromper de cible et de responsable en pointant du doigt le choix de Klopp.
En effet, on ne peut passer à l’as l’influence économique, médiatique et structurelle de certaines nations et certains clubs, qui phagocytent le milieu et la plupart des récompenses.
Mané, Klopp, Salah, Van Dijk ou encore Liverpool ne sont tous finalement peut-être que de « simples rouages » devant les mastodontes que sont Messi, Ronaldo, le Real ou l’Espagne.
Bassirou Sakho est Conseiller sportif , Playmaker Sport Agency, Paris-Londres