Les sénégalais sont dans un état de sidération. A laquelle se mêle l’hébétude qui les envahit chaque jour que Dieu fait, à la lecture de nos « UNES » de journaux toutes plus désespérantes les unes que les autres, et qui nous interrogent sur l’urgence que nous avons à collectivement prier tous les matins, pour que rien de fâcheux n’arrive à notre président de la République, Son Excellence Macky Sall. Mais qu’avons-nous fait, ou pas fait d’ailleurs, au Bon Dieu, pour mériter tant de lacérations de nos illustres pages d’histoires politiques, par des hommes qui sont des injures, pour ne pas dire souillures, à l’élégance morale de notre pays ?
Pourquoi doit-on tous les matins prier pour Macky Sall ? Imaginez…mais que Dieu nous en garde, qu’il soit, Maradeytali, dans les « Plans Soustraction » du Créateur… Nous nous sommes mis en situation, au vu des règles d’intérim constitutionnel de notre pays, de pouvoir, même si ce ne sont « que » 30 jours, d’être gouvernés par…Moustapha Cissé Lô, qui vient juste derrière Moustapha Niasse, et qui, dans un pays « normé », ne serait même pas chef de quartier de la Sicap Darabis. Les journaux, aimant la castagne, dont est issu la bave qui alimente les grand-places, se repaissent des menaces, outrances, et vulgaires intimidations de ce cow-boy de Savane, qu’il profère à l’endroit de celui qui est et demeure tout de même notre chef d’Etat… C’est vrai qu’il serait quelque peu ironique de la part d’un homme qui naguère, en tant que ministre de l’intérieur, a défoncé un bureau de vote et une urne, de donner à l’impétrant et fougueux « pistolero » des leçons de Républicanisme… Vous l’aviez oublié celle-là…
Notre « SUnugaal » vogue sur une mer démontée de turpitudes, et ceux qui sont chargés de tenir la barre par ces temps incertains, se comportent comme s’ils étaient en croisière. Pendant que la croisière s’amuse, et que la presse nous amuse à feuilletonner leurs avanies, surfant sur notre passion pour l’émotion, ayant fait de l’écume des choses leur pitance rédactionnelle, les citoyens sénégalais sont abasourdis par cette désinvolte amoralité qui dévoile chaque jour ses méfaits.
Pourquoi plongeons-nous tête baissée dans l’évidence qu’on nous propose à voir ? Pourquoi veut-on qu’on habite à la surface des choses et qu’on ne soit pas habilité à creuser plus profondément dans ces surréalistes inepties ? On nous fait le roman de Boughazelli, sa vie, son œuvre, son diabète, ses machines, son passé de « faux-lion ». Pour être drôle, c’est drôle. Ce qui est moins drôle, c’est que ce que la presse traite comme un fait-divers, est surtout un crime économique dont les conséquences pour notre économie et notre PSE, seront tragiques. Quels sont les distraits investisseurs qui oseraient déposer dans notre pays, le moindre dollar ou le moindre euro qui pourrait être mélangé à des faux billets ou à des narcodollars ? Voilà un pays où un « simbkat » est député, et produit 30 milliards de faux billets, alors que son « QI » ne lui permet pas d’être outillé pour une arnaque de cette ampleur… Cherchez l’erreur.
Voilà un pays où 700 kgs de cocaïne peuvent s’évaporer de coffres scellés, un pays où un ministre menace un commissaire de représailles pour refus de cession d’une saisie de coke à son bénéfice, et où plus personne n’a honte d’être un voleur. Parce que nous les aimons bien en fait, ceux qui se sont extirpés de la misère et de leurs infortunes par le biais de la politique. Abdoulaye Wade et Idrissa Seck ont totalisé en 2007, 70 pour cent des suffrages des électeurs sénégalais, alors que ceux-ci n’ignoraient pas qu’existait entre les deux hommes un lourd contentieux financier. Encore une fois, cherchez l’erreur.
Si Boughazelli sortait de taule dans un mois et faisait la tournée des guentë et des fourals, et se mettait à distribuer ses sataniques thunes, il serait affublé d’homme généreux, « kou tabé Ndeysanne ». Ils sont, c’est navrant, nés après la honte…
Et pendant que la croisière s’amuse et fait ses ronds dans l’eau, ses plaisanciers repus et factices, nous jettent sur les berges dénuées de tout, de notre pays, un nouvel os à ronger que l’on va sucer jusqu’en 2024, c’est le débat du troisième mandat. Celui qui avait dénoncé et combattu Wade, laisse voguer sur ce pays des ballons de sonde, d’une grossièreté abyssale, lâchés surtout par des ignorants de la chose constitutionnelle, qui vont alimenter un débat qui ne charrie pourtant aucune urgence, alors que le Sénégal, dans cette tourmente mafieuse, a plus besoin d’un réarmement moral, d’une mise en ordre des lourdes priorités qui devraient empêcher n’importe qui à la tête de ce pays de dormir, accélérant chez eux, s’ils étaient responsables, au vrai sens du terme, calvitie et cheveux blancs, en lieu et place des mines rebondies, des mains manucurées et serties de montres suisses qu’ils exhibent avec la béatitude de l’enfin pourvu.
Pendant ce temps, la croisière s’amuse… Comme dit Awadi, « ils ont des belles montres, mais nous on a… le temps ».