Senexalaat - Opinions, Idées et Débats des Sénégalais
Opinions, Idées et Débats des Sénégalais

Au ThÉÂtre De La ComÉdie Du Rallye BudgÉtaire !

Au ThÉÂtre De La ComÉdie Du Rallye BudgÉtaire !

L’instant aurait dû être solennel, limite grave par les énormes enjeux de la session parlementaire où on définit le budget de l’État mais les députés ne semblent pas vraiment assimiler l’enjeux de la définition du budget de l’état. 

Ajoutez-y l’OFNAC, ah l’OFNAC !

En pleine quinzaine de la lutte contre la corruption, l’OFNAC sèche ses grands thèmes de prédilection de la grande corruption pour se consacrer aujourd’hui même en banlieue de Dakar « à sensibiliser les élèves contre la tricherie aux examens scolaires ». 

On en est vraiment là, et pour de vrai ! 

On l’a tourné dans tous les sens, on n’arrive pas à comprendre pourquoi l’OFNAC inscrit dans son agenda une journée spéciale de sensibilisation des élèves contre la tricherie en milieu scolaire.  D’abord pourquoi ce thème-ci ?

Et même à supposer que la tricherie en milieu scolaire est devenue un fléau contre lequel il faut se dresser très tôt, avec vigueur et intransigeance : pourquoi ça doit intéresser l’OFNAC dont le dada, c’est la corruption et la concussion.

Bon c’est vrai, il y’a la fraude aussi dont s’occupe la si bien nommée Office Nationale de lutte contre la fraude et la Corruption. Mais circonscrire la fraude à la tricherie scolaire, c’est vraiment évoquer le menu fretin du problème qui mine la société et l’économie du pays.  

Il n’y a aucun parallèle qui peut exister entre la tricherie en milieu scolaire et la corruption par les gestionnaires de portefeuilles publics. Ce sont vraiment deux choses différentes.

Les tricheurs en milieu scolaire ne sont par essence les meilleurs élèves, sinon ils n’auraient pas senti le besoin de tricher pour réussir aux examens. Et voyez le profil des plus grands détourneurs de deniers publics, ils étaient rarement des cancres.

A LIRE  FINANCEMENT DE L’UEMOA : PROPOSITION POST-COVID

Et mis à part tout cela, pourquoi stigmatiser la banlieue comme le terreau fertile de la corruption, pardon de la fraude ou si vous suivez l’OFNAC, de la tricherie en milieu scolaire. Pourquoi c’est dans la paumée banlieue seulement qu’on va chercher ces spécimens.

Honnêtement la banlieue devrait éconduire la délégation de l’OFNAC.

Déjà cet office qui s’occupe de tout, sauf de ce dont elle doit s’occuper.

L’OFNAC rappelle lui-même dans un de ses spots promotionnels encore sur son site qu’il a le pouvoir de déclencher des enquêtes sur la base de son pouvoir d’auto saisine, ou à partir des plaintes et dénonciations. Fin de la promo.

Dans l’une des plus grandes institutions du pays, l’Assemblée nationale notamment, on n’a dépassé de loin le cadre de simples dénonciations anonymes : on est carrément dans des accusations, contre-accusations de faits constitutifs de délit de détournement de l’argent public et de crimes économiques, le tout sur fond de corruption et de concussion.

Qui a entendu l’OFNAC toussé ou hausser le menton, ou sa présidente ajuster son foulard : personne.

Alors, qu’on ne vienne pas nous endormir avec la nouvelle grande cause nationale de l’OFNAC : la tricherie en milieu scolaire.

Mais tout ceci procède finalement, avec d’autres éléments d’une tentative de banalisation de faits gravissimes, de faire croire finalement que tout se tient pour que rien ne nous lie à l’exigence de transparence.

Qui peut croire encore que l’instant de la session budgétaire en cours est un moment de gravité pour les ministres.

On ne vient plus à l’Assemblée pour défendre son budget, selon l’expression consacrée. On s’y présente pour le valider. Et vous pouvez détourner tout le budget qui vous est alloué, vous aurez le quitus pour demander encore plus d’argent l’année suivante.

A LIRE  « Bravo, félicitations à tous ceux et à toutes celles qui lui ont prêté main forte ! »

Bien sûr qu’il y’a encore de rares députés qui révisent leur gamme, mais le théâtre de la session budgétaire a déjà trop duré. Le peuple affamé et électrocuté méritait un bien meilleur sketch en cette fin d’année si morose et si durement éprouvé par la conjoncture imposée.

Demain, il fera jour, vivement 2020, vivement la fin de la session budgétaire.

La prochaine fois, donné le montant global du budget de l’État et qu’on le valide direct en one shoot, ça va être moins anxiogène pour tout le monde, et la pilule moins difficile à avaler. 







Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *