A écouter certains déballages de hautes personnalités (le qualificatif ne leur sied pas vraiment) et à suivre les débats inutiles qu’ils suscitent sur les plateaux de télévisions, il y a de quoi s’indigner. Une indignation d’autant plus grande et émouvante que les propos malveillants et malsains viennent de l’APR/Yakaar, principal parti au pouvoir.
Quelle once de respect Moustapha Cissé Lo, Yakham Mbaye, Farba Ngom et Serigne Mbacké Ndiaye ont-ils pour le peuple et pour tous ceux qui suivent l’actualité sénégalaise à travers le monde ? Prennent-ils conscience de l’opinion que les sénégalais se font d’eux ? Ont-ils seulement un peu de vergogne. A l’échelle des valeurs, leur reste-t-il un peu de dignité et de personnalité. Les sénégalais doivent-ils accepter d’être dirigés par des personnes qui font autant preuve de suffisance, d’arrogance, d’insolence, d’impudence, de psychosociopathie et de schizophrénie paranoïaque ? Méritent-ils vraiment les places qu’ils occupent ? Depuis Senghor des ministres et directeurs de société ont toujours été limogés. Sauf qu’en hommes d’Etat, ils savaient garder leur dignité et leur honorabilité. Ils partaient avec beaucoup de secrets d’Etat qu’ils ne divulguaient jamais. Ils étaient trop différents de ces assoiffés de pouvoir qui, telle une meute de charognards, s’arrache les restes du corps de l’Etat sénégalais.
Quelle honte ! Il est certes, possible de recycler des ordures ménagères. Il est même possible de transformer avantageusement des déchets plastiques. Mais, quand bien même la science parviendrait à recycler des déchets toxiques, jamais dans les relations internationales, des experts en insertion/réinsertion sociale, n’auront réussi la prouesse de recycler des déchets politiques. Ceux-ci sont irrécupérables et ne peuvent donc pas être recyclés. Il y a en effet, une exception à toute règle. Et dans l’art de gouverner la cité, les déchets politiques sont l’exception qui confirme la règle. Malheureusement au Sénégal où tout ou presque est pourriture et débat ordurier, nous n’avons que des déchets politiques qui font trop de bruit. Ils nous tympanisent et ne cessent de nous enquiquiner. Tout commence par la première alternance dévoyée qui avait fini d’institutionnaliser la transhumance politique. Wade et Idrissa Seck, pour des raisons politiciennes, n’ont jamais réussi à gouverner avec ceux qui les avaient pourtant aidés à accéder au pouvoir. Ce fut plutôt avec la pourriture du PS et toutes les saletés et les ordures dures de l’opposition qui gravitaient autour comme des sangsues du temps de sa splendeur, qu’ils ont gouverné.
Ce fut l’inauguration de l’ère de l’affaissement des valeurs morales. C’est sous Wade et Macky qu’on assista véritablement à la promotion de tout ce qui est contre-valeur. Quand un pouvoir confie de hautes responsabilités à des gens passés maitres dans l’art de la renonciation, du reniement, du mensonge d’Etat, et de la prostitution politique, son projet éducatif en sort malmené, biaisé, parasité, anéanti. l devient caduc et ne produit tout au plus que des déchets. On ne peut pas et on ne doit surtout pas s’entêter à offrir en exemple à des élèves et à toute une jeunesse des personnes qui souffrent d’incontinence verbale et qui passent tout leur temps à se crêper le chignon. Jamais on ne pourra non plus faire confiance à des parias, des infâmes, des hommes-caméléons.
Si le Sénégal était bien gouverné, on procèderait toujours en amont, par des enquêtes de moralité sur des personnalités ciblées, avant de les nommer à des postes de responsabilités, si l’on veut éviter la tragicomédie qui se joue sous nos yeux depuis bientôt deux décennies. Si nous avions un projet de société digne de ce nom, jamais des pervers narcissiques ne réussiraient à passer entre les mailles du filet pour se faire élire localement. Nous sommes, à y voir de près, non plus une vitrine démocratique en Afrique, mais une république bananière avec une démocratie banania pour emprunter les termes d’Alpha Blondy.
En conséquence, il nous faut voir la réalité en face. Or que voit-on vraiment ? Les saprophytes et éternelles sangsues de la république plombent déjà le dialogue national non seulement par leur peur phobique à perdre leurs privilèges indus mais aussi et surtout par leur funeste proposition de suppression de la limitation des mandats. Ils oublient malheureusement que les sénégalais ont déjà goûté à deux reprises aux délices de l’alternance politique. Voilà pourquoi, ils n’accepteront plus d’être dirigés par un président pendant vingt ou trente ans. Ils n’entendent point dévier de la règle des alternances politiques pacifiques, gage de paix et de stabilité. Aux Etats-Unis par exemple, un président, quelque soit ses réalisations et ses prouesses, ne fait que huit ans, s’il est réélu. Au Sénégal, il faut que la culture de l’alternance démocratique soit fortement ancrée dans nos mœurs politiques. Il faut aussi que les politiques, dans leur diversité, acceptent les règles du jeu démocratique. Ainsi, la règle de l’alternance pacifique doit être immuable à jamais. Pour cela, il appartient présentement au président Macky Sall, d’être un fervent et grand démocrate. N’est-il pas le président de tous les sénégalais ? Il lui faut absolument intégrer le cercle encore trop restreint des présidents qui font la fierté de l’Afrique, non pas par leur réalisations, mais plus par leur charisme, leur leadership fort et exemplaire. Aucun président ne pourra tout faire. Aucun et nulle part au monde. C’est pour cette raison qu’il lui faudra, en chef d’orchestre, dans le cadre du développement durable et de la continuité de l’Etat, jouer pleinement sa partition et, dans un chœur polyphonique, faire aussi jouer celles de tout l’orchestre de la meilleure manière possible. C’est la seule voie pour réussir une symphonie audible qui accroche tout le monde sur la planète-terre. En 2024, Macky Sall aura fait 12 ans au pouvoir. Autant que son mentor et prédécesseur.
Doit-il écouter les sirènes de ses partisans et courtisans qui ne comptent que sur lui pour s’accrocher à tout prix à leur poste ? Le danger d’un président n’est-il pas d’accorder une oreille plus fine et attentive à ses partisans courtisans qu’à son peuple ?
Le deuxième mandat du président Macky Sall ne doit-il pas plus servir à restaurer la démocratie, à assainir les mœurs et à lutter contre l’affaiblissement des institutions rudement malmenées par le comportement peu orthodoxe de ceux qui les incarnent ?Doit-il continuer à mettre plus l’accent sur les réalisations physiques que sur la construction du Vivre ensemble ? En termes de réalisations physiques qui aura fait mieux que lui ? Pourquoi ne doit il pas alors tenir enfin ses promesses et respecter sa parole donnée sur la gestion sobre et vertueuse, la patrie avant le parti, la justice sociale et l’équité territoriale, bref pour réussir une alchimie sociale, politique, culturelle et religieuse? Pourquoi ses vrais amis, les leaders d’opinion et les chefs religieux ne le lui rappelleraient-ils pas souvent pour un Sénégal prospère, influent et respecté par toutes les grandes nations ? Gagner ce respect et cette influence diplomatique ne passe-t-il pas par le façonnement des consciences, la reconstruction de l’Homo Sengalensis ?
Un sénégalais qui inspire plus confiance que méfiance, déviance et défiance. Un sénégalais pétri de qualités humaines, de vertus cardinales et morales. Un Sénégalais totalement libéré de l’esclavage de la culture de la saleté et plutôt ancré dans la culture de l’hygiène et de la salubrité autant physiques que mentales. Un sénégalais de la renaissance et du renouveau africain dans un brassage et métissage culturel universel ! Paix et joie au Sénégal et dans le monde entier !
Samuel Sene
Consultant-formateur Enseignant-chercheur