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Du Fcfa Vers L’eco, En Quelques Questions

Du Fcfa Vers L’eco, En Quelques Questions

Le 27 janvier 2016, je faisais paraître dans mon blog et dans le quotidien dakarois Le Soleil, un article à propos du franc CFA, que je concluais comme suit :  » La réforme est possible, elle est inévitable. Les pays de la Zone franc ont globalement des structures économiques saines, qui leur permettent de gérer en toute indépendance leurs monnaies tout en étant parmi les pays d’Afrique les plus performants et les plus attractifs. Une UEMOA réformée, une CEMAC réformée seront des unions économiques et monétaires ouvertes à d’autres pays, sans distinction d’histoire coloniale ; elles auront vocation à être les matrices d’éventuelles futures monnaies uniques régionales. Osons les réformes ! « 

Comme s’il faisait écho à mon propos, – bien sûr, ce n’était pas le cas -, le président Ouattara, président de la Conférence des chefs d’Etat de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), a annoncé le samedi 21 décembre 2019, la réforme du franc CFA, au nom des huit chefs d’Etats des pays membres de l’Union et en présence du chef de l’Etat du pays garant de la convertibilité illimitée du franc CFA. Cette déclaration a été suivie, le 23 décembre 2019, d’un communiqué de presse de la BCEAO signé par son Gouverneur.

En quoi consiste la réforme annoncée ?

La réforme, telle qu’elle a été annoncée, porte sur trois changements majeurs :

  • Le changement du nom de la monnaie Franc CFA en ECO ; toutefois, le communiqué de la BCEAO précise que le changement de nom se fera qu’au moment où les pays de l’UEMOA intégreront la nouvelle zone ECO de la CEDEAO ;
  • L’arrêt de la centralisation des réserves de change au Trésor français, la fermeture du compte d’opérations et le transfert à la BCEAO des ressources disponibles dans le compte ;
  • Le retrait de tous les représentants français siégeant dans les organes de décision et de gestion de l’UMOA (Conseil d’Administration de la BCEAO, Commission bancaire et Comité de Politique Monétaire).

Cependant, le communiqué de presse de la BCEAO précise que les plus hautes autorités de l’UEMOA ont souhaité conserver deux piliers clefs de la stabilité monétaire de la zone :

  • Le maintien du taux de change fixe par rapport à l’euro, qui assure la parité actuelle (1 EUR = 655,957 F CFA) ;
  • La garantie de convertibilité illimitée de la monnaie par la France.

Le changement de dénomination du franc CFA, l’arrêt de la centralisation de 50% des réserves de change des pays de l’UEMOA au Trésor français et la fin de la présence des représentants français dans les organes de décision et de gestion de l’Union Monétaire (Conseil d’Administration de la BCEAO, Commission bancaire et Comité de Politique Monétaire) étaient devenues des demandes politiques fortes d’une bonne partie de l’opinion publique des pays de l’UEMOA.

Quelle est la portée du changement de nom ?

Pour bon nombre de personnes dans les pays de l’UEMOA, le terme « franc CFA » porte le poids d’un péché originel, celui de sa naissance en 1945, au sortir de la seconde guerre mondiale. En ce moment-là, la dénomination Franc CFA signifiait  » Franc des Colonies françaises d’Afrique » ; puis en 1958, à la faveur de la création de la Communauté Française, elle est devenue « Franc de la Communauté Française d’Afrique » et ensuite en 1960, après les indépendances africaines « Franc de la Communauté Financière Africaine » en Afrique de l’Ouest et « Franc de la Coopération Financière en Afrique Centrale » en Afrique Centrale. Malgré ces changements et malgré les années passées, la dénomination « Franc CFA » rappelle toujours la période coloniale. Aussi, même s’il est de pure forme, même s’il est de l’ordre du symbole, et même si, pour les monnaies, comme pour les humains, l’homonymie n’implique pas forcément une relation de dépendance, comme l’attestent les dizaines de monnaies dans le monde, pourtant indépendantes les unes des autres, qui portent les noms de dollar, livre ou franc, le changement de nom était devenu nécessaire et inévitable ; nécessaire, compte tenu de la charge négative pour certains, que charrie le nom de franc CFA, du fait du relent de néocolonialisme qu’il dégage ; inévitable, parce que les pays de l’UEMOA devront intégrer prochainement la nouvelle zone ECO qui regroupera les quinze pays de la CEDEAO. L’UEMOA a même vocation, à mon avis, à en être la matrice, compte tenu de sa remarquable organisation et de sa réussite avérée, même si certains la contestent, plus pour des raisons politiques qu’économiques.

A la suite de l’annonce du président Ouattara, il avait été compris que le changement de nom se ferait en 2020, sans tenir compte du calendrier de l’ECO par la CEDEAO ; ç’aurait été le choix de la politique. Le communiqué de presse de la BCEAO indique clairement que le changement de nom se fera lorsque les pays de l’UEMOA intégreront la nouvelle zone ECO de la CEDEAO ; c’est le choix de la raison, parce que ç’aurait été un défi à la raison et au bon sens que d’engager en 2020 une opération de retrait des billets et pièces de franc CFA, pour les remplacer par des billets et pièces d’ECO fabriqués par l’UEMOA et les retirer, quelques mois ou années plus tard, pour les remplacer par des billets et pièces d’ECO fabriqués par la CEDEAO. Quel gâchis, ç’aurait été !

Quelle est la portée de l’arrêt de la centralisation de 50% des réserves de change au Trésor public français et, subséquemment, la fermeture du compte d’opération ?

La centralisation d’une partie des réserves de change (50% pour la BCEAO et la BEAC) auprès du Trésor français dans des comptes dénommés « comptes d’opérations » était jusqu’ici une des contreparties de la garantie de convertibilité illimitée accordée par le Trésor français. On peut estimer que c’était un des moyens voulus par la France, pour pouvoir apprécier l’évolution des réserves de change de l’UEMOA et le risque éventuel d‘appel de sa garantie. Comme une police d’assurance ordinaire, la garantie de la France est mise en place, mais aucune des parties prenantes (le garant et le demandeur de la garantie) ne souhaitent que les conditions de sa mise en œuvre se présentent. Dans la pratique, sur les soixante dernières années, elle n’a, semble-t-il, été mise en œuvre qu’une seule fois. En réalité, ce changement fortement demandée par une partie des opinions publiques africaines et finalement convenu entre le garant et les pays de l’UEMOA, n’a pas été le plus difficile à opérer compte tenu de :

  • La faible probabilité de la mise en œuvre de la garantie, si on se fie à ce qui s’est passé au cours des soixante dernières années ;
  • L’existence de nombreuses autres possibilités pour le garant de suivre la situation des réserves de change de l’UEMOA, en contrepartie de sa garantie illimitée, sans avoir besoin de leur domiciliation partielle au Trésor Public français ;

A mon sens, l’arrêt de la centralisation de 50% des réserves de change de l’UEMOA au Trésor public français est une bonne décision, parce que significative politiquement. Toutefois, elle est presque neutre économiquement. L’UEMOA, qui place déjà où bon lui semble la moitié de ses réserves de change, pourra le faire dorénavant pour la totalité. Mais, dans le contexte économique actuel, elle ne peut pas espérer obtenir la rémunération que lui donnait le Trésor Français (0,75% l’an), les banques centrales européennes payant aux banques déposantes des taux d’intérêt proches de zéro, voire négatifs.

Quelle est la portée du retrait des représentants de la France de tous les organes de décision et de gestion de l’UEMOA ?

La France, en tant que garant de la convertibilité du franc CFA, participait jusqu’ici aux instances de décision et de gestion de la BCEAO : elle disposait d’un siège au Conseil d’Administration, d’un au Comité de Politique Monétaire et d’un autre à la Commission bancaire au même titre que les Etats-membres.

Une partie des opinions publiques comprenaient de plus en plus mal la présence de la France dans les instances de décision et de gestion de l’UEOMA, pour quelque raison que ce soit. Cette présence était une des contreparties de la garantie donnée par la France, qui estimait nécessaire d’être là où se prennent les décisions pouvant mettre en jeu sa garantie. On ne peut pas le lui reprocher. Mais on ne peut pas non plus ne pas noter l’incongruité des sièges de la France dans les instances de décisions de l’UEMOA, en matière de banque et de finance.

Même si, à ma connaissance, les accords signés entre Romuald Wadagni, président du Conseil des Ministres de l’UEMOA, et Bruno Lemaire, ministre français de l’Économie et des Finances, ne sont pas encore publiés, on peut sans peine, imaginer que des dispositions d’information complète du garant y sont prévues. Aucun Etat ou aucune personne morale ne donnent une garantie sans être informés des décisions et de la gestion du demandeur de la garantie.

Selon moi, le retrait des représentants de la France de tous les organes de décision et de gestion de l’UEMOA est bon à tout point de vue, surtout politiquement.

Quelle est la portée du maintien de la parité avec l’euro et de la garantie de la France ?

Les autorités de l’UEMOA ont adopté momentanément la continuité à propos du maintien de la parité avec l’euro et de la garantie de la France ; ils l’ont aussi fait à propos de la liberté totale des transferts au sein de la Zone Franc et la détermination des règles communes de discipline macroéconomique ou critères de convergence. Au stade actuel, le choix de la continuité peut se comprendre, étant donné que la présente réforme n’a pas pour objet de refonder l’UEMOA, mais de préparer son intégration dans la nouvelle zone monétaire ECO et de répondre à des demandes politiques des opinions publiques africaines. Mais la réforme ne doit pas inquiéter les milieux économiques, les investisseurs et les épargnants et elle ne doit pas donner lieu à des anticipations qui pourrait nuire à la stabilité de la monnaie, entrainer une fuite des capitaux et provoquer une poussée inflationniste et une dégradation de l’activité économique.

Il semble évident que la question de la parité de la monnaie et celle de la garantie de la France, seront résolues au plus tard au moment de la création de l’ECO à quinze. A ce moment-là, prendra inévitablement fin la garantie de la France, parce que les pays de la future zone ECO ne voudront pas la demander et la France ne voudra pas la donner. La CEDEAO aura les moyens de défendre seule efficacement sa monnaie. Il faudra uniquement à ses membres de la rigueur dans la gestion de leurs économies nationales et de la discipline dans la gestion de leur monnaie unique.

Pour ce qui est du taux de change aussi, il reste fixe par rapport à l’euro, le temps de l’arrivée de l’ECO à quinze. L’ECO à quinze ne sera sans doute pas arrimé à l’euro comme l’est le franc CFA, ni à une autre seule monnaie. Le choix sera fait entre :

  • Un taux fixe arrimé à un panier de monnaies ;
  • Un taux partiellement flexible, fluctuant à l’intérieur d’un couloir de fluctuation, au maximum d’un pourcentage donné au-dessus ou en dessous d’un cours pivot fixé vis-à-vis d’un panier de devises ; si le cours a tendance à sortir de ce couloir par le haut ou par le bas, la banque centrale intervient pour le défendre en achetant ou en vendant sa devise, ce qui implique qu’elle dispose des réserves de change suffisantes ;
  • Un taux flexible, c’est-à-dire un taux déterminé librement par les mécanismes de l’offre et de la demande de l’ECO sur le marché des changes.

Dans tous les cas, avec l’ECO à quinze, les pays de l’UEMOA feront l’apprentissage de la gestion du taux de change d’une monnaie. Si la rigueur dans la gestion, la discipline monétaire et les performances économiques sont au rendez-vous, les cours iront là où veulent les amener les politiques monétaires de la Zone. S’ils ne sont pas au rendez-vous, les cours de la monnaie dégringoleront et les prix des biens importés grimperont jour après jour, mois après mois, scénario que connaissent l’immense majorité des pays voisins des pays de l’UEMOA ; scénario que connaissent beaucoup moins les pays de l’UEMOA. La valeur de la monnaie est un des meilleurs baromètres de l’état d’une économie. Elle n’a que faire de l’idéologie, des incantations et des imprécations.

Selon moi, le maintien momentané de la parité avec l’euro et celui de la garantie de la France sont de bonnes mesures, dans l’attente des décisions que prendront ensemble formellement les pays membres de la future zone ECO en matière de régime de change et, plus généralement, de politique monétaire.

La réforme de l’UEMOA est-elle une étape significative dans le processus de création de l’union monétaire à quinze ?

La réforme de l’UEMOA est en effet une étape significative dans le processus de création de l’union monétaire à quinze parce qu’elle a entamé la déconstruction des relations monétaires historiques entre la France et les pays de l’UEMOA, tout en rassurant les investisseurs et les épargnants. L’arrêt de la centralisation des réserves de change au Trésor français, la fermeture du compte d’opérations et le retrait de tous les représentants français des organes de décision et de gestion de l’UMOA (Conseil d’Administration de la BCEAO, Commission bancaire et Comité de Politique Monétaire) sont des étapes importantes de cette déconstruction. C’est aussi l’avis des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO exprimé lors de leur 56ème Conférence tenu le 21 décembre 2019 : « S’agissant du dossier de la monnaie unique de la CEDEAO, après avoir entendu l’exposé de son SEM Alassane Ouattara, président de la Conférence des chefs d’Etat et de Gouvernement de l’UEMOA, la Conférence des chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO a pris acte des transformations importantes en cours au niveau de la zone monétaire de l’UMOA. Cette réforme de la zone monétaire de l’UMOA facilitera son intégration dans la future zone monétaire de la CEDEAO (ECO). Les chefs d’Etat et de Gouvernement se sont félicités des évolutions de la zone monétaire de l’UMOA. »

La prochaine et dernière étape dans la déconstruction des relations monétaires historiques entre la France et les pays de l’UEMOA est l’arrêt de la garantie de convertibilité illimitée du franc CFA par la France, au plus tard à la création de la future zone monétaire de la CEDEAO. A mon avis, cette prochaine et dernière étape n’a pas été franchie immédiatement pour deux raisons :

  • Le sens des responsabilités amène les autorités de l’UEMOA à engager une déconstruction méthodique, organisée et consensuelle, qui ne brise pas soixante années d’intégration économique et régionale ; l’UEMOA, avec ou sans l’ECO à quinze, devra mettre en place le dispositif de substitution à la garantie de la France susceptible de rassurer les investisseurs et les épargnants, de ne pas entraîner la fuite des capitaux étrangers et locaux et le retour de l’inflation, car l’UEMOA n’a pas vocation à avoir, avec ou sans la France, une monnaie qui rapidement rejoint, dans l’échelle de valeur des monnaies, la cohorte de devises africaines qui ne brillent que par la dégradation continue de leurs taux de change. La monnaie de l’UEMOA, quelle qu’elle soit, à huit ou à quinze, doit rester une monnaie qui inspire confiance aux investisseurs étrangers et locaux et aux épargnants et qui protège le pouvoir d’achat des populations.
  • Le franchissement de cette dernière étape doit se faire au moment le plus opportun c’est-à-dire coordonné avec l’avancement des travaux de mise en place de la nouvelle monnaie régionale, l’ECO à quinze.

La réforme de l’UEMOA, allant dans le sens de l’abolition des liens monétaires entre la France et l’UEMOA peut faciliter que d’autres pays de la CEDEAO la rejoigne, si l’entrée en vigueur de l’ECO à quinze tardait à se concrétiser, d’autant que la Zone Monétaire Ouest-Africaine, fondée en 2000, regroupant la Gambie, le Ghana, la Guinée, le Libéria, le Nigeria et la Sierra Leone et qui avait vocation à converger avec l’UEMOA, n’a pas pu avancer d’un pouce. Cette approche n’est pas seulement une vue de l’esprit. En effet, une zone ECO regroupant un géant, le Nigeria, et une UEMOA de taille respectable serait plus équilibrée et plus facile à gérer dans l’intérêt de tous les pays. En revanche, une union monétaire entre le Nigeria puissant (65% du PIB de la CEDEAO et 52% de la population), l’UEMOA (21% du PIB de la CEDEAO et 33% de la population) et six autres Etats lilliputiens, ferait de l’ECO, un « Naira new look », comme il a été reproché à l’euro d’être un « deutsch mark new look ». La différence importante est que l’Allemagne était moins hégémonique en Europe que ne l’est le Nigéria en Afrique de l’ouest et elle avait, de surcroit, une des gestions économiques et monétaires les plus vertueuses d’Europe, ce qui est loin d’être le cas du Nigeria en Afrique. En matière monétaire, comme dans la vie de tous les jours, les vertus du grand-frère sont contagieuses, ses vices aussi. Alors, pourquoi ne pas imaginer une union entre deux zones monétaires, le Nigeria et une UEMOA à quatorze (35% du PIB de la CEDEAO et 48% de la population) ? elle apparaitrait moins déséquilibrée et aurait meilleure allure.

A quand la création de l’union monétaire à quinze et, donc, de l’ECO ?

Les chefs d’Etat de la CEDEAO ont fixé un objectif ambitieux et probablement irréaliste de création de l’ECO à quinze : 2020. Aujourd’hui l’espace CEDEAO compte huit monnaies et huit zones monétaires. Les huit monnaies sont l’escudo cap-verdien (CVE), le dalasi gambien (GMD), le cedi ghanéen (GHS), le franc guinéen (GNF), le dollar libérien (LRD), le naira nigérian, le leone Sierra-Léonais (SLL) et le franc CFA des huit pays de l’UEMOA (XOF). Créer une monnaie unique pour les 15 pays de la CEDEAO qui se substitue aux huit monnaies existantes demande un certain nombre de préalables et d’étapes, dont les plus importants sont :

  • La mise en place des traités et conventions régissant la nouvelle union monétaire et ses institutions, principalement la banque centrale et l’organe chargé de définir et de mettre en œuvre la politique monétaire ;
  • Le respect par les quinze pays des règles et mécanismes communs de discipline macroéconomique ;
  • L’uniformisation des textes régissant le secteur bancaire et le marché financier régional ;

Les pays membres de l’union monétaire devront dans les prochains mois ou prochaines années rédiger et signer le traité de l’union monétaire, dont les objectifs devront être clairement définis. Quels qu’ils soient, ils devront intégrer l’atteinte d’une croissance durable porteuse d’emplois, la maitrise de l’inflation, le soutien à l’intégration des différentes économies nationales, etc.

Ils devront également s’entendre sur des règles et mécanismes communs de discipline macroéconomique dont les critères de convergence constituent l’élément essentiel. Ces critères de convergence sont un ensemble de règles de discipline relatifs à des éléments essentiels de la politique économique tels que le déficit budgétaire, le taux d’inflation, le niveau d’endettement, le niveau des réserves de change. Ces règles sont arrêtées collectivement et sont destinées à promouvoir les bonnes pratiques en matière de gestion financière, à assurer la cohérence entre les politiques budgétaires nationales et à faciliter l’intégration économique entre les pays de l’union monétaire. Elles sont en général des valeurs minimales ou maximales que les pays membres de l’union monétaire s’obligent à ne pas dépasser car une union monétaire ne peut être efficace et viable que si les pays qu’elle réunit ont des politiques budgétaires et fiscales cohérentes entre elles et atteignent des performances économiques synchrones. Si ce n’est pas, l’union court sans aucun doute le risque de ne pas profiter à tous et de voler rapidement en éclats. La crise de la dette publique grecque en 2010 a montré de façon parlante à la fois les effets dévastateurs de performances économiques asynchrones, mais aussi les effets salvateurs de la forte solidarité dont une union économique et monétaire peut faire montre.

Ils devront aussi s’entendre sur le type de banque centrale qu’ils veulent avoir. Pour moi, la future banque centrale, une fois et mise en route, devra être indépendante à tous égards des pouvoirs politiques, comme le sont les banques centrales les plus performantes. Si la future banque centrale est assujettie aux pouvoirs politiques, comme c’est souvent le cas en Afrique, notamment à ceux des pays les plus puissants de l’union monétaire, alors elle n’ira pas loin. Il n’est pas inutile de rappeler les principales formes d’indépendance dont jouissent aujourd’hui les banques centrales sont l’indépendance institutionnelle, l’indépendance de son personnel, l’indépendance fonctionnelle et opérationnelle, l’indépendance financière et organisationnelle et l’indépendance juridique.

Les pays membres de l’union monétaire devront aussi tendre vers l’uniformisation ou au moins la mise en cohérence, entre les différents pays, des législations fiscales, des lois bancaires et des mécanismes de fonctionnement des marchés financiers. Construire une union monétaire est un exercice exigeant, au cours duquel la rigueur, l’expertise et la discipline doivent rester les lignes directrices.

Mamadou Sene est ancien Directeur Général de banques

www.mamadousene.net







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