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Fatimata Diallo & Bity Kebe, Lettres Jumelles

Professeures de Lettres, écrivaines, lectrices, féministes, dakaroises, mères de famille, amies voire complices, Bity Kebe & Fatimata Diallo présentent tous les traits de la gémellité littéraire. Un tandem au cœur d’une littérature nationale en quête de renouveau. Portrait croisé.

Au numéro 10 de VDN (Voie dégagée Nord) à Dakar, la façade du local de la maison d’édition l’Harmattan Sénégal est discrète. Sur l’auguste avenue qui fend la capitale en deux, on voit à peine les lettres vertes capitales orner la devanture sur une pâle peinture blanche. Au rez-de-chaussée, une fois le seuil franchi, le rayon des parutions récentes, les stocks de bouquins, un comptoir discret, donnent à la librairie des airs rustiques. Une fois dedans, on est saisi par la profusion et la vitalité productive de la littérature sénégalaise dont l’Harmattan Sénégal, non sans essuyer des critiques assassines, s’est fait le moteur et le catalyseur. Au premier étage, comme salle témoin de cette nouvelle vie des lettres nationales, une pièce où beaucoup de cérémonies de présentations de livres prennent place, comme cet après-midi d’avril 2019, où celle qui est l’affiche est une romancière qui vient d’offrir au public, un roman remarqué, Des cris sous la peau, publié aux éditions Presses Panafricaines en juin 2018. Fatimata Diallo Ba est presque noyée dans l’effervescence de son évènement, qui a rassemblé une partie du gotha des lettres locales : entre autres Pape Samba Kane écrivain, Kibili Demba Cissokho, journaliste culturel, Abdoulaye Diallo, docteur en littérature et boss de la maison Harmattan Sénégal, sont de la partie. Connaissances et anonymes garnissent aussi l’affluence. Dans le public, très endimanché, l’évènement ne manque pas de drainer une certaine solennité, et sur la scène ont déjà pris place les acteurs du jour qui doivent débattre du livre. Les choses se font en grand comme le veut la tradition des séances de lancement, au risque d’une atmosphère parfois un peu guindée. Un pupitre est dressé d’où le maître de cérémonie, à la manière d’une réunion politique, déroule le menu. Se succède ensuite série d’intervenants. Fatimata Diallo est en retrait. Sur son visage, la vedette du jour alterne des moues de pudeurs et de gratitude, habillée dans la majesté simple d’une tunique sénégalaise jaune et d’un foulard assorti. Elle scrute la salle, salue, congratule, du haut de ses 50 ans révolus, avec son visage sérieux où perce une joie notable.

Livres de femmes « empêchées »

Les avis sur ce livre ont été unanimes ou presque. Des échos de la rencontre le confirment, où on salue cette écriture visuelle, et la grande pondération dans la dénonciation de la condition des femmes. Des cris sous la peau est en effet un livre qui, sous de fausses apparences poétiques, glisse immanquablement dans l’abîme. On rencontre les tourments d’une « petite fille de 45 ans » qui tient la narration, le drame de sa cousine Arame, la rétrospection dans le drame fondateur, la pénétration presque surnaturelle avec un personnage venu des âges qui se nomme Saran. Tout à la fois féminin et féministe, le texte charrie une grande violence, même si – miracle – il ne tombe pas dans le précipice. L’écriture campe les paysages extérieurs comme intérieurs, dresse la psychologie des personnages, tous frappés par des malédictions indicibles. Roman de femmes, où les rares apparitions masculines sont minorées ou anonymes, il prend la société par le col, pour la forcer à voir comment la destruction des corps et des esprits peut être causée par le viol. Un traumatisme fil conducteur sourd, progressif et épilogue du livre. En période de procès de la domination masculine, l’art du récit fournit quelques pièces à convictions supplémentaires, dans une société conservatrice où la femme paye un double tribut, celui de la misère des corps et des âmes. L’intrigue est lente à être percée à jour, et tout au long des 150 pages ou presque, c’est le roman des vies volées. La violence sociale étouffée émerge comme un cri libérateur. La tentation est grande de dresser un parallèle entre cette « fille de 45 ans », et l’autrice d’une cinquantaine d’année. Elle balaie pourtant : « ce n’est pas elle, mais son avatar ». Des éléments biographiques ? « Oui », comme toujours. Mais ce qui a déclenché l’écriture de ce livre, qui a séduit jusqu’au jury du prix Les Afriques, où il a figuré sur la liste des sélectionnés, c’est un épisode récent, d’apologie du viol dont s’est rendu coupable un chroniqueur très écouté de la place dakaroise. Eprouvée par cette violence, la romancière agrège diverses expériences, pour expulser ce « cri » qui la démangeait.

Chez Presses panafricaines, maison canadienne fondée par des expatriés sénégalais, c’est comme si on s’était donné le mot. Quelques mois plus tôt, en janvier 2018, paraissait un autre ouvrage où on retrouve sinon les mêmes tonalités, au moins la même fibre du cri et le souci de l’esthétique. Mes vicissitudes, signé Bity Kebe, renoue avec un art poétique qui plante la plume dans le drame des amours contrariées, sans rien laisser des sentiments annexes, comme la gratitude, l’hommage, l’amitié. Le recueil de Bity Kebe, divisé en six parties, étend l’horizon de Fatimata Diallo et celui du roman. Dans ces tableaux dakarois, plane l’ombre de Baudelaire dont elle cite de mémoire les passages quand on pointe des affinités. Avec la souplesse des vers, l’incursion dans les calligrammes, une puissance de la simplicité coule le long des pages, où la pudeur et une certaine élégance viennent empêcher l’explosion finale. Au cœur du texte, la condition féminine, l’éloge de la femme, la thérapie face aux drames de la vie, tout se bouscule dans ces vers où le jeu avec la langue, marque une certaine maîtrise des petites subtilités linguistiques, au risque même de paraître parfois, scolaire. Bity Kebe a l’habitude des lettres, inculquées très tôt par un père comptable, avec une grande inclination littéraire et journalistique. Lire, elle en fait son hobby, sa routine, jusqu’à devenir une régulière de l’émission de TV Impressions de Sada Kane, où elle présente plusieurs ouvrages, ceux de Felwine Sarr notamment, dont elle admire l’œuvre. C’est sur cette scène, avec un visage calme qu’un ouragan ne saurait perturber, que le public sénégalais l’a découverte. Lectrice consciencieuse, elle entre dans les textes avec la minutie nécessaire et l’honneur de la restitution fidèle. Bity Kebe a des élans de grande royale, une pudeur naturelle, inculquée très jeune, un port et une tenue qui inspirent le respect. A 50 ans, la mère de 4 enfants cultive une élégance, celle de la mère sénégalaise marquée par le soin et la grande retenue. Toutes vertus que l’on retrouve dans son livre, au risque parfois d’être tenté, comme lecteur, par la frustration, tant l’on s’imagine, ce que pourrait donner plus d’audace.

Deux livres, accords et à cris

Lire ces deux ouvrages, à un intervalle rapproché, c’est expérimenter une télépathie peu commune, tant les deux livres paraissent avoir été écrit à quatre mains, par le même cœur et la même âme, comme en miroir dans des genres différents. Par leur âge, leurs affinités professionnelles – toutes deux sont professeurs de lettres à Dakar avec plus de 20 ans de métier – par leurs sujets, par une saisissante ressemblance physique et une amitié qui s’est déclarée sur le tard, comme par vocation, les deux femmes présentent tous les traits de la gémellité littéraire, qui dépasse le cadre de la simple intuition. Elles sont des ambassadrices des lettres sénégalaises actuelles, inscrites – à l’instar de Sokhna Benga – dans un calendrier national. Elles disent et perpétuent cette longue fibre présente dans la littérature sénégalaise, dont Mariama Ba fut l’une des pionnières et Fatou Diome, une autre réplique récente. A la tentation de dresser des filiations, les deux femmes ont deux réactions sensiblement différentes face à ces idoles devenues classiques. Bity Kebe a été, jeune lectrice, « choquée » par le Babob Fou de Ken Bugul, par sa liberté de ton, son impudeur, même si, elle a reconsidéré cette ancienne appréciation ; Fatimata Diallo elle, a été « surprise », mais adopte l’inclassable autrice dans ses références. Leurs tempéraments, même si Fatimata a eu la révolte précoce et encore tonique, font d’elles plutôt des héritières d’Aminata Sow Fall, dont la douceur et la componction toute bourgeoise ont créé un genre plus en phase avec l’image de sagesse maternelle. Elles s’en nourrissent, mais cultivent aussi, au milieu de la ressemblance, des trajectoires uniques. Le poids des contraintes, les conditionnements sociaux, pèsent de leur poids sur ces deux femmes mariées, tenues par une obligation de rassurer les inquisiteurs, et qui ne peuvent se permettre, au vu de ce pedigree, de s’autoriser les embardées d’une Ken Bugul ou d’une Fatou Diome chez qui, le cri avec forces et faiblesses mêlées, s’émancipe du qu’en dira-ton. Ce qui forge encore plus leur complicité, c’est que les deux femmes ont publié relativement tard, pour deux férues de lettres, lectrices précoces, qui citent volontiers Senghor et Victor Hugo dans leur panthéon commun. Si elles n’ont pas écrit plus tôt, peut-être la raison se trouve-t-elle dans des parcours atypiques, des contraintes conjugales. La conséquence elle, c’est que leurs livres portent le sceau de la maturité de l’âge mais aussi parfois celui de ses renonciations.

Jumelles précoces et tardives

C’est à Dakar, à la fin des années 60 que les deux femmes voient le jour. Fatimata grandit entre Liberté 5 et Baobab, deux quartiers dakarois. Scolarité sans secousses pour cette jeune fille brillante qui très tôt se révolte contre « l’assassinat des moutons pour la tabaski ». Expérience dont elle garde un souvenir précieux, comme l’annonce d’une vie de bienveillance au service des plus faibles. Cette fille d’enseignants fréquente tôt la bibliothèque, obtient son bac au Lycée Kennedy, une institution réputée de la capitale qui forme l’élite féminine. Elle enchaine avec une prépa en lettres à Poitiers. L’école normale supérieure se refuse à elle, elle est reçue toutefois au CAPES (Certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement du second degré) mais un imprévu se dresse sur son chemin : elle n’est pas française et ne peut être titularisée. Elle devient donc professeur contractuelle à l’académie de Paris, dans les prestigieux lycées comme Henry IV où elle enseigne les lettres, étudiées successivement, dans son cursus précédent, à la faculté de Poitiers et ensuite à la Sorbonne. En 99, elle obtient enfin cette nationalité et, bonne joueuse, repasse le CAPES qu’elle revalide, avant d’être affectée à Nanterre, dans les Hauts-de-Seine. Comme contractuelle ou titulaire, elle transmet son savoir pendant plus de 15 ans en France, avant de demander un détachement à Dakar où depuis 2007 elle fait le bonheur des élèves du lycée français Jean Mermoz de Dakar. Ce même lycée, où Bity Kebe fait aussi des piges en 2019, après un parcours bluffant de ressemblance avec celui de Fatimata.

C’est aussi à Dakar que la professeure de Lettres naît, dans la banlieue à Pikine. Elle grandit sous la protection et l’influence de sa grand-mère, quand ses parents vivent eux à HLM Guédiawaye. Elle fréquente l’école Pikine, ensuite le CEM Canada, et le lycée Limamou Laye. En 88, l’année blanche a raison de son Bac. Par un stratagème savant, grâce à une connaissance de la famille, elle finit, avec ses résultats brillants, au lycée Kennedy. Comme un écho primal, les deux femmes manquent à peine de se croiser dans l’institution pour filles. Bity Kebe poursuit en Lettres à Dakar à l’université Cheikh Anta Diop, après avoir hésité entre le Droit, l’Anglais et la Sociologie. Elle décroche sa maîtrise mais suit son mari en France. Son mentor Bassirou Dieng, homme de lettres, lui conseille alors de tenter l’ENS de Dakar. Elle a aussi en vue le métier de journaliste avec le CESTI en ligne de mire. Elle est enceinte pendant la période du concours auquel elle renonce donc, et c’est finalement l’ENS qui la reçoit dans un scénario digne d’un film loufoque : alors que son nom est dans la liste des admis, elle ne le découvre qu’un mois après la rentrée, informée par des amies. Elle en sort avec le CAEM (Certificat d’Aptitude à l’Enseignement moyen), enseigne 10 ans dans son ancien lycée Limamou Laye dans un retour prodigue. Mais la jeune femme se sent incomplète, elle repasse à l’ENS pour décrocher le CAES qui lui permet de monter en grade, soutient un mémoire de DEA. Elle postule ensuite à une thèse à laquelle elle doit partiellement renoncer, à l’affut des dispositions idoines pour réveiller cette ambition. Restée à Dakar, elle n’est pas enchantée par une affectation à Diourbel qui se profile, elle la refuse, risquant ainsi sa place et une radiation. C’est finalement par un savant arrangement qu’elle obtient gain de cause : elle enseigne au Lycée Blaise Diagne. Depuis 2018, elle est formatrice, n’a plus les craies en main, mais ne renonce pas. Elle a un livre à paraître, son deuxième, incessamment sou peu chez Presses Panafricaines.

On s’imagine bien la réaction alors de Bity Kebe, quand Fatimata Diallo lui a proposé d’enseigner à Jean Mermoz en 2019. Elles y travaillent toutes deux désormais, Bity Kebe encadre les élèves en difficulté dans un programme « Mieux réussir ».  Un signe ? Pour ces deux femmes, les signes sont se sont multipliés en réalité. C’est curieusement sur Facebook, très récemment, par post interposés, que les deux jumelles se sont mutuellement séduites. Fatimata admire alors « la précision des formules de Bity, et sa grande érudition sur les subtilités de la langue » ; Bity elle, « apprécie le don pour narrer les paysages » de Fatimata. Même virtuelle, l’amitié est scellée. Pour des jumelles, la vraie naissance est tardive, retardée seulement de cinquante années qui ont mûri une affection mutuelle. Elles ont fait leur entrée en littérature en même temps, chez le même éditeur, dans la même collection Soleil d’hiver, et continuent d’écrire cette histoire de la femme au cœur de la littérature, avec chacune une fibre qui fait écho en l’autre et surtout, un grand talent de plume. A Dakar, cette ressemblance commence à s’ébruiter de plus en plus, au-delà du trait physique. Leur regard sur la société sénégalaise est désenchanté mais elles confient leur espoir aux livres. Pourquoi écrire le cruel en le dépouillant, ce vernis d’une langue douce sur un épiderme malade ? Des cris sous la peau, l’image ne dit-elle pas le bâillonnement ? Fatimata plaide « l’intelligence des situations », la volonté de ne pas « heurter », de ne pas donner de la « matière pour les détracteurs de ne pas juger l’œuvre mais la personne ». Bity abonde dans le même sens, elle tient aux « liens de parenté, au tact », et recourt à cette anecdote sur ses frères qui avaient fait preuve de courage pour la protéger d’une agression contre des malfrats entre Niayes et Cambérène quand elle était jeune fille. La « franchise » et la « gratitude » en valeur cardinales, elle les partage avec Fatimata Diallo. Il y a chez elle, naturellement, « une mesure » jusque dans le regard à la fois magnétique et timide, qui n’est pas une fuite lâche, assure-t-elle. Elle parie sur la « force des écrits » pour sédimenter dans la société, dont toutes les deux fustigent le patriarcat.

Références classiques

A part les classiques français du 19e siècle qu’elles citent en chœur, les deux jeunes filles de 50 ans, citent volontiers des écrivains actuels comme lectures enrichissantes. Fatimata évoque Sami Tchak, singulier auteur togolais, même si elle n’a pas toujours aimé son œuvre, Mbougar Sarr et Khalil Diallo dont elle aime beaucoup l’écriture. Bity Kebe dit son admiration pour Felwine Sarr, Fatou Diome, Aminata Sow Fall… Les critiques de leurs livres ne sauraient manquer. Appréciations qui pourraient, légitimement, questionner l’ambition des deux textes dont l’écriture peut paraitre à certains « sirupeuse ». La littérature peut-elle frayer avec la volonté de maintenir certaines pudeurs, sans y perdre la force de son authenticité ? Le compromis n’est-il pas toujours au profit de l’ogre régnant ? Comment dire la vérité, sa vérité, si on doit faire une halte face au tribunal des élégances ? L’appréhension de la réaction du lectorat, ou des proches, n’est-elle pas signe d’autocensure ? La nuance est-elle un moyen temporaire ou l’horizon final, au risque d’être une sagesse de la démission ? Voilà autant de questions que les deux livres éludent partiellement tout en gardant une belle vigueur. Mais ils participent, mutatis mutandis, à l’édification de nouvelles lettres, avec leurs lieux, leurs temps forts, leur habitus, leurs thèmes forts inscrits au cœur du drame social, au cœur du pays et du continent. Fatimata Diallo s’est d’ailleurs un peu plus engagée dans la vulgarisation des activités littéraires d’une institution naissante, très volontariste, la CENE Littéraire. L’association, avec son prix Les Afriques, contribue au rayonnement des lettres africaines, sous la houlette de sa cheffe camerounaise, basée en Suisse, Flore Agnès Nda Zoa. Bity Kebe aide à faire infuser une tradition des livres, grâce à ses nouvelles fonctions et à sa présence à la télé comme chroniqueuse.

C’est sur le plan de la littérature, comme conscience du monde lointain et proche, qu’il s’agit de questionner ces deux livres qui en annoncent d’autres, pour les lire avec l’exigence, la critique, l’intransigeance, dont dépend toute véritable vie littéraire respectable. Au milieu de leur complicité, les deux jumelles divergent pourtant sur une question quand on les pousse dans leurs retranchements. Une question présente seulement en filigrane dans leurs livres : celle de la polygamie. Alors que la jeune génération s’accommode de plus en plus de la polygamie comme en attestent les statistiques affolantes de l’ANSD (Agence nationale de la statistique et de la démographie), les jeunes femmes n’y voyant pas une régression, les deux écrivaines disent elles, leur dégoût de ce fait patriarcal. Chacune cependant à sa manière, comme une métaphore de leur légère différence. Fatimata juge que la polygamie est « une trahison impardonnable » ; le jour où elle se présente dans son couple, elle y met fin déclare-t-elle. Pour Bity, la réaction est plus nuancée, « à son âge » dit-elle, son dégoût, bien que potentiellement réel, n’irait peut-être pas jusqu’à cette « extrémité ». C’est la seule éventualité de nature à séparer ces sœurs presque siamoises dans leurs conceptions. Peut-être un livre à quatre mains sur le sujet, un jour ? Quatre comme le chiffre maudit des droits maritaux de l’homme sur la femme…

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