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Les Rapports De La Cour Des Comptes… Et Après ?(guimba Konaté)

La cour des comptes a finalement remis au président de la République ses rapports des trois années d’investigations, d’enquêtes et de contrôle des structures publiques de l’Etat et de ses démembrements. ENFIN ! Diront les persifleurs qui se sont bruyamment émus des retards dans la publication de ces documents sur la gestion de nos deniers publics par ceux qui en ont eu la chance et l’opportunité de la charge.

On serait tenté de dire «  la Cour a publié ses rapports et ..après. »

En effet, les premiers jets qui nous sont parvenus par le truchement des journaux de la place, donnent une impression quasi généralisée de la mauvaise gestion, du vol ,de la prévarication et autres mauvaises pratiques délictuelles dans presque toutes les structures fouillées. Aucune ne trouve grâce aux yeux des inquisiteurs de la Cour.

A lire ces rapports et ceux des autres corps de contrôle que sont l’IGE, l’OFNAC ; l’IGF etc.. ils seraient TOUS DES VOLEURS comme l’a si rageusement titré un journal de la place.

Sans vouloir nier ces manquements et autres « jalgatis » dénoncés par des corps habilités en la matière , je ne peux pas ne pas m’émouvoir sur la manière de procéder. A savoir, publier des rapports qui ne sont qu’une liste interminable de malversations et autres fautes de gestion des responsables épinglés. Il est tout de même dommage de constater qu’aux yeux de nos structures de contrôle, il y’a comme une ligne de conduite qui demande à ne chercher que des VOLEURS. Aucun gestionnaire ne trouve grâce à leurs yeux. Pas de circonstances atténuantes, pas de contraintes d’aucune sorte et pire, aucun satisfecit décerné, RIEN que des suspicions, des soupçons, des accusations voire même des condamnations avant l’heure.

Et on jette à la vindicte publique des responsables, honorables pères de famille pour des faits qui ne sont presque jamais suivis de sanctions pour la simple et bonne raison qu’ils sont toujours niés et très souvent sans être faux, n’en ont pas moins été pour certains, exagérés et noircis à souhait.

Loin de moi l’idée de remettre en cause la déontologie chevillée au corps de ces organes de contrôle mais il me semble que la nature de notre société devrait commander un autre paradigme dans le rendu des rapports des corps de contrôle .

On pourrait par exemple, signaler à un responsable épinglé, ses fautes sous un rapport confidentiel et ne pas avoir besoin d’étaler publiquement les manquements constatés en les grossissant d’ailleurs très souvent.

Tels qu’ils sont rendus, les rapports de nos corps de contrôle donnent une image dégradante du Sénégal au niveau de la gestion de la chose publique . Et pourtant, nombre de responsables épinglés avec fracas par les corps de contrôle habilités, trouvent grâce dans des structures supra nationales ou internationales pour continuer tranquillement leur carrière professionnelle avec succès. Qu’est-ce à dire ?

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Simplement que souvent des responsables sont voués aux gémonies par les rapports des corps de contrôle et après recoupement, justifications et autres démentis, ils sont blanchis. Mais le mal est déjà fait. Car autant l’accusation avait été publique, autant la réhabilitation sera confidentielle. Et l’incriminé va traîner aux yeux de la populace, les traits infâmes du voleur institutionnel. Rien que pour cela, il serait raisonnable de revoir le schéma des rapports dont le côté show et people l’emporte très souvent sur le côté administratif et technique.

Dès lors, il me semble important de préserver autant que faire se peut, la dignité des personnes incriminées ou épinglées dans les rapports en faisant montre de délicatesse dans la présentation des faits et la rédaction des rapports de contrôle. Il ne s’agit nullement d’absoudre les fautifs mais simplement d’éviter de les livrer à la vindicte publique sous les traits de prédateurs financiers et autres qui vont salir à jamais leur nom. Même s’ils sont  réhabilités ou innocentés par la suite. Nous sommes en Afrique et particulièrement au Sénégal, le patronyme est sacré et personne ne souhaite voir son nom trainé dans la boue du déshonneur, de la médisance, de la méchanceté et très souvent du mensonge préfabriqué . Ah Oui, il y’en a qui en sont victimes.  La réflexion est ouverte.*

Il est très facile  d’accuser et de condamner sans juger des personnes prises en faute mais seuls chez qui gèrent font des erreurs, des fautes, des prévarications, des détournements. Ceux qui ne gèrent pas ou qui n’ont jamais géré sont mal placés pour les qualifier de malfrats et autres quolibets dégradants.

Ensuite, sans les absoudre, il faut reconnaître que nombre de responsables épinglés pour des faits de mauvaise gestion, n’avaient pas le profil de l’emploi. Car n’est pas DG qui veut. Mais tant que les nominations aux postes de haute responsabilité dépendent du pouvoir discrétionnaire du Prince, sans tenir compte des profils adéquats, il ne faut pas s’étonner de vivre tous ces scandales dénoncés à longueur de rapports et qui restent très souvent impunis. Et pour cause ! Les responsables incriminés pour la plupart d’entre eux, ont été nommés sur des bases partisanes et politiciennes. Le Président a besoin de récompenser ses militants qui lui ont permis d’accéder au pouvoir. Et comme Wade, pour placer ses hommes à lui, il fait fi des profils et surtout des enquêtes de moralité qui doivent être de rigueur, pour nommer ses affidés. « Le parti avant la Patrie ». Ceux là, une fois en place, lui sont redevables et ne se refusent rien pour d’une part, prendre leur revanche sur la vie qui ne leur a pas toujours été très favorable et  d’autre part, étoffer leur cercle d’affiliés en enrôlant à tour de bras des fidèles qui leur serviront de bétail politique  lors des joutes électorales à venir. L’un dans l’autre , ces « bienheureux » -tombés dans la cour des miracles par la grâce du décret présidentiel- s’en donnent à cœur joie avec les deniers à eux, confiés. N’ayant pas très souvent, la tête de l’emploi, ils ne se soucient pas d’aller se former pour acquérir les connaissances nécessaires au bon exercice de leur sacerdoce – ce qui leur était relativement facile au regard de leur nouvelle position sociale. Le management des hommes s’apprend. Le management tout simplement s’apprend. Il faut savoir dresser des perspectives, établir des programmes, comprendre et élaborer un budget etc…Tout cela s’apprend. Malheureusement nombre d’entre eux préfèreront surfer sur les vagues pour masquer leurs insuffisances et autres carences réelles dans le management des hommes en squattant des séminaires de villégiature dans des hôtels huppés pour suivre des bavardages inutiles sur des concepts ronflants genre « le Sénégal en 2030 : défis et perspectives » et autres one man  shows de consultants désœuvrés.

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Etre nommé par le Président de la république est une chance inouïe pour nombre d’entre eux qui n’auraient jamais seulement osé rêver de certaines positions sociales. Mais se former pour être à la hauteur de la mission confiée est une OBLIGATION que nombre d’entre eux refusent de faire par complexe. « Un DG ne va pas en classe quand même ! » se disent-ils du haut de leur suffisance. Et bonjour  les dégâts décriés dans les rapports de corps de contrôle.

L’autre aspect de la question c’est l’amour atavique du sénégalais pour le luxe, le lucre et la luxure qui fait que nombre de nos compatriotes, une fois nommés à certains postes de haut niveau s’empressent -on l’a déjà dit- de se « rattraper » sur leur vie miséreuse  de sénégalais lambda et se servent au-delà du raisonnable en ne se refusant rien. Bureaux luxueux, meublés avec goût, véhicule de service, véhicule de fonction et véhicule de famille soit au moins trois voitures pour eux seuls sans compter les missions innombrables, de longue durée et coûteuses qu’ils se donnent à longueur d’année. Sans oublier les libéralités à l’endroit des proches, des marabouts et autres militants politiques. Il est plus facile d’être généreux avec l’argent public, n’est ce pas ?Tout cela fait  que, une fois nommés c’est la bamboula à tout rompre pour certains d’entre-eux. Cette spirale de la prévarication et du détournement des deniers publics ne prendra jamais fin tant que persisteront les pratiques politiciennes qui président à la nomination aux hauts postes de responsabilité.au détriment de la vacance de poste mis en compétition totale et loyale et à la systématisation de l’enquête de moralité bien menée avant toute nomination finale.

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N’en déplaise aux enquêteurs et autres inquisiteurs, ils produiront toujours des rapports qui ne feront que les choux gras de la presse mais ne feront pas cesser ces pratiques dolosives qui caractérisent la gestion de la chose publique au Sénégal.

La cour des comptes pourra toujours continuer à compter, à décompter, à recompter. Ce sera  pour rendre compte ou pour faire des contes – c’est selon- mais jamais pour faire rendre des comptes sur les mécomptes constatés car le Président le veut ainsi.IL fait de la politique et a besoin de  protéger ses hommes qui lui sont utiles pour sa politique. Vous avez entendu sa réponse lapidaire à la réception des rapports de la Cour ? « Que ceux qui ont été cités dans les rapports prennent des mesures de correction » . La messe est dite. Il est donc illusoire voire incorrect  de lui demander comme le font avec rage certains, dépités par les scandales révélés,  de « lever le coude » ce qui en bon français signifie « boire plus que de raison, se saouler la gueule » mais le prier d’ENLEVER son coude sur les dossiers à lui, transmis pour que Justice soit rendue au nom du peuple du Sénégal.

Sur ce chapitre d’ailleurs et sans être dans le secret des Dieux, je demeure convaincu que nombre de responsables épinglés par les rapports d’inspection, ont eu à rendre gorge dans la confidentialité des procédures, sans tambour ni trompette préservant ainsi leur dignité humaine. Pour sûr.

C’est tout le mal qu’on peut leur souhaiter et cela est conforme à notre culture sociale.

DIEU nous garde et garde le Sénégal.

Guimba  KONATE

 

L’article Les rapports de la Cour des comptes… Et après ?(Guimba Konaté) .

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