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Mon Diademe Pour «les Emblemes Du Desir»

Un aveu d’abord : j’ai eu d’interminables nuits d’extases, ponctuées par des cogitations «érectiles» avec «Les emblèmes du désir». J’ai eu des désirs comme jamais inassouvis de lire et de relire ce recueil, nectar de mots, délices du verbe. Je me suis attardé, comme pour prolonger un bail de félicité, sur chaque poème qui se refuse à rompre le contrat de complicité que l’on a noué. Je n’ai pas rompu le bail avec ce recueil de chevet, mais il me fallait coucher et d’accoucher ces lignes, après de lentes et longues promenades à travers les méandres délicieuses des jeux de mots, des allitérations, des métaphores et autres figures de style qui peuplent si richement ce recueil de poèmes abouti, Victor Hugo dirait «obéi», de mon frangin et ami el Hadj Hamidou Kassé. Du poème d’ouverture en hommage à son père avec quelques senteurs du «dormeur du Val d’Arthur Rimbaud, l’enfant aux semelles du vent, à la dernière jouvence paradoxale qui invite «Dans le chaos… (à) continuer…», que de rencontres avec des pépites d’une langue si maîtrisée avec des mots si bien ciselés !

El Hadj, vous avez fait refluer dans les mémoires hélas si souvent poreuses à l’oubli, «le sol meurtri de Sangalkam», revécu les instants des épaisseurs tragiques ayant emporté Malick Bâ, épaisseurs tragiques auxquelles vous avez su pourtant donner des voluptés apaisantes en les enlaçant dans des vertus de «courage», de «dignité» et d’«intelligence» qui défient «le silence du monstre froid». Et puis à noël, vous avez encore fait surgir, en épistolier balzacien, «le tendre visage du Christ», en rallumant les étincelles d’une jeunesse debout. Toi aussi, tu es l’«enfant de noël» car tu sais, cher ami, que «demain c’est déjà le présent». Comme le printemps d’une lutte que tu évoques avec une délicate mais ferme écriture pour célébrer Mamadou Diop, le martyr du 23 juin et tous les martyrs des luttes émancipatrices.

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Pour dire l’éternité ? Pour faire survivre la grande espérance ? Tu vois, camarade, qu’il restera toujours dans les péripéties de la vie, les sédiments des combats inaltérables ! éternels. Que nulle silhouette ne pourrait ensevelir ! Quel régal de l’esprit que ces poèmes aux surprenantes alliances fallacieuses, aux images insolites enrobées dans la musicalité des mots qui figent parfois des fugacités dans l’ «eternité» ! Comme «Alizées solitaires», «Passage», «Ici et maintenant», «Dés-astre», «Ciel absent», «Ici», «Déshérence», «Ailleurs et Ici», «Justice», «hasard», «Injonction», «le poète», «Constellation», etc…

Aux calices de l’eternité, on peut encore boire et reboire avec avidité les scintillements de la langue parée «d’images, de symboles et de rythmes» comme dans «occultation» où l’auteur veut «être ce néant qui passe… sur la piste de (sa) présence», «Cette voix», «écho des élégies de minuit…», mais qui sait pourtant par le «Lexique» que «le veilleur de nuit et guetteur des mots ne se satisfait pas des parallèles», car «il attend le mot dans l’insurrection du réel…un lexique défait, une nouveauté à nommer…» J’ai été littéralement envoûté, subjugué et sublimé par la dernière partie «Variations», constellée de poèmes qui ondulent sur un ancrage, on dirait obsessionnel, à la terre natale pour laquelle el Hadj Kassé éprouve «un amour presque tyrannique». Je me suis laissé emporter par ses brèves odyssées oniriques, bercé par «le mouvement des songes», leur «clameur», leurs «mélodies», leur «rythme surréel». Mais «Variations», ce sont aussi ces invariables lieux de mémoire : Dakar, Gorée, ngor, les Almadies, Saint-Louis.

Et les lieux d’enracinement, ce royaume d’enfance comme Mogo et ses «Mogolaises», mais ces beaux esprits revisités avec subtilité, monstres sacrés de la poésie noire comme Senghor, Aimé Césaire, du roman comme Cheikh Hamidou Kane et Abdoulaye Sadji, de l’art comme Mambéty Djibril Diop et Issa Samb, de la musique comme bird Parker, Duke Armstrong. «Variations», c’est aussi la fidélité, non pas à un amour, mais à des amours de cœur et de raison, avec des moments d’oasis goulûment savourés au milieu des tempêtes existentielles : Rella, Salimata, Djalika, Fama… J’ai refusé longtemps de fermer ce recueil de poèmes que Kassé a voulu clore par un seul thème, «Courage», comprenant un seul poème : «Dans le chaos, continuer… ».

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Un courageux hymne à la persévérance, en dépit des vacillements de l’éthique, des idylles promises remises en cause, des «grondements sinistres» d’un «monde sans monde…Sans peuple…Sans vie ». Malgré tout, en «écho sonore» et en «travailleur de la raison pour faire bien vivre», tu prônes le courage… «De «continuer… Pour goûter à la réinvention festive Des idylles à venir». Tout un hymne à l’optimisme ! Un beau diadème que «Les emblèmes du désir» ; «Les emblèmes du désir», Poèmes (1911-201) par El Hadj KASSE,  

Les Editions Maguilen. Mars 2019

Par Soro DIOP







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