Depuis quelques semaines et en grande partie grâce aux mouvements de jeunesse patriotiques (FRAPP/France Dégage, Y’en à Marre, Nittou Deug, Gilets Rouges…), à la coalition Jotna de Sonko, à la CRD et à d’autres partis et mouvements, des changements qualitatifs sont observables sur la scène politique nationale.
Hormis les détentions arbitraires de manifestants aussi pacifiques qu’intrépides, il y a les longues et héroïques journées d’émeutes des pêcheurs de Mbour et de Saint-Louis, les protestations des populations de Tobène contre le projet d’extension des ICS, les grèves des secteurs de l’Éducation et de la Santé… qui témoignent de la détermination croissante des couches populaires à s’opposer aux mesures arbitraires qu’on veut leur imposer.
Dans le même temps, le mouvement de refus contre la hausse du prix de l’électricité, Ño lankk, initié par la société civile gagne en ampleur et en profondeur, à tel point que le pouvoir apériste serait bien inspiré de lui accorder tout le sérieux qu’il mérite, au risque de le voir envahir le centre-ville, comme un certain 23 juin 2011.
Par ailleurs, les organisations de défense des droits de l’Homme s’insurgent contre les atteintes aux libertés et la persécution inqualifiable dont est victime Guy Marius Sagna. Le Forum civil, quant à lui, se révolte contre la corruption endémique, qui gangrène l’administration sénégalaise et exige – entre autres – la renégociation du contrat de l’autoroute à péage.
Tout semble donc indiquer, que ce deuxième mandat du président Macky Sall sera très différent du premier, au cours duquel, il avait adopté une gouvernance tyrannique, confisquant les libertés publiques tout en envoyant en prison, pour des motifs aussi fallacieux les uns que les autres, plusieurs responsables du PDS et autres dissidents du Parti Socialiste.
De plus, usant du procédé méprisable de la transhumance, il s’était évertué à débaucher, jusqu’à la veille de la présidentielle de 2019, nombre de ses adversaires politiques, renforçant ainsi sa méga-coalition grégaire et unanimiste.
Mais depuis sa réélection frauduleuse en février 2019, les choses ont changé.
Chaque jour qui passe démontre un peu plus, au peuple sénégalais, la duplicité et le manque de scrupules de ceux qui nous gouvernent.
Premièrement, toutes les mesures antisociales préconisées par les officines financières internationales et qui avaient été gelées, pour des raisons électoralistes, sont en train d’être mises en œuvre.
Deuxièmement, l’opinion se rend compte que, depuis le coup de semonce des élections locales de 2014, les ténors de la coalition Benno Bokk Yakaar avaient institué une sorte de black-out sur toutes les informations sensibles. Ils se voient maintenant rattrapés par plusieurs scandales, dont ceux contenus dans les rapports compromettants de la Cour des comptes, qu’ils ont été forcés de rendre publics et qui ont fini d’enterrer le mythe de la gestion sobre et vertueuse.
Les politiciens de la majorité, furieux d’avoir été démasqués, cherchent à discréditer d’honorables patriotes, qui depuis des décennies font preuve de constance dans leurs rôles de sentinelles vigilantes de la bonne gouvernance et d’infatigables lanceurs d’alerte, en les présentant comme des maîtres chanteurs qu’ils sont loin d’être.
Pour dégager toute cette poussière et ces saletés que le président Macky Sall et ses courtisans de gauche et de droite avaient cachées sous le tapis et certainement pour faire diversion, on veut nous embrigader dans des soi-disant « cleaning days » qui, malheureusement, s’avèrent être de grand-messes politiciennes, orchestrées par les responsables politiques de la coalition au pouvoir, dans lesquelles on réussit parfois à enrôler – par réquisition, chantage moral ou corruption – des membres de l’administration territoriale ou des fonctionnaires craintifs.
En vérité, pour renforcer nos institutions, le pouvoir actuel doit aller au-delà de ces initiatives de set-setal, qui s’apparentent à des opérations cosmétiques superficielles. Notre organisme politique ou système politique a plutôt besoin de « cleansing days », c’est à dire de purification et de refondation, telles qu’elles avaient été énoncées par les Assises Nationales et la Commission Nationale de Réforme des Institutions.