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Il Y A Huit Ans, Macky Sall Entamait Sa ChevauchÉe ConquÉrante

Il Y A Huit Ans, Macky Sall Entamait Sa ChevauchÉe ConquÉrante

Il ya huit (8) ans, jour pour jour, le 9 février 2012, le candidat Macky Sall démarrait sa campagne électorale. Le démarrage officiel de la campagne de l’élection présidentielle de cette année-là s’était fait le 6 février. Mais le Mouvement du 23 Juin ayant appelé au départ de Wade dont il récusait la validité de sa candidature, de larges forces de l’opposition avaient déserté la campagne pour des manifestations organisées à la Place de l’Indépendance. Macky Sall, lui, s’en remettant à l’arbitrage des électeurs, avait choisi d’aller à la rencontre des populations.

Le texte ci-après, signé et publié par Abou Abel Thiam à l’époque, est celui d’un témoin-acteur ayant vécu les événements de l’intérieur, aux côtés de Macky Sall. Sa reproduction vise à replonger les lecteurs dans des souvenirs, souvenirs…

Dans sa conquête du Sénégal démarrée le 9 février, la longue chenille faite de véhicules aux couleurs de l’Alliance Pour la République renvoie à l’image d’un jeu de quilles : comme les boules, les localités tombent, une à une. De charme. Parti de Touba, où il a reçu les bénédictions du Khalife Général de la confrérie Mouride, Macky Sall plonge dans le Ferlo. Cette immensité de désolation, le candidat de la coalition Macky 2012 la connaît bien, pour y avoir séjourné durant ses tournées d’implantation et de promotion de son parti politique ; il y a passé des nuits, dans des cases en toits de chaume, mangé les mets locaux, serré des milliers de mains calleuses, foulé le sol rugueux…

Ranérou, petite bourgade érigée en département, perdue dans un No Man’s Land, exposée aux vents chauds et souffrant de déficits en toutes infrastructures, étale ses attentes et espoirs au candidat. Ici, l’on est en pays peul, ce qui se manifeste dans le port des hommes, tous enturbannés mais aussi dans la beauté aquiline et longiligne des femmes à l’allure altière

Dahra annonce la couleur

Les promesses non tenues du régime Wade relèvent de tous domaines. En réponse, Macky Sall expose les grandes lignes de la Voie du Développement (Yoonu Yokute)… Cap sur Dahra, en traversant à toute vitesse

Linguère, ville chargée d’histoire. Le décor ne change pas, les formules sont les mêmes, les manifestations d’engagement auprès du candidat sont identiques. A l’approche de Dahra, les grosses 4X4 Toyota affichent leur boulimie en carburant. Elles sont guettées par la panne sèche. En ces lieux, si le gas-oil se trouve sans grande peine, il n’en est pas de même pour l’essence. Il a fallu moult astuces pour en trouver, et éviter ainsi l’immobilisation de la caravane. L’affluence, elle, a évolué. Parce que plus populeuse, la ville de Dahra a mobilisé des milliers de personnes acquises à la cause du candidat.

Des échos parviennent de Dakar, faisant état d’une immense mobilisation qui attend Macky Sall à Louga. Une autre information fait noter qu’un guet-apens est tendu par les adversaires à l’entrée de cette ville. Les pressions amicales se font nombreuses et insistantes au téléphone : elles demandent à ce que l’on hâte le pas, pour arriver à temps dans la capitale du Ndjambour. Hélas, l’état des pistes, les routes qui ne sont que des successions de trous, mais aussi le retard pris au départ de Dakar, se conjuguent pour rendre difficile le respect du timing. L’on prend conscience que rien de vraiment important n’a été réalisé en ces lieux depuis Bouna Alboury Ndiaye, avec ses puits et le rail Louga Linguère chantés par des générations de généalogistes.

La chevauchée fantastique de la caravane du candidat ayant l’étalon comme emblème multiplie les efforts, mais les destriers de fer et d’acier ne parviendront à Louga qu’à 4 heures du matin. Les responsables locaux sont inconsolables. La délégation est reçue à la richissime demeure de feu Djily Mbaye. La belle résidence ressent l’avancée inéluctable du temps, mais aussi le manque d’initiatives de l’Etat qui n’a pas su s’impliquer pour la sauvegarde de ce monument national. Pas le temps de dormir, juste de se reposer un peu… et c’est reparti, pour la cavalcade.

Une mesure est prise : le meeting de Louga est reporté au 22 février. Au départ de la ville, pour soigner les déceptions, Macky Sall, debout dans sa décapotable, sillonne les rues de la cité, où les populations affluent de tous bords pour venir à sa rencontre. Une image : cette jeune femme, un bébé accroché au flanc, de la mousse de savon aux mains, accourue pour faire un joyeux signe de la main au convoi. Visiblement, elle était en train de faire de linge, tâche qu’elle a entrecoupée pour manifester son choix. Décidément, personne ne veut être en reste.

Fourbus mais ragaillardis par l’accueil populaire, les membres de la délégation reprennent la route, à la rencontre de citoyens dépositaires de la souveraineté, ceux sur qui Macky Sall compte pour gagner et faire respecter le choix de la majorité.

Kébémer, ville natale du vieux président sortant, n’est pas en reste dans l’enthousiasme à dénoncer les promesses non tenues, et dans l’espoir placé en Macky Sall.

Les nervis de Ndjombors détalent comme des lapins

Saggata a été une étape marquante. Mal inspirés, des nervis accompagnant une députée locale du PDS sont postés à l’entrée de cette localité, devant les locaux de la brigade de gendarmerie. Selon les informations fournies par nos partisans, ils tentent depuis ce matin de les intimider, pour les empêcher de se rendre au meeting de l’APR. A quelques dizaines de mètres des nervis, le convoi s’arrête pour permettre la mise en place de notre dispositif de sécurité. L’accrochage ne durera que quelques minutes à peine. Les gros bras du PDS, le parti de Ndjombor, détalent comme des lapins à travers bosquets et broussailles, devant la riposte des éléments de sécurité du convoi, nombreux, déterminés et courageux.

De même que le combat de rue était déséquilibré, la balance de la situation politique locale l’était tout aussi : Saggata était quasi unanime dans son soutien à Macky Sall. Après cet épisode « guerrier », il fallait bien une plongée dans la spiritualité. Alors bonjour Dahrou Mousty, cité religieuse dont le khalife, trouvé dans son lieu de retraite, insiste pour que le candidat aille prier à Beyti, le mausolée de Mame Thierno Birahim Mbacké. Le vœu semble exaucé, puisqu’à peine la prière terminée, Macky Sall enregistre, à la sortie d’un mausolée, le ralliement d’un chef religieux influent dans la contrée.

Après cette immersion dans un fief ardent du mouridisme, cap sur la plus française des villes sénégalaises. La cité qui avait envoyé ses cahiers de doléances à l’Assemblée constituante de la Métropole coloniale en 1789 ne pouvait faire les choses comme tout le monde. Elle a une réputation à sauvegarder, puisqu’il existe bien un Saint-Louis way of life inimitable. C’est pourquoi, en lieu et place des traditionnels meetings, la vieille ville opte pour une procession colorée, genre fanal, à travers ses rues au cadastre en damier parfait. La caravane charrie les populations, à l’image du fleuve, le convoi progresse et grossit, gonfle et gronde de décibels, éructe des vivats…

Il plonge dans le quartier de Pikine, se fait reptile pour serpenter dans les ruelles étroites, se découvre fauve par ses rugissements libérés, faisant vibrer les murs des vieilles maisons décaties et en mal de restauration. « Yaakaar djékhoul » annonce Macky Sall entre les envolées lyriques de Abou Djouba Deh, les couplets gawlo de Doudou Ndiaye Mbengue et les rimes de sagesse de Souleymane Faye qui ont, chacun, dédié un tube au candidat Macky Sall. La nuit agonise, avec elle déclinent les forces des membres du convoi, le froid des vents croisés du fleuve et de la mer mord les peaux, la fatigue déclupe la faim. Il est minuit, l’on peine à sortir de la ville des eaux, qui nous happe de son manteau de teranga.

Après moult péripéties et tiraillements entre responsables locaux, le calme revenu semblant avoir épaissi la nuit, l’on finit par une halte à la permanence du parti. Puis cap sur le delta du fleuve. L’on sort de Ndar pied au plancher, les chauffeurs font rugir les bolides dont le vrombissement des moteurs effraie quelques bêtes à la recherche de pitance en ces lieux de grande production de riz et d’oignon en souffrance faute de bonne politique de commercialisation. On progresse vers le nord. En bifurquant pour aller vers Richard-Toll l’on tombe sur les émissaires de la ville frontalière qu’est Rosso qui s’étranglent de rage de ne pourvoir faire dévier la caravane vers leur localité. C’est que la nuit est bientôt finie, et grand est le retard pris sur le calendrier des meetings et manifestations. En termes de courage, les populations de Richard-Toll ont remporté la palme au regard de la rudesse du froid, l’ampleur du retard accusé sur l’heure du meeting et le caractère tardif de l’arrivée la caravane. Mobilisés depuis 16 heures, elles ont attendu le convoi jusqu’à son arrivée, à deux heures du matin, sous un froid glacial. La ville ouvrière s’est parée de ses atours de fête pour chanter son candidat. Le meeting se tient vers la sortie de la ville, et réunit une immense foule venue des nombreux villages et hameaux aux alentours. Puisant dans son programme Yoonu Yokute, le candidat Macky Sall étale ses propositions de solutions. A quatre heures du matin, le convoi reprend la route, cahin-caha.

Les phares illuminent Dagana, la capitale du Walo, qui se prépare à sortir du sommeil nocturne. Pas le temps de s’éterniser. L’on entre dans Ndioum au petit matin. Deux heures pour souffler, les populations de la ville assaillent le gîte d’étape qui nous a servi de motel. La capitale de Lao Demba Macina Toro si joliment chantée par Baba Maal tient le premier meeting du Fouta. Le succès populaire est éclatant. Le temps presse, le programme de la journée est démentiel. Les localités sont proches les unes des autres, bordant la longue route, quelques fois distantes d’à peine 2 kilomètres. Chacune tient à recevoir le candidat Macky Sall pour lui manifester son engagement, pour ensuite l’accompagner au meeting régional de Matam. L’on avance, avance… Le temps, lui, s’écoule à un rythme plus rapide que la progression du convoi qui ralentit parce que grossi un peu plus après chaque étape, chaque hameau, chaque village.

Le plus difficile est de comparer les mobilisations, le caractère coloré, la force des engagements et l’originalité de l’accueil. Mais un fait historique est là, manifeste et indéniable : jamais les populations du Fouta n’avaient réservé un accueil aussi populaire et enthousiaste à un opposant. Les lignes ont bougé, le contexte est nouveau, la conscience citoyenne a évolué. La contrée, tenue à bout de bras par les émigrés, a déjà reçu plusieurs fois Macky Sall, notamment lors des tournées d’implantation de son parti, et à l’occasion des élections locales de 2009. Ici, un fait s’impose à qui sait observer : les résidents sont majoritairement des femmes, des vieux et des jeunes. Les hommes se sont expatriés.

Aéré Lao, Galloya, Oréfondé, les gros bourgs se ressemblent : foules joyeuses en marron-beige, les couleurs de l’APR, des responsables se distinguent par leurs casquettes à l’effigie de Macky Sall qui détonnent sur leurs caftans et grands boubous en tissu bazin.

La constellation des Agnam a fait le plein. Ici les scores sont partis pour être élevés en faveur du candidat. La procession grossit, à 100 km de là, Matam se fait impatiente et le manifeste par des coups de fil nerveux. Les régions traditionnelles du Lao et du Bossea dépassées, l’on est maintenant dans le Nguénar, après Thilogne la ville chargée d’histoire. On est quasiment dans l’hystérie. Bokidiawé, la cité des Soninkés, et les Doumga ne sont pas en reste…c’est toute la région qui affiche son adhésion derrière le candidat Macky Sall. Nabadji, puis Boinadji, et nous voilà à Ourosogui.

La grande ville carrefour, la plus populeuse de la zone, accueille comme il se doit le convoi qui ne fait pas moins de 80 véhicules maintenant, sirènes hurlantes, feux scintillants et occupants joyeux quoique fourbus. L’on bifurque pour prendre la bretelle d’accès à Matam, ville comptoir fluviale. Les deux ponts à l’entrée de la ville ne tiennent que par miracle. Pendant une bonne partie de l’année, les camions ne peuvent plus accéder à la ville tellement la route y menant est défectueuse. « Si René Caillé revenait à Matam, il ne se perdrait pas » avait dit, par boutade, l’alors opposant Abdoulaye Wade de passage dans la ville. Force remarque : depuis cette saillie, après douze ans de pouvoir de son auteur, le Pape du Sopi, rien n’a changé non plus. Le meeting de Matam est le premier tenu à peu près à l’heure prévue, après quatre jours de campagne électorale. C’est l’apothéose : des milliers de personnes, venues d’elles-mêmes, scandent le nom de leur candidat et raillent le président sortant.

Envolées de Yéla

Dans le Damga, c’est Kanel qui a l’honneur d’accueillir le grand meeting. L’organisation est impeccable, la foule nombreuse et les engagements fortement exprimés. De Ogo à Wendou Bosseabe, de Sinthiou Garba à Banadji et Orkodjéré, partout c’est la même ferveur militante. Waoundé, l’une des plus grandes cités soninkés, a, elle, aussi, fait le plein. Nous voilà à Bakel. Depuis Bondji, sa frontière sud, nous sommes sortis du territoire traditionnel du Fouta. Nous entrons dans les contrées du Guidimakha, du Gadiaga et du Boundou. D’envoutantes envolées du Yela accueillent Macky Sall qui n’est pas insensible à ces airs. A l’instar de Matam et Podor, comptoirs fluviaux importants du temps de la colonisation, à l’époque de la splendeur du Bou El Mogdad, Bakel est comme restée figée dans l’Histoire. La délégation éprouve toutes les peines du monde pour se loger, du fait du déficit de réceptifs. Comme presque partout, le grand meeting se tient en pleine nuit. Le Niani place la barre très haut L’on croyait avoir atteint le sommet, mais le meilleur restait à venir.

De mémoire de Tambacoundois, jamais cette ville n’avait connu pareille affluence pour un homme politique. C’est toute une ville qui s’est mobilisée, au point que, pour la première fois, des responsables de l’Apr se sont affrontés pour des questions de leadership. La capitale du Niani a choisi son camp : si les fleurs de la mobilisation se traduisent par des fruits électoraux, Macky Sall s’est retrouvé un nouveau fief à l’image de Fatick qui l’a vu naître et du Fouta de ses parents. En fait, c’est le pays entier qui s’exprime à travers ces régions. réplique forte du Fouladou Dans la délégation, la question qui traversait tous les véhicules était de savoir qui de Tamba ou de Kolda allait remporter la palme.

La capitale du Fouladou ne se laisse pas damer le pion. Depuis Richard Toll l’argileuse, le Fouta des épineux, Tamba et sa savane boisée, et maintenant Kolda à l’orée de la forêt, seule la végétation a changé, le teint des populations et leur allure physique. La mobilisation populaire, elle, est la même, les doléances quasiment identiques. Sur la route de Kédougou, les haltes sont nombreuses. Celle de Dialoncoto (sous le cailcédrat, en langue locale) est sympathique, avec des groupes de danseurs firdous, mais aussi cette pancarte dont l’écriteau indique que les hommes de son âge invitent Me Wade à les retrouver à la mosquée.

En s’enfonçant dans le parc de Niokolo Koba, l’on ne peut s’empêcher de s’émouvoir d’apprendre qu’il est placé sur la liste des patrimoines mondiaux en péril par les organisations internationales. Et ce péril, au vrai, ne guette pas que les animaux, mais aussi les hommes abandonnés à eux-mêmes. Les membres de la délégation qui découvrent cette partie du pays sont frappés par l’extrême indigence qui frappe un si grand nombre de gens. Kédougou aussi a mobilisé, à l’échelle de sa démographie. Ici aussi, le cri de cœur qui traverse le Sénégal se fait entendre. « Na dem ! » dit-on, à l’adresse du candidat sortant. Demain, la procession va remonter du sud, remonter par le centre, et irradier dans tout le reste du pays.

Abou Abel THIAM







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