Le Parti Démocratique Sénégalais (PDS), du temps de sa superbe, a fatigué et empêché de dormir, le président Abdou Diouf et le régime socialiste. Ce PDS-là, du bel temps du SOPI, a su toujours combiner et conjuguer au plus que parfait, entre l’art politicien érigé en sagesse politique de Me Wade et le verbe, le bagout et l’audace d’un certain Idy (Idrissa Seck). Quand Me Wade parlait en vrai pédagogue et dialoguait en bon homo-senegalensis avec les masses populaires, Idy parlait aux lettrés et aux partenaires au développement du Sénégal, avec un verbe incisif et piquant. Idy s’interroge et nous interroge. Si bien qu’en 2000, le fruit était mûr et le président Abdou Diouf et le régime socialiste, tombèrent de leur lourde chute. Me Wade et Idy, se complétaient si harmonieusement au point que le talent et le culot de l’un (Idy) était indissociable à l’art et à la sagesse politique de l’autre (Me Wade). Et vice versa. Au point que l’un ne pouvait pas aller sans l’autre. L’autre ne pouvait pas aller sans l’un. Et c’est quand ils se sont séparés, qu’ils ont perdus tous les deux et ils se sont perdus, tous les deux. Si la politique était littérature, on aurait pu dire qu’Idy est poésie et Me Wade, est prose. Et faire la campagne électorale (être dans l’opposition), c’est faire de la poésie mais gouverner (être au pouvoir), c’est faire de la prose. Mais ça, Me Wade et Idy, c’est maintenant de l’histoire contemporaine…
Sonko Ousmane, »the Great debater »
Depuis, c’est Ousmane Sonko qui occupe l’espace. Sonko Ousmane, semble être face et contre Macky, ce que le duo-tandem, Me Wade-Idy, étaient face et contre le président Abdou Diouf et le régime socialiste. Ce qui manque à Sonko Ousmane et que Idy avait, c’est ‘’ce père politicien’’, c’est ce ‘’sage politique’’; si rusé, si expérimenté et si imbu de culture populaire et paysanne sénégalaises, à l’image d’un certain Me Wade. Un Me Wade dont sa fine connaissance de la société sénégalaise, n’a d’égal qu’à la justesse de sa parole enivrante et de sa pédagogie qui sied qui la soutenait. Et avec lesquelles, paroles et pédagogie, Me Wade parlait au peuple et aux masses populaires. Te parle. Nous parle. Et vous parle.
Sonko Ousmane est plus technique, plus technocratique que politicien. Idy est un magicien du verbe. Sonko est un athlète des chiffres et des lettres, un ‘’Great debater’’. Idy avait et s’appuyait sur Me Wade. Sonko s’inspire de Mamadou Dia et s’appuie sur la diaspora et sur une bonne frange des hauts cadres et cadres intermédiaires de l’administration publique. C’est l’un des points faibles de Sonko, dont le discours parle plus aux lettrés et aux sachants plus qu’aux masses populaires et paysannes. Même si les mouvements sociaux contestataires, jouent en la faveur de Sonko Ousmane devenu la principale figure de l’opposition, il faut aussi noter que ces mouvements sociaux contestataires, sont comme à l’image d’un corps social qui disposerait de ses deux mains, de son ventre et de ses pieds, mais à qui, il manque sa tête et son cou.
Du »silence-bavard » de Idy
Ceux qui s’étonnent du ‘’silence-bavard’’ de Idy, oublient peut-être qu’il ne peut qu’en être ainsi. Car, Idy n’est plus Idy sans Me Wade. Et Me Wade n’est plus Me Wade sans Idy. Idy, amputé de Me Wade, devient Idrissa Seck de Rewmi. Et Me Wade, amputé de Idy, devient Abdoulaye Wade. Et ça, une autre affaire…..
C’est aussi, »l’absence » de Idy et de Me Wade, pour enrichir le débat politique, qui explique quelque part, que le champ et l’espace politico-médiatique, a baissé de rythme, d’intensité et de niveau dans l’ordre du discours et dans le niveau de langage. L’espace politico-médiatique, n’est plus occupé, nourri et traversé par les tensions nerveuses positives et par la surenchère idéologique et philosophique et par la narration discursive et analytique que nous avions connu dans les années 90-2000. La belle époque.
Siré Sy est président du Think Tank Africa WorldWide Group